Chapitre 16

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Nous étions enfin le jour J. Celui où, peut-être, je retrouverais ma vue. J'avais passé beaucoup de temps sans Reed, celui-ci devant s'absenter à plusieurs reprises. Il m'avait prévenue qu'il devait se préparer en vue de la cérémonie et pour moi, il aurait pu me laisser seule des journées entières que je ne lui en aurais pas voulu, si cela me permettait au final de récupérer mon sens perdu. Il avait trouvé un cromlech où nous pourrions nous rendre et je lui avais demandé comment il avait fait, mais il avait refusé de répondre, arguant qu'il y avait des choses qu'il ne pouvait pas me dire. 

Alors, c'est le grand jour ?

Mmh ?

J'étais assise au bar de Niall, en train d'avaler un petit-déjeuner, comme ces derniers jours.

Le grand jour ! Celui de ton rendez-vous avec ce spécialiste qui pourrait t'aider à ne plus être aveugle !

— Oui... on y est.

— T'as pas l'air plus enthousiaste que ça, remarqua-t-il.

C'est pas ça, c'est juste que...

Je ne finis pas ma phrase, perdue dans mes pensées. Je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre. Cela faisait une semaine que j'espérais que ce soit enfin le moment, mais maintenant que nous y étions, j'avais peur. Peur de l'échec. Peur de me retrouver coincée dans les limbes à jamais. Peur de rentrer chez moi en devant m'avouer vaincue.

N'angoisse pas trop. Je connais Reed depuis pas mal de temps, maintenant. Et je dois reconnaître qu'il a toujours les bons plans. S'il pense que cette personne peut t'aider, c'est qu'il y a de fortes chances que ça soit le cas.

Je souris vaguement, incapable de me montrer réellement joyeuse. J'étais une boule de stress, il m'était impossible de me détendre.

Espérons que ce soit vrai.

L'avant-veille, il était parti tôt le matin, afin de faire le trajet qui nous mènerait jusqu'au cromlech. Il m'avait dit vouloir anticiper un maximum d'imprévus, étant donné que je ne verrais pas où je mettrais les pieds. Je priais de toutes mes forces pour que ça ne soit pas le cas au retour.

Tiens, quand on parle du loup, murmura Niall.

Au bruit d'une porte qui se refermait, je me redressai sur ma chaise haute, le cœur battant.

Quelque chose de lourd posé sur le comptoir. Le son strident des pieds d'un siège tiré pour s'asseoir dessus.

— Prête ?

J'acquiesçai silencieusement.

— Ça va bien se passer, t'en fais pas, tenta-t-il de me rassurer.

— Tout est prêt ? m'enquis-je auprès de lui.

Il posa une main sur la mienne, la serra et je répondis à ce geste en retour.

En anglais ! Combien de fois il va falloir que je vous le dise ! râla Niall.

Je poussai un soupir, mais il réussit tout de même à me soutirer un sourire.

On ferait mieux de ne pas traîner, on a pas mal de routes, m'informa Reed.

— On y va en voiture ? m'étonnai-je.

Pas le choix, rit-il.

Je me levai, m'agrippant au bar et cherchai mon sac à dos que j'avais préparé tant bien que mal la veille. Reed attrapa ma main et m'aida à la glisser sous son bras.

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