Chapitre 12

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Je fus tirée de mon sommeil par quelqu'un qui toquait à la porte. J'avais mal à la tête. Je frottai mon visage, repoussai ma couverture et me levai pour aller ouvrir à mon visiteur fort matinal.

— Après la nuit qu'on vient de passer, je pensais que tu dormirais un peu plus longtemps, quand même... râlai-je tandis que ma main actionnait la poignée.

— Euh... c'est moi.

Je reconnus la voix d'Aurel et me figeai instantanément. Je m'étais attendue à ce que ce soit Reed qui se tienne dans le couloir, pas lui.

— Tu espérais quelqu'un de particulier ? m'interrogea-t-il, sceptique.

— Non ! Non, pas du tout. Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je suis venue t'apporter des croissants. Je commence tard aujourd'hui, alors je me suis dit qu'on pourrait prendre le petit-déjeuner ensemble avant que j'aille travailler ?

Je m'écartai pour le laisser entrer dans l'appartement.

— Il est quelle heure ? l'interrogeai-je en réprimant un bâillement.

— Huit heures. Bien dormi ?

— Je... pas beaucoup, répondis-je en glissant une main dans mes cheveux.

— C'est ce que j'ai cru comprendre...

Je lâchai un long soupir. Forcément, ma façon de l'accueillir pouvait prêter à confusion.

— J'ai passé une bonne partie de la nuit au téléphone avec Camille, c'est pour ça. Elle m'a dit qu'elle viendrait ce matin, j'étais étonnée qu'elle arrive aussi tôt.

Pourquoi avais-je la pénible impression de subir un interrogatoire ? Cela ne faisait que deux minutes qu'Aurel était là, mais j'étais déjà agacée. Il fallait que je prenne sur moi. Le pauvre, ce n'était pas de sa faute. Mais après les derniers évènements, j'avais envie de voir Reed et de parler avec lui de ce qui se passait dans ma vie. La veille, ou plutôt dans la nuit, il m'avait ordonné d'essayer de dormir un peu, me disant qu'on en discuterait au réveil. J'étais persuadée que je ne pourrais jamais fermer les yeux, mais à la seconde où j'avais posé la tête sur mon oreiller, j'avais sombré. D'où ma certitude que c'était lui qui se présentait à ma porte ce matin-là.

Je fus sorti de mes pensées par Aurel qui m'interpellait.

— Tu m'écoutes ?

Je n'avais absolument rien entendu de ce qu'il venait d'annoncer.

— Je, euh... oui. Oui, bien sûr !

— Je crois que je ferais mieux de revenir à un autre moment.

— Mais non, ne dis pas ça ! Je suis juste un peu fatiguée, c'est tout.

— Parce que tu as passé la nuit au téléphone avec ta sœur, c'est ça ?

— Voilà, confirmai-je.

Je n'allais tout de même pas lui expliquer que mon voisin, qui était un sorcier, venait de me sauver la vie alors qu'une de ses comparses avait essayé de me tuer en bas de chez moi ? Il me ferait aussitôt interner.

Un soupir, le bruit d'un papier froissé.

— Comment tu vas ? finis-je par lui demander.

— Ça t'intéresse vraiment ? rétorqua-t-il.

— Mais qu'est-ce qu'il y a ? m'agaçai-je. Je comprends rien à ton attitude !

Avant même qu'il ne me réponde, j'entendis la porte de l'entrée s'ouvrir.

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