DALL

Chapitre 2

Ma bouche était sèche. Pâteuse. Ma langue engourdie.

J'avais mal à la tête. Je levai une main pour la porter à mon front, mais fus dérangée par des câbles. Qu'est-ce que j'avais fait la veille en m'endormant ? Je n'arrivais à pas à m'en souvenir. J'ouvris les yeux, mais il faisait noir. Est-ce que c'était encore la nuit ? Quelle heure était-il ? Je me sentais perdue. Alors que j'essayai de me relever, j'entendis de l'agitation autour de moi et pris peur. Qui était dans mon appartement ? Je discernai des voix, mais j'étais bien incapable de distinguer ce qu'elles disaient.

Qu'est-ce qu'il se passait ?

Ma tête était comme dans du coton. Je me sentais vaseuse et je n'arrivais pas à sortir de cet état.

— Elia, est-ce que vous m'entendez ?

J'essayai de parler, mais le son restait coincé dans ma gorge. Mes yeux papillonnaient, s'efforçant d'attraper de la lumière pour y voir quelque chose. Il faisait toujours noir.

— Eau... de l'eau, croassai-je tant bien que mal.

Du bruit, un verre qui se remplit, quelqu'un qui pris mes mains pour me faire tenir l'objet que je portai à mes lèvres en tremblant. J'avalai quelques gorgées salvatrices, poussant un soupir de soulagement.

– Elia, j'ai besoin que vous me répondiez. Est-ce que vous m'entendez ?

— J'entends...

— Bien, vous êtes à l'hôpital. Est-ce que vous savez en quelle année nous sommes ?

L'hôpital ? Pourquoi ? J'étais dans mon lit, qu'est-ce qu'il s'était passé ?

— 2020. On est en 2020, murmurai-je.

— Très bien. Est-ce que vous savez ce qui vous est arrivé ?

— Pourquoi il fait noir ? demandai-je en clignant des yeux. Vous pouvez allumer la lumière ?

Mon interlocuteur ne répondit pas et je le sentis bouger autour de moi. Les battements de mon cœur accélérèrent sous le coup de la panique. Il se passait quelque chose, mais quoi ? Qu'est-ce qu'on ne me disait pas ? Et d'ailleurs, pourquoi étais-je à l'hôpital ? Je ne comprenais rien à rien. Mon esprit était embrouillé et je n'arrivais pas à additionner deux informations ensemble.

— Elia, est-ce que vous apercevez quelque chose ?

Je secouai lentement la tête. Comment pouvais-je y voir quoique ce soit dans tout ce noir ? J'entendis des voix échanger à voix basse et me concentrai pour essayer de saisir ce qu'elles disaient.

— ... perdue la vue... choc post-traumatique...

— Mais pourquoi ? demanda une voix que je reconnus aussitôt.

— Camille ?

Je me relevai brusquement, mais retombai immédiatement sur mon oreiller, incapable de garder une position assise.

— Chut, je suis là, Elia, hoqueta ma sœur.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi je ne vois rien ?

Je sentis l'affolement s'installer petit à petit, comme une bête rampante s'insinuant sous ma peau.

— Camille, l'appelai-je, Camille !

— Je suis juste à côté de toi, ma chérie. Je suis là.

J'entendis des sanglots dans sa voix et ma gorge se noua. Qu'est-ce qu'il se passait ? Ses mains vinrent attraper les miennes et je m'y accrochai de toutes mes forces.