Chapitre 18

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J'étais bien. Je me sentais bien. Comme dans une bulle de coton, enveloppée d'un halo de chaleur. C'était la première fois depuis plusieurs semaines que je n'avais pas passé une aussi bonne nuit.

Une réflexion se faufila alors dans mes pensées : je n'étais plus aveugle. Je pouvais à nouveau voir !

Lentement, avec beaucoup de précautions, j'ouvris mes yeux. Je poussai un cri en me jetant en arrière. Reed, qui était endormi avec un bras autour de moi, se réveilla aussitôt et se leva brusquement du lit.

— Oy ! Elia, qu'est-ce qu'il s'est passé ?

J'attrapai les draps que je remontai sur ma poitrine, tentant de cacher le peu de pudeur qu'il me subsistait.

— Je... je...

J'étais complètement perdue. Petit à petit, le brouillard qui recouvrait la soirée précédente se dissipa.

— Tu t'étais endormi, hier soir. Je suis restée un peu, attendant de voir si tu allais te réveiller et à un moment donné, tu t'es mis à trembler de froid, sans discontinuer. Je n'arrivais pas à te sortir de ton sommeil, ni te réchauffer, alors j'ai cherché sur internet comment faire et j'ai lu que le peau contre peau était efficace.

Reed parut gêné et se frotta la nuque d'une main.

— Merde... Merci.

— Tu plaisantes ? Après ce que tu as fait pour moi, c'était pas grand-chose... Ça va mieux ?

— Oui... j'étais épuisé, je crois. 

— Sans blague... raillai-je. Tu ne m'avais pas dit que ça te demanderait autant d'énergie.

Il haussa les épaules, me faisant ainsi comprendre qu'il ne s'épancherait pas là-dessus. 

J'essayai de le regarder dans les yeux, mais c'était difficile de ne pas descendre sur son torse musclé. Je m'efforçai de ne pas contempler plus bas que le nombril. Je déglutis et sentis mes joues chauffer. Pour quelqu'un qui venait de passer les dernières semaines aveugle, c'était une douce vision, de bon matin.

Reed sembla soudain prendre conscience de sa quasi-nudité et s'empressa d'enfiler son tee-shirt qui reposait sur le sol.

— Je crois que je vais retourner dans ma chambre, annonçai-je en attrapant mes vêtements.

Je m'habillai à la hâte et me hâtai de ressortir de la pièce, pour aller dans celle d'à côté. Une fois la porte refermée, je m'appuyai contre en prenant ma tête dans mes mains. Dans quelle situation m'étais-je mise ?

Je m'ébrouai et me dirigeai dans la salle de bain pour me doucher. Une bonne douche, bien chaude et très longue. Tant pis pour l'écologie, j'en avais besoin.

Vingt minutes plus tard, quand je fus habillée, je décidai d'appliquer un trait d'eye-liner et du mascara sur mes yeux. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas fait et je devais reconnaître que c'était grisant de pouvoir le faire.

J'avais retrouvé ma vue. Bordel, plus jamais je ne la prendrais pour acquise. C'était quelque chose de bien trop merveilleux. En revanche, il allait falloir que je trouve une bonne excuse pour mes proches. Je ne pouvais pas leur dire que Reed était un sorcier et que c'était grâce à lui. J'avais annoncé que j'allais voir un spécialiste écossais, mais qu'est-ce qu'il aurait pu faire qui aurait inversé ma cécité ? Reed pourrait sûrement m'aider.

Quelques coups à la porte. Quand on parlait du loup.

— T'as fait quelque chose de différent ? me demanda Reed lorsque je lui ouvris.

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