Chapitre 6

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En entrant dans l'appartement, les filles se jetèrent à mon cou et nous nous fîmes un câlin collectif.

— On est désolées de pas être venues plus tôt, s'excusa Oriane. J'ai passé ma semaine à être malade.

— Et moi à faire des horaires de folies pour le travail. Ça tombait vraiment mal, ajouta Mylène.

— Vous en faites pas, vous avez pris de mes nouvelles toute la semaine. Vous avez pas à chambouler toute votre vie pour moi.

Je retournai vers le salon, rentrant dans mon buffet au passage.

— Vous voulez du thé, les filles ? leur proposai-je.

— Attends, on va t'aider, quand même ! s'exclama Mylène en passant son bras sous le mien.

Elle me guida jusqu'à ma cuisine et j'essayai de retrouver ma bouilloire pour y mettre de l'eau à chauffer.

— Alors, comment tu vas ? m'interrogea Oriane depuis le salon.

Je haussai des épaules pour toute réponse.

— Comme quelqu'un à qui on a enlevé sa faculté de voir. J'ai vu mieux. Enfin... je vois plus du tout, même.

— Mais... je me demandais, justement, intervint Mylène. Tu vois rien, du tout, du tout ? Ou tu aperçois quand même un peu des formes, des couleurs ?

— Rien. Nada. Nothing. Nichts.

Les filles ne dirent rien. J'imaginais bien qu'elles ne devaient pas forcément savoir comment se comporter avec moi. Moi-même, je ne savais plus comment y faire.

La sonnerie de l'appartement retentit, interrompant le silence.

– Bougez pas, je m'en occupe, déclara Mylène en s'écartant de moi.

Je l'entendis s'éloigner, traverser le salon et ouvrir la porte.

— Ah, vous n'êtes pas Elia. Bonjour, Reed, le voisin d'en face.

Le manque de réponse de mon amie m'étonna. Qu'est-ce qu'il se passait ?

— Pardon, Mylène, répliqua-t-elle finalement, une amie d'Elia. En quoi puis-je vous aider, Reed ?

— Je crois avoir oublié ma bague sur le plan de travail. Je viens la récupérer.

En tâtonnant, je parvins à la retrouver, posée à côté du l'évier. Je me dirigeai vers la porte d'entrée, sans percuter le moindre meuble cette fois, une vraie réussite, et tendis le bijou dans le vide.

— Tiens. Merci encore pour tout à l'heure.

— Pas de soucis. Mesdames, bon après-midi !

Il retourna chez lui et je m'orientai vers le salon, mais fus arrêtée par Mylène qui me retint par le coude.

— Dis donc, comment ça se fait que ton voisin ait oublié sa bague chez toi ?

— Il m'a aidé à faire des biscuits, répondis-je en haussant les épaules. Il a dû l'enlever pour cuisiner.

— Mais comment ça, faire des biscuits ? insista-t-elle.

— Ben des biscuits ! Je lui ai prêté du sucre y a quelques jours, pour me remercier, il m'a déposé une boite avec des shortbreads dedans. J'ai tout mangé et tout à l'heure je suis passée chez lui, lui demander s'il en avait encore, du coup il m'a proposé de m'apprendre à en faire. Je peux retourner faire du thé ? m'enquis-je en me détachant d'elle.

— Attends, je t'accompagne.

J'allais refuser, mais elle glissa son bras sous le mien et me guida jusqu'à la pièce ouverte sur le salon.

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