Il ne restait plus que quelques jours avant la fameuse cérémonie durant laquelle Reed comptait éliminer Aoghan. Nous avions réussi, jusque-là, à continuer de donner le change face au seigneur du clan. Chaque soir, nous faisions comme si nous ne pouvions pas nous supporter, puis une fois que nous nous retrouvions dans ma chambre, nous pouvions redevenir nous-mêmes et nous aimer en toute quiétude, avant que Reed ne quitte la chambre pour retourner dans la sienne. Ensuite, nous passions une partie de la journée avec Hazel, dans le monde des esprits et des fées. Ma sœur me manquait, mes amis me manquaient et j'avais vraiment hâte de pouvoir retourner chez moi et les retrouver.
Ce matin-là, je dormais profondément, lorsqu'une voix me tira de mes songes en sursaut.
— Tiens, tiens, tiens... on dirait bien que de l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas.
Je me redressai subitement et découvris avec horreur que Reed était encore endormi dans mon lit, ses jambes emmêlées aux miennes et que Aoghan se tenait à l'entrée de la pièce, deux sorcières juste derrière lui. Mon Dieu, nous nous étions endormis. Je secouai Reed avec énergie et celui-ci grogna d'abord, avant d'ouvrir grand les yeux.
— Oy...
— Je crois que vous me devez une explication.
Un sourire malfaisant s'étira sur son visage, mais il ne remonta pas jusqu'à ses yeux. Non, son regard resta froid et calculateur et un frisson me parcourut toute entière. Je remontai le plus possible les draps sur moi, tentant de protéger ma nudité comme je le pouvais. Reed s'en rendit compte et nous habilla d'un claquement de doigts.
— Comme c'est mignon... il tente de protéger sa vertu. Ce n'est pourtant pas ce que tu nous as fait croire ces dernières semaines, gronda Aoghan d'une voix grave.
C'était une véritable catastrophe. Nous n'aurions jamais dû nous retrouver dans cette situation. Comment avions-nous pu nous endormir aussi innocemment ?
Des larmes de rages perlèrent au bord de mes yeux. Je m'en voulais tellement.
— Debout.
C'était un ordre qui ne laissait place à aucune discussion. Je me levai du lit, essayant de calmer les tremblements de mon corps. J'étais en état de choc, la panique s'insinuant sous ma peau. Reed se positionna devant moi, me protégeant ainsi de son père.
— Tu penses vraiment que tu peux la défendre ? ricana Aoghan.
Il leva une main et d'un geste de son index, m'intima de m'approcher. Je sentis d'abord mon corps être attiré vers lui, mais fut arrêtée dans mon élan. Reed n'avait pas bougé d'un iota, mais je savais que c'était grâce à lui. Je pris soudainement peur pour lui. Il m'avait confié qu'il ne pensait pas être assez puissant pour en venir à bout d'Aoghan, avec une partie de ses pouvoirs en moins. S'il voulait en plus de cela pouvoir me protéger de lui, je craignais l'issue de cette confrontation.
— Je vois que je me suis trompé sur ton compte. Moi qui pensais avoir retrouvé mon fils, je dois dire que je suis très déçue de constater que tu m'as menti depuis le début.
— Que veux-tu que je te dise ? Si tu es assez pathétique pour y croire, ce n'est pas de ma faute, répliqua Reed en haussant les épaules.
— Euh... ce n'est peut-être pas le moment de le provoquer, murmurai-je à son attention.
Aoghan vibra littéralement de rage, nous pointa du doigt et nous envoya à travers la fenêtre de la chambre. Nous chutâmes dans la cour et je poussai un cri en attrapant ma cheville qui se brisa lorsque je me réceptionnai dessus. J'étais couverte de mini coupures et du sang commençait à tacher mes vêtements. Reed se redressa immédiatement, il avait pu, par je ne savais quel procédé, s'en sortir sans la moindre égratignure. Il prit aussitôt mon pied dans sa main et me guérit, me permettant ainsi de reprendre mon souffle. Pendant qu'Aoghan nous rejoignit en planant, mon petit-ami passa ses mains sur un maximum de coupures pour les soigner.
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DALL
ParanormalQuand elle se réveille à l'hôpital, Elia découvre qu'elle a perdu la vue. Elle ne se souvient de rien. La dernière chose dont elle est sûre est qu'elle était allée se coucher dans son lit, après une soirée un peu arrosée. Ses nuits sont bercées du...