En me réveillant, le lendemain matin, je me sentais étrangement bien. J'étais toujours coincée dans ce château, toujours enfermée dans cette chambre, mais désormais, je n'étais plus toute seule contre tous. Reed était de mon côté. Je m'étirai et me levai pour aller récupérer mon petit-déjeuner qui m'attendait au pied de la porte. J'eus la surprise de découvrir que cette fois-ci, ce n'était pas le repas habituel, mais des tartines avec de la confiture, des œufs brouillés, du bacon, des fruits frais et un thé chaud qui embaumait toute la pièce. J'avisais le plateau avec un air circonspect. Je pouvais ajouter cela à la liste de choses dont je voulais lui parler. Levant les yeux au ciel, j'allais m'installer à la petite table positionnée sous l'unique fenêtre de la pièce et avalait ce qui ressemblait à mon premier festin depuis plusieurs semaines. Quand j'eus fini, je retournai m'installer sur le matelas et me préparait à retourner dans le monde des esprits. Y aller me demandait désormais très peu de concentration. Il fallait dire que j'y faisais des allers-retours tous les jours, c'était devenu une réelle habitude. Une fois de l'autre côté, j'abandonnai mon corps et me hâtai de sortir du château. J'eus tout juste le temps de franchir les portes principales, que j'aperçus Reed qui m'attendait, les mains dans les poches, à quelques mètres de là.
— Bien dormie ? m'interrogea-t-il tandis que je m'approchai de lui.
— Tu ne pouvais pas me faire parvenir un petit-déjeuner comme celui de ce matin, au lieu de me laisser manger ces horreurs depuis plusieurs semaines ? lui reprochai-je en lui assenant une claque sur l'épaule.
Reed se frotta le bras en faisant une grimace.
— Si j'avais fait ça, je suis à peu près certain que tu me l'aurais reproché devant Aoghan, à peine tu aurais mis le pied dans la grande salle. J'aurais eu beaucoup de mal à me justifier et j'avais vraiment besoin qu'il croie que je n'en avais rien à faire de toi.
— De toutes les fois où tu es venu pour me soigner, tu aurais pu me parler, tu sais, lui fis-je remarquer. Même si je dormais, tu aurais très bien pu me réveiller.
— Quand j'ai commencé à venir me glisser ta chambre la nuit, tu étais déjà bien remontée contre moi et j'étais persuadé que peu importe ce que je te dirais, tu m'en voudrais et ne voudrais rien savoir. J'avais fini par me faire une raison : que toi et moi, ce n'était plus possible et que dès que tu le pourrais, tu t'enfuirais le plus loin possible, en me laissant derrière.
— J'y ai pensé, reconnus-je en soupirant. Bon sang, Reed ! Tu te rends compte à quel point tu as merdé ? S'il n'y avait pas ces baobhan sith postées autour du château, j'aurais déjà tenté de me barrer d'ici depuis un moment.
Il m'attira à lui et me prit dans ses bras.
— Je sais.
— Ah ! Je suis contente de voir que vous êtes enfin réconciliés ! s'exclama Hazel qui surgit à côté de nous.
Je sursautai en poussant un cri.
— Je ne me ferais jamais à ta façon d'apparaître de manière tout à fait impromptue, râlai-je en secouant la tête.
— Oh, je suis si heureuse ! s'enthousiasma la dryade en frappant dans ses mains.
Et, pour joindre le geste à la parole, elle s'empressa d'embrasser Reed sur les lèvres, puis moi. J'en restai bouche bée.
— Oy, Hazel, il faut vraiment que tu arrêtes de faire ce genre de trucs, se plaignit Reed en passant une main sur son visage.
— Mais ça ne va pas ? m'horrifiai-je en reculant.
Hazel m'observait avec un grand sourire et Reed se mit à ricaner de son côté.
— Et ça te fait rire, toi ?
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DALL
ParanormalQuand elle se réveille à l'hôpital, Elia découvre qu'elle a perdu la vue. Elle ne se souvient de rien. La dernière chose dont elle est sûre est qu'elle était allée se coucher dans son lit, après une soirée un peu arrosée. Ses nuits sont bercées du...