Chapitre 32

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J'étais assise au milieu d'un parc, les mains sur mes cuisses. J'essayais de me concentrer sur les bruits m'environnant, mon attention passant des oiseaux qui voletaient de branche en branche, aux cris des enfants jouant au ballon un peu plus loin.

— Maintenant, tu vas mettre tous ces sons de côté et essayer de trouver ta voix interne.

Je poussai un soupir malgré moi et reçus aussitôt une pomme de pin dans le dos.

— Aie ! Ça fait mal ! me plaignis-je, sans pour autant ouvrir les yeux.

— Alors, arrête de râler et concentre-toi, me morigéna mon petit ami.

Je pris une grande inspiration et repoussai ces agitations extérieures. Reed dévoilait un tout autre aspect de sa personnalité depuis qu'il m'aidait à gérer mes pouvoirs. Il était implacable et ne me laissait aucun répit.

— Si tu y arrives, je te promets de faire tout ce que tu voudras, ce soir, susurra-t-il à mon oreille.

Mes joues chauffèrent sous l'effet de gêne que ses paroles provoquèrent en moi.

— Comment veux-tu que je me concentre quand tu me dis des trucs pareils ? rétorquai-je. Et puis, comment tu pourras savoir que j'ai réussi ?

— Je le saurai.

Il ne répondit rien d'autre et je secouai la tête, exaspérée. J'avais hâte d'en avoir fini avec cette séance d'entraînement et de retrouver mon petit-ami doux et prévenant. Pas ce tortionnaire qui n'avait cure de ma fatigue mentale ou physique.

Je tentai de mettre ces pensées de côté et de me focaliser sur cette « voix interne » dont me parlait Reed. J'avais d'abord cru que c'était ce que j'avais fait jusque-là, notamment quand j'avais été enlevée par ces sorcières. Mais le sorcier m'avait expliqué que c'était encore tout autre chose, arguant le fait qu'une fois que je l'aurais trouvée, j'aurais plus de facilité à maîtriser mes pouvoirs. Nous avions d'abord essayé de nous entraîner depuis mon appartement, puis le sien, mais je n'arrivais à rien. Il avait alors pensé que peut-être que le fait d'être dehors, dans un parc, me permettrait de me sentir plus en lien avec la nature qui nous entourait.

Je n'avais aucune idée depuis combien de temps nous étions là. Je ne savais même pas ce que faisait Reed pendant que j'étais assise, comme une andouille, à attendre que le temps passe.

— J'ai envie de faire pipi, geignis-je soudainement. Reed ?

J'entendis des chuchotements, tout autour de moi. Les yeux toujours fermés, je tournai vivement la tête, essayant de distinguer d'où ils provenaient.

— Reed, c'est quoi ça ? m'inquiétai-je.

Des ricanements feutrés. Est-ce qu'il y avait des enfants qui s'étaient rapprochés ? Reed ne voulait pas que j'ouvre les yeux, me disputant presque si je le faisais avant qu'il ne m'en donne l'autorisation, mais au vu de son silence, je décidai de désobéir.

Mes paupières papillotèrent quelques instants, comme à chaque fois que j'avais passé beaucoup de temps dans le noir. Au bout de plusieurs secondes, j'arrivai à voir normalement.

Tout était étrange autour de moi. Comme si un filtre avait été appliqué sur la lumière.

— Reed ? Il y a un truc bizarre, non ?

Je me retournai, m'attendant à le trouver derrière, mais il n'y avait personne.

— Alors, ça... où est-il passé ?

Prenant appui sur mes mains, je me redressai et me mis sur mes pieds. Je fronçai les sourcils, tentant de distinguer une drôle de forme, au loin.

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