Chapitre 8

473 59 67
                                    

Le lendemain, Camille s'était occupée d'appeler la sécurité sociale pour moi pour mettre en place une aide à domicile qui viendrait faire le ménage dans mon appartement. Ils l'avaient redirigée vers la Maison Départementale des Personnes Handicapées et obtenir une aide était apparemment moins facile que ce que j'imaginais. Pour le moment, une commission devait statuer sur mes droits et décider ce qu'ils pouvaient appliquer ou pas pour moi. Je pensais qu'être aveugle était un assez bon argument, mais visiblement pas.

Cela faisait donc plusieurs jours maintenant que je me débrouillais toute seule. Camille passait chez moi dès qu'elle le pouvait pour m'aider, en attendant qu'on m'affecte quelqu'un qui pourrait le faire. Je n'aimais pas spécialement l'idée qu'un inconnu vienne chez moi comme ça, de façon régulière. J'avais toujours su m'arranger toute seule et devoir compter sur les autres, ça m'agaçait beaucoup.

J'essayais aussi de me remettre au travail et d'apprivoiser mon ordinateur grâce à un logiciel de lecture d'écran. Ce n'était pas chose facile, mais je commençais petit à petit à saisir comment m'y prendre.

Mon interphone retentit, me faisant sursauter. Je me levai de mon bureau pour traverser mon appartement et atteindre l'entrée, sans cogner le moindre meuble.

— Oui ?

— Mademoiselle Maltais ? Je suis l'inspecteur Bernard, en charge de l'enquête vous concernant. J'aurais besoin de vous parler, est- ce que je peux monter ?

— Euh... oui. C'est au troisième étage, porte de gauche.

J'appuyai sur l'interrupteur pour actionner l'ouverture de la porte de l'immeuble et attendit qu'il soit là, le trac au ventre. Pourquoi venait-il ? Il m'avait interrogée avant que je ne reparte de l'hôpital, mais je lui avais dit que je n'avais aucun souvenir de ce qu'il s'était passé.

L'ascenseur qui arriva à l'étage, un bruit de métal, des pas dans le hall.

— Bonjour, mademoiselle Maltais, merci de nous recevoir, s'annonça l'inspecteur.

— Nous ? lui demandai-je intriguée.

— Mon co-équipier m'accompagne, nous ne sommes que tous les deux.

— Ah, d'accord.

Je me reculai pour les laisser entrer et avançai doucement vers mon salon.

— Est-ce que vous voulez quelque chose à boire ?

— Non, merci. Nous n'allons pas rester longtemps.

Je fus soulagée de sa réponse. J'avais proposé par politesse, mais me voyait mal leur préparer un café.

Je trouvai mon fauteuil et m'assis dedans, attendant que l'inspecteur s'exprime.

— Comment allez-vous, mademoiselle Maltais ?

— J'ai connu mieux, rétorquai-je en haussant les épaules.

— Avez-vous quelques souvenirs qui vous sont revenus de cette nuit-là ? m'interrogea son co-équipier.

— Croyez-moi bien que si c'était le cas, je vous aurais déjà contactés... leur fis-je remarquer.

— Alors, rien ? Rien du tout ? insista-t-il.

— Non, vraiment rien.

Mais que voulaient-ils, à la fin ? Je ne comprenais pas. Un soupir, quelqu'un qui bougea pour croiser ses jambes.

— Malheureusement, mademoiselle Maltais, nous n'avons rien concernant votre affaire. Pas le moindre indice. Vous ne vous souvenez de rien, il n'y a aucun témoin. Vous avez été retrouvée plusieurs heures après les évènements. Il n'y a pas de signe de coups ou de blessures, rien qui ne puisse nous laisser affirmer qu'il s'agit bien d'une agression. Alors, si vraiment vous ne vous souvenez de rien, malheureusement, nous nous voyons dans l'obligation de fermer l'enquête.

DALLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant