C'était un cauchemar. C'était un foutu cauchemar, ça ne pouvait être autrement. Comment la situation avait-elle pu déraper à ce point ? Pourquoi avait-il agi comme si je ne représentais rien pour lui ?
J'avais été littéralement jetée dans une pièce contenant un lit, une cheminée ainsi qu'une table sur laquelle été déposée une bassine et une cruche d'eau.
Donc, je n'avais même pas le droit à une salle de bain ?
Je me dirigeai vers la fenêtre et tentai de l'ouvrir, mais celle-ci me résista et je ne pus rien en faire. J'allai ensuite vers la porte, mais celle-ci resta irrémédiablement fermée, même si je lui intimai le contraire. Quelqu'un avait dû lancer un sort pour que je ne puisse pas sortir. Ce qui ne me laissait que la cheminée comme issue de secours, mais étrangement, je préférais ne pas tenter ma chance.
De rage, j'attrapai la table et en reversai son contenu, puis arrachai les draps du lit pour tout mettre par terre.
Il ne s'était pas retourné. Il ne m'avait pas adressé un regard et ça me faisait si mal. J'agrippai mon pull entre mes mains et sanglotai, me laissant tomber en position fœtale sur le sol. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait et j'avais peur de ce qui pourrait arriver.
*
J'avais fini par m'endormir, allongée par terre, et fus réveillée en sursaut en me faisant arroser par de l'eau glacée.
— Debout ! Le seigneur veut te voir.
Devant moi se tenait une sorcière qui me regardait avec dédain. Elle ricana en me voyant essayer de me relever et ne fit rien pour m'aider. J'étais trempée jusqu'aux os et la température de la chambre n'était pas très élevée, je me mis vite à trembler de tout mon être.
— Aoghan n'aime pas attendre. Dépêche-toi.
Je poussai un soupir et la suivis, tandis qu'elle sortait de la pièce. Dans le couloir, nous croisâmes plusieurs filles qui me regardèrent toutes comme si j'étais enduit de bouse de vache. Lorsque nous arrivâmes dans la grande salle, mes dents claquaient les unes contre les autres, tant j'avais froid. Au loin, j'aperçus un feu de cheminée qui crépitait et je mourrais d'envie d'aller m'y réchauffer. Mais la sorcière qui m'accompagnait me poussa en avant, m'incitant ainsi à me rapprocher de « son seigneur ».
— Comment t'appelles-tu ? m'interrogea-t-il avec un sourire narquois.
Je décidai de ne pas répondre, me contentant de le fixer sans broncher. Mais une vive douleur m'obligea à m'agenouiller et je retins difficilement mes larmes.
— Quand je te parle, tu me réponds, cingla l'homme assis en face de moi.
Je fus forcée à relever la tête, sûrement grâce à sa magie et ne put détourner le regard. Je ne contrôlais plus mon corps et je détestais cela.
— Maintenant, tu vas me dire comment tu t'appelles, bien gentiment.
Je me mordis la joue, ne voulant pas lui donner la satisfaction de craquer aussi facilement. Il était peut-être le seigneur de toutes ces sorcières, mais il ne représentait rien pour moi, je n'avais pas à lui obéir. Voyant que je lui tenais tête, son regard se fit plus sombre et mon bras se tordit alors dans une position qu'il n'aurait pas dû pouvoir adopter. Je ne pus retenir un cri de s'échapper de ma gorge et m'effondrai au sol, avec une épaule sûrement disloquée.
— Tu te rendras vite compte qu'ici, tu n'es pas la plus forte. N'essaie pas de jouer à la plus maligne, j'en ai brisé bien d'autres avant toi.

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DALL
FantastiqueQuand elle se réveille à l'hôpital, Elia découvre qu'elle a perdu la vue. Elle ne se souvient de rien. La dernière chose dont elle est sûre est qu'elle était allée se coucher dans son lit, après une soirée un peu arrosée. Ses nuits sont bercées du...