Chapitre 34

335 37 49
                                    

Ma sœur m'observait de ses grands yeux noisette. Elle était visiblement choquée et je ne savais pas quoi dire de plus pour la rassurer.

— Vous êtes vraiment obligés de partir ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils.

— Camille, je ne veux pas te mettre en danger. Toi, les parents ou mes amis.

Elle hocha la tête doucement.

— Et tu vas dire quoi pour justifier ton départ ?

— Que Reed vient de perdre un proche et qu'on va passer du temps dans sa famille. L'avantage d'être traductrice, c'est que je peux faire ce boulot n'importe où dans le monde, fis-je remarquer.

Camille me prit dans ses bras et me serra fort contre elle. Elle serait la seule à être au courant de la véritable raison de mon absence et je savais qu'elle ne pourrait pas s'empêcher d'être inquiète pour moi.

— Vous allez dormir chez Niall ? s'enquit-elle.

— Non, on ne peut pas le mettre en danger, intervint Reed qui entrait à ce moment-là dans mon appartement. Salut, Camille.

Ils s'enlacèrent pour se dire bonjour et je souris en me disant que j'avais de la chance que ma sœur et mon petit-ami s'entendent aussi bien.

— Alors, vous allez faire quoi ? L'hôtel va vite vous revenir cher... fit-elle remarquer.

— On ne sera pas en ville. On ne peut pas vraiment t'expliquer pourquoi, mais ça donnerait trop d'indices sur notre localisation. Et avant que tu ne nous demandes ce qu'on va faire, sache qu'on ne te dira rien, pour ton bien.

— Vous me faites flipper, là...

Je me levai pour prendre ma sœur dans mes bras une dernière fois avant de devoir partir.

— T'en fais pas, je serais avec Reed, tout va bien se passer.

— C'est l'unique raison pour laquelle je te laisse partir, soupira-t-il.

Camille resta le temps que je finisse de préparer mes affaires et s'en alla en même temps que nous. Je l'avais appelée dès que l'heure me le permettait et lui avait demandé de passer chez moi dès que possible afin de pouvoir lui dire au revoir comme il faut. Je ne le lui disais pas, mais je ne savais pas vraiment quand je pourrais la revoir.

En bas de l'immeuble, je la serrai contre moi une dernière fois.

— Je t'aime, Camille. Fais attention à toi.

*

Nous ne restâmes pas longtemps dans la ville d'Édimbourg, décidant de juste aller acheter des vivres. Nous allions rester dans les Highlands et dormir sous une tente. Si j'avais pu voir dans l'esprit de cette sorcière, sans qu'elle ne semble s'en rendre compte, alors il pouvait se passer la même chose dans l'autre sens. Peut-être avait-elle déjà aperçu trop de choses de mon quotidien, pouvant mettre mes proches en danger. Partir était la meilleure solution. Avec un peu de chance, si elle avait déjà eu un aperçu de ma vie, elle se rendrait compte que je ne suis plus chez moi et les gens que j'aime seraient en sécurité. En tout cas, je te tentais de m'accrocher à cette pensée le plus possible. Et si nous nous rendions autant au nord de l'Écosse, c'est parce que Reed était persuadé que c'était par là-bas que nous pourrions trouver plus d'informations sur ce clan dirigé par un homme.

—Est-ce que ça ne va pas être bizarre, une tente en plein milieu de la nature ? demandai-je à Reed tandis que nous déambulions dans les rayons d'un magasin. Je veux dire, on va vite se faire repérer comme ça, non ?

Mon petit-ami rempli notre panier avec de quoi manger pour environ une semaine. Nous avions convenu que nous ferions des achats tous les quelques jours en nous approchant de la civilisation. Une fois de plus, il ne voulait pas utiliser ses pouvoirs pour voler les magasins. Même là, il tenait à se montrer honnête, jusqu'au bout.

DALLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant