Chapitre 17

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Le trajet du retour fut parsemé de mes exclamations en tout genre. J'étais si heureuse d'avoir retrouvé ma vue, je m'extasiai sur le moindre élément du décor qui nous entourait. À vrai dire, j'avais du mal à y croire. Comme si j'allais me coucher le soir et me réveiller le lendemain en réalisant que tout ça avait été éphémère.

En voiture, je n'arrêtais pas de lancer des regards en coin vers Reed. C'était si étrange, de le découvrir réellement, après avoir passé autant de temps avec lui sur les dernières semaines. J'étais presque... intimidée. Comme si j'apprenais vraiment à le connaître. On avait beau dire ce que l'on voulait, l'apparence physique comptait pour beaucoup. Que ce soit Mylène et Oriane ou encore Camille, toutes m'avaient dit que mon voisin était sexy, pourtant je n'y avais pas accordé plus d'importance que ça. Mais maintenant que je le voyais, j'avais l'impression que cela changeait quelque chose entre nous. Comme si avant, le physique ne comptait pas, mais que dorénavant, je ne pourrais pas m'empêcher d'y penser.

— Tout va bien ? finit par me demander l'écossais.

Je rougis et détournai aussitôt la tête. Reed éclata de rire, le timbre de sa voix emplissant l'habitacle et je m'enfonçai un peu plus dans mon siège.

— Il y a clairement quelque chose qui te dérange, reprit-il. Parle-moi. C'est quelque chose que l'on sait faire, non ? Je dirais même que c'est un truc qui nous réussit pas mal, jusque maintenant.

Je secouai la tête. Je n'allais pas lui annoncer que je le trouvais carrément beau, quand même ? Non, Reed et moi étions amis, c'était tout.

— Tu ne voulais pas prévenir ta sœur ? s'enquit-il alors.

— Si ! m'exclamai-je en me redressant. Bon sang, où est mon téléphone ?

Je fouillai dans le sac à dos que j'avais emporté avec moi le matin même et finis par dénicher le saint Graal. Je portai le smartphone à ma bouche et le couvris de baisers.

— Tu ne crois pas exagérer ? s'esclaffa Reed sans quitter les yeux de la route.

— Ça m'a manqué, tu n'as pas idée !

Je déverrouillai l'appareil en poussant un soupir d'extase. Ce petit geste était tout simplement merveilleux. J'allais dans mes derniers appels et sélectionnai le numéro de ma sœur. La tonalité retentit plusieurs fois, avant qu'elle ne réponde.

— Elia ?

— Ça a marché ! Je vois à nouveau ! m'enthousiasmai-je en criant presque dans le combiné.

— Quoi ?

Camille semblait abasourdie. Je devais reconnaître qu'aux yeux des autres, cela était invraisemblable que je puisse retrouver la vue comme ça, alors que les médecins français n'avaient rien pu faire pour moi. J'espérais que mon entourage ne se montrerait pas trop curieux, car je serais bien incapable d'inventer un assez gros mensonge pour expliquer tout ça.

— C'est pas vrai ? Tu... vraiment ? Tu n'es plus aveugle ? Attends ! Il faut qu'on fasse un appel visio !

Je m'empressai de faire la démarche nécessaire et quelques secondes plus tard, la tête de ma sœur apparue sur l'écran. Je fondis en larmes en voyant son visage rond entouré par ses cheveux blonds vénitiens. Face à ma réaction, Camille se mit également à pleurer de joie.

— Bébé... j'arrive pas à y croire. C'était pas des conneries ! sanglota-t-elle.

— Évidemment, intervint Reed en levant les yeux au ciel.

Je lui assenai une claque sur le bras en fronçant les sourcils et il me répondit par un sourire malin.

Très charmant.

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