J'étais allongée sur le canapé à écouter une émission de radio, Alistair sur mon ventre, lorsque la porte d'entrée s'ouvrit et qu'Aurel entra dans l'appartement. J'avais passé mon après-midi à essayer de rassembler mon courage afin de lui parler quant à sa présence chez moi.
— Coucou, ma puce, t'as eu une bonne journée ? m'interrogea-t-il en m'embrassant sur le front.
Je haussai des épaules sans même prendre la peine de me relever.
— Les filles sont venues, aujourd'hui ?
— T'étais au courant ? lui demandai-je en retour.
— Et ben... elles m'en avaient parlé, oui.
— Est-ce que ce ne serait pas toi qui leur aurais réclamé de venir, plutôt ?
— Je ne vois pas ce que tu veux dire.
Aurel mentait très mal. J'entendais dans l'intonation de sa voix qu'il ne me disait pas la vérité.
En tendant l'oreille, j'arrivai à suivre son parcours : il plaça son sac sur la table à manger, enleva ses chaussures et alla se laver les mains dans la cuisine. Quand il revint, il s'assit dans le fauteuil.
— Et de quoi vous avez parlé, alors ?
— Aurel... arrête, m'agaçai-je.
— Mais qu'est-ce qu'il y a ? J'ai le droit de te poser des questions sur ta journée, non ? C'est ce qu'on fait quand on est en couple et qu'on vit ensemble, non ?
Je me redressai d'un coup, virant Alistair par la même.
— Justement. Ce serait bien qu'on en parle.
— Parler de quoi ? s'étonna-t-il.
— On n'a jamais décidé que tu emménagerais chez moi. Je t'ai dit que je trouvais ça trop soudain et pourtant, ça va faire dix jours que tu dors ici, tous les soirs !
— Mais, Elia... tu ne peux pas rester toute seule dans ton appartement.
— Je me débrouille très bien la journée, quand tu n'es pas là, fis-je remarquer.
— Ce n'est pas pareil, je te prépare à manger pour le midi, je m'occupe de faire le ménage, je vais faire des courses...
— Et je ne t'ai jamais demandé de faire tout ça pour moi, l'interrompis-je. Je te remercie d'avoir été là les premiers jours, je ne veux pas être ingrate. Mais, vivre ensemble : ce n'était pas prévu au programme. Et ça ne me va pas. J'ai le droit à une aide à domicile, qu'on vienne faire le ménage pour moi, je peux très bien faire appel à ça.
— Que tu deviennes aveugle n'était pas prévu non plus, Elia, argumenta-t-il.
— Que veux-tu que je te dise ? m'exaspérai-je. Je ne souhaite pas qu'on vive ensemble ! C'est trop tôt et pas pour la bonne raison, c'est tout.
— Je veux être là pour toi et te soutenir, ce n'en est pas une assez bonne ?
— Aurel, arrête, me plaignis-je. J'ai l'impression d'étouffer... je n'en peux plus.
— Mais, Elia, je t'aime. C'est normal que je veuille être là pour toi.
J'en restai muette. Je ne me doutais pas un seul instant qu'Aurel en était là dans notre relation. Ce n'était pas du tout mon cas. Mon cœur battait à vive allure sous ma poitrine. Qu'est-ce que je pouvais répondre à ça ?
— Je sais pas quoi dire, finis-je par murmurer.
— Ne t'en fais pas, ton silence a parlé pour toi.

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DALL
ParanormalQuand elle se réveille à l'hôpital, Elia découvre qu'elle a perdu la vue. Elle ne se souvient de rien. La dernière chose dont elle est sûre est qu'elle était allée se coucher dans son lit, après une soirée un peu arrosée. Ses nuits sont bercées du...