Chapitre 72 : Le dernier Voyage du Capitaine

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Beryl ignorait depuis combien de temps elle et ses amis, Auri'ak, Sera et Erika, étaient entrés dans cette dimension. Cela semblait être à la fois une seconde et une éternité. Mais ils avaient longuement marché.

Ils étaient allés bien plus loin que lorsqu'elle et Sera étaient venues chercher Auri'ak. Le paysage avait changé, et avec lui, le danger.

Si dans la partie qu'ils avaient exploré jusqu'ici le seul danger venait des flammes, plus ils s'enfonçaient dans les entrailles de cette étrange dimension, plus la dimension elle-même semblait vouloir les empêcher de progresser.

À présent, les quatre amis faisaient face à une marée de créatures en tout genre. Ils étaient encerclés et ne pouvaient progresser. L'assaut incessant les épuisait et ils ne tiendraient pas beaucoup plus longtemps s'ils ne trouvaient pas une solution au problème.

Coups de griffes, coups de crocs, magies de sang et de corruption, l'étreinte monstrueuse ne semblait pas manquer de ressources pour attaquer les compagnons d'infortune.

Beryl serra les mâchoires. Il fallait une solution, et vite. Si elle pouvait palier aux différents poisons des créatures grâce à sa Sève d'Yggdrasil, elle ne pouvait rien contre la corruption qui semblait vouloir gagner du terrain. Ils avaient une mission à accomplir, ils ne pouvaient pas se permettre de traînasser au milieu d'une foule monstrueuse à s'épuiser alors que bien d'autres obstacles leur barreraient probablement la route.

Erika semblait en être venue à la même conclusion que Beryl.

- On n'arrivera à rien comme ça !, s'écria-t-elle en déclenchant une énième détonation de ses armes

- T'as un meilleur plan ?, grinça Sera en encaissant un coup de griffe particulièrement vicieux.

Le Joker soupira. L'action l'épuiserait probablement, mais elle n'avait pas vraiment le choix.

- Je m'en occupe, annonça-t-elle à l'équipe.

Mettant de la distance entre elle et ses adversaires, elle invoqua son aura. Elle visualisa un navire, copie conforme du Grain de Sable, et s'attela à le matérialiser. Sous les pieds des quatre amis, le pont du bâtiment apparut et, comme sortant de terre, le navire leur fit prendre de la hauteur. Le visage crispé de fatigue et de concentration, la respiration lourde, Beryl tissa le galion en un temps record, mais cela lui coûta beaucoup plus d'énergie qu'en temps normal.

Les quatre compagnons d'infortune étaient à présent hors de portée de la masse monstrueuse, mais si le reste du groupe pouvait souffler, ce n'était pas le cas de Beryl. En effet, les assauts des créatures continuaient, sur la coque du navire, et la Créatrice devait donc maintenir en permanence sa concentration pour renforcer et réparer les dégâts qu'ils infligeaient.

- Oh... Bien joué, Beryl, soupira Auri'ak essoufflé.

Le Joker s'accrocha à un cordage pour jeter un regard inquiet par-dessus bord. Les créatures redoublaient d'acharnement, et même si Beryl était bien rodée dans sa magie aurique, elle ne tiendrait pas longtemps les assauts monstrueux.

Elle réfléchissait à toute vitesse. Il fallait que le bateau s'éloigne, mais la masse suivrait probablement le navire. Il fallait donc les occuper pour s'assurer qu'ils restent concentrés ici pendant que le galion s'éloignait.

- Beryl, tout va bien ?, demanda Erika

Le Capitaine murmura quelque chose d'inaudible, sous le regard curieux de ses trois compagnons.

- Qu'est-ce que tu attends ?, questionna Sera, Fais-nous avancer, ou ils vont comprendre comment monter à bord !

La voix de l'ancienne As n'était, pour une fois, pas emplie de mépris ou d'agacement. Mais seulement d'inquiétude. Le Joker eut un sourire triste et plongea son regard dans celui de ses compagnons. Il était bon de voir qu'après tout ce temps, Sera pouvait lui parler normalement.

J'aurais vraiment aimé en profiter plus longtemps...

Oui, le Capitaine en était parfaitement consciente : Ils ne pourraient pas s'en sortir tous ensemble. Quelqu'un devait rester derrière. Et elle savait pertinemment qui ce devait être.

Avec un regard pétillant à la fois de remords, de regrets, de détermination et de tristesse, Beryl déclara.

- Mourir doit être une sacrément belle aventure...

Sans laisser le temps à ses compagnons de comprendre toute la portée de cet adieu, elle desserra son étreinte autour du cordage, se laissant basculer par-dessus bord.

Dans sa chute, elle envoya une puissante bourrasque gonfler les voiles du navire. Celui-ci s'éloigna à pleine vitesse tandis que Beryl atterrissait sur ses pieds, au milieu de la masse monstrueuse.

- Très bien, lâcha-t-elle à l'intention de la mer de monstres, À nous.

D'une explosion de flammes auriques, la demoiselle fit le ménage autour d'elle et fit apparaître un espadon dans ses mains. Elle savait qu'elle ne pourrait esquiver les coups qui viendraient à elle. Alors sa stratégie était maintenant de faire le plus de ménage possible avant de s'effondrer.

Prenant sa forme draconique humanoïde pour la dureté de sa peau, sa force augmentée et les balayages qu'offraient sa puissante queue, la demoiselle s'élança à l'assaut de l'océan de griffes et de crocs.

Le navire avait déjà disparu de son champ de vision mais la mer de monstres s'étendait à perte de vue. La demoiselle ne pouvait qu'offrir une dernière danse, un dernier spectacle à cet Univers. Elle le savait : cette fois, pas de trompe-la-mort, pas de solution de dernier secours, pas de porte de sortie.

Chaque coup qui s'abattait semblait marteler jusqu'à son âme, de douleur et de regrets. De remords et de colère. Elle repensa à ceux qu'elle laissait derrière et ceux pour qui elle se battait. Elle repensa à ses soeurs, à Auri'ak. À Erika et Adaen. Elle repensa à Thynam et à Nasha. À Neven et à Jerem. Elle repensa à chaque personne qui travaillait pour cette mission. Pour la mission d'Auriak.

Beryl eut un sourire amer.

Je ne te le pardonnerai pas si tu échoues, Auri'ak.

By Beryl Sand

Welcome to Secret Academy (En cours de Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant