Chapitre 43

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Lorsque j'ouvris les yeux, la douleur à mon genou me ramena rapidement à la réalité. Je laissai échapper un gémissement en me redressant.

Qu'est-ce que tu faisais par terre ? Tu méditais ? s'esclaffa l'une des vampires qui étaient toujours là.

Je n'étais pas partie très longtemps visiblement. Hazel et Reed m'avaient expliqué que peu de personnes avaient l'aptitude à faire des aller-retour dans le monde des esprits et des fées et que si j'y arrivais, c'était très sûrement grâce aux pouvoirs du sorcier qui logeaient en moi. Aussi, quand j'étais partie là-bas durant quelques minutes, les baobhan sith ne devaient sûrement pas comprendre ce que je venais de faire.

Mets-toi debout et marche ! grogna l'une d'entre elles.

Je boitai toujours, mais je m'efforçai de marcher le plus vite possible. Je devais absolument rendre ses pouvoirs à Reed avant qu'il ne se fasse massacrer par Aoghan. Malheureusement, les deux hommes étaient plongés dans un combat acharné et je n'avais pas la moindre idée de comment faire pour me rapprocher sans être blessée ou mettre Reed en danger. Je pris sur moi et avançai tant bien que mal. Deux sorcières s'approchèrent et l'une d'entre elles fit apparaître des liens pour relier mes poignets.

Viens, tu seras aux premières loges pour le voir mourir des mains de notre maître.

— Vous êtes complètement malades, vous le savez ? Qu'est-ce que vous croyez qu'il va faire ? Il compte absorber tous vos pouvoirs !

Mais pour toute réponse, elles éclatèrent de rire et me poussèrent en avant. Dans ma tête la formule de Hazel tournait en boucle et j'avais peur de finir par l'oublier. Je devais absolument trouver une solution pour m'approcher de Reed. En ayant un genou cassé. Et des sorcières qui me surveillaient. Une vraie partie de plaisir, quoi.

Adossée contre un mur du château, j'observai la confrontation entre les deux hommes. Reed était clairement en difficulté, il passait plus de temps à se défendre qu'à attaquer et je n'avais aucune idée de quand il finirait par flancher. Je devais lui venir en aide avant qu'il ne soit trop tard.

Mon avantage, c'était que je n'avais jamais utilisé mes pouvoirs devant les autres. Seuls Reed et Hazel connaissaient l'étendue de mes capacités. Il fallait que je joue là-dessus pour les distraire. Comme tout le monde fixait les deux sorciers en plein combat, je portai mon attention de l'autre côté de la cour, mais ne trouvai rien qui puisse m'intéresser. Puis, je vis le puits et une idée germa dans ma tête. Je me concentrai en fermant les yeux et tentai de ressentir l'eau qui sommeillait au fond. Lorsque je la trouvai, je lui intimai de se soulever et de remonter le long du tunnel. Quand je rouvris les paupières, je vis un énorme jet ressortir de la source et l'envoyai en direction d'Aoghan. Ce dernier se retrouva propulsé à plusieurs mètres de là, emportant avec lui d'autres femmes qui se tenaient autour. D'un geste de la main, je fis rencontrer les têtes des deux sorcières qui me surveillaient, les assommants ainsi et me dépêchai d'aller à la rencontre de Reed. En se rendant compte que j'étais toujours là, ce dernier prit une expression horrifiée.

— Elia, tu étais censée t'enfuir, gronda-t-il.

Quand il remarqua que je boitai, il vint à ma rencontre et me soutint sous un bras.

— J'ai été arrêtée par des baobhan sith... ronchonnai-je. Ce n'est pas de ma faute.

Tout en expliquant cela, je posai une main sur son cœur, l'autre sur son ventre, tel que me l'avait indiqué Hazel dans le monde des esprits.

— Qu'est-ce que tu fais Elia ? s'inquiéta Reed.

— Chut. Bheir mi air ais dhut na tha leatsa. Faigh do mhaoin air ais, chan eil feum agam air tuilleadh.

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