Chapitre 9

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J'étais rentrée chez moi. Après ce que Reed m'avait annoncé, j'avais quitté son appartement pour aller m'enfermer dans le mien et ne plus en ressortir durant trois jours.

Un sorcier. Non, mais à quel moment pensait-il que j'allais avaler un truc aussi énorme ? Il était vraiment dérangé. Et le pire, c'est que je l'avais laissé entrer chez moi. J'étais également complètement folle.

Ou peut-être que je l'étais parce que, les jours passants, je considérais de plus en plus ce qu'il m'avait déclaré comme étant possible.

Camille était venue manger avec moi, mais je ne prêtais pas beaucoup d'attention à ce qu'elle me disait, trop plongée dans mes pensées.

— Ça va, Elia ?

Je relevai la tête et clignai des yeux plusieurs fois. Je ne pouvais décemment pas lui raconter ce qui me troublait ainsi, ces derniers jours.

— T'as des nouvelles d'Aurel ? me relança-t-elle.

Je haussai des épaules. Il m'avait dit qu'il attendrait que je fasse le premier pas moi, quand j'en aurais envie. Mais pour le moment, j'étais bien trop occupée à autre chose. Comme de réaliser que la magie existait bel et bien et que mon voisin était un sorcier. Mais ça, je ne pouvais pas en parler à qui que ce soit.

— Tu ne veux pas l'appeler ? Il doit se faire du souci pour toi.

J'avais d'autres chats à fouetter, mais c'était compliqué à expliquer.

— Non. J'ai besoin de quelques jours encore. J'apprends à vivre toute seule avec ce truc, j'aime bien. Et puis, j'ai Alistair pour veiller sur moi, plaisantai-je.

— Tu sais que j'aime Alistair. Mais ça ne suffit pas. Pas quand on a perdu...

Elle ne finit pas sa phrase, se demandant sûrement comment j'allais réagir. Je devais reconnaître que je n'étais pas la personne la plus aimable qui soit, lorsqu'on se mettait à parler de ma cécité.

— Elia, je sais que tu n'as pas forcément envie de l'entendre. Mais tu ne peux pas te renfermer sur toi-même et sortir tout le monde de ta vie comme ça. Tu as besoin d'être entourée, maintenant plus que jamais. Tu es généralement du genre à rester toute seule dans ton coin, mais là, c'est pas possible. Tu ne peux pas faire ça.

— Tu le dis toi-même, j'ai toujours été introvertie, répliquai-je en haussant encore des épaules.

— Je veux juste que ça se passe bien pour toi, tu sais ça ?

— Bien sûr, t'en fais pas. Et puis, tu pourras te faire du souci quand je ne voudrais même plus te voir. D'ici là, tout va bien. J'ai juste besoin de réfléchir à des trucs, toute seule avec moi-même.

— Si tu le dis...

Du mouvement sur le canapé, un baiser déposé sur ma joue.

— Il faut que je retourne travailler. Je passe demain midi, d'accord ?

J'acquiesçai silencieusement, mâchant un morceau de pain.

Des pas qui s'éloignèrent vers la porte, le clic mécanique de la serrure.

— Et, Elia ? Il t'a confié quelque chose sur lui en se mettant à nu. Montre-lui qu'il a raison de t'accorder sa confiance. Il doit angoisser sérieusement depuis quelques jours.

Je me retrouvai toute seule et bizarrement, les paroles de ma sœur résonnèrent en moi. Mais pas vis-à-vis d'Aurel. Je poussai un gros soupir et me levai pour sortir de mon appartement. Après avoir toqué, je sentis la porte s'ouvrir devant moi, le silence m'accueillant. Je fis un pas, puis deux, entendis les gongs grincer, puis le loquet se fermer. Je sursautai lorsque Reed passa son bras sous le mien pour me guider dans le salon, mais lui était reconnaissante de m'aider ainsi.

DALLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant