Chapitre 40

292 39 31
                                    

Deux semaines s'étaient écoulées. Reed était venu tous les jours pour me soigner et j'avais mis un point d'honneur à l'ignorer. Ce soir-là, j'étais assise en face du feu qui crépitait dans la cheminée. Mon dos reposait contre le sommier du lit et je regardais les flammes jouer dans l'âtre. J'étais épuisée. Cela faisait plusieurs jours que je n'arrivais pas à dormir, trop occupée à ressasser les derniers évènements en boucle dans ma tête. Deux coups retentirent à ma porte, mais je ne pris pas la peine de me relever. Reed entra dans la chambre et vint s'asseoir à mes côtés. Il attrapa mon poignet brisé et le soigna. Je poussai un soupir de soulagement lorsque la douleur s'évanouit.

— Je peux me permettre de te dire quelque chose ? se risqua Reed.

— Vas-y, soupirai-je.

— Tu n'as pas besoin de le provoquer comme ça à chaque fois. Tu vas finir par perdre la raison, à force de souffrir comme ça.

Lasse, je laissai retomber ma tête sur son épaule. S'il fut surpris de mon geste, il n'en montra rien et ne bougea pas.

— Au contraire, ressentir toute cette douleur, c'est ce qui me permet de ne pas la perdre. J'éprouve un tel vide en moi, Reed. Tu ne te rends pas compte.

— Je suis désolé, chuchota-t-il.

— Je sais.

Nous restâmes ainsi sans ciller, le craquement du bois qui brûlait interrompant notre silence. Je finis par prendre une grande inspiration et me redressai.

— Retourne dans ta chambre, Reed. Ce serait dommage qu'on te voie ici et que ça mette tout ton plan à l'eau.

Il se releva et se dirigea vers la porte, les épaules affaissées. J'hésitai quelques instants, avant de me décider de l'arrêter.

— Je n'arrive pas à dormir en ce moment... Tu pourrais m'aider s'il te plaît ? l'interrogeai-je.

— Bien sûr, sourit-il.

Je m'allongeai sous la couverture, Reed s'approcha et déposa un baiser sur mon front. Aussitôt, je ressentis une vague de bien être se répandre dans mon corps.

— Tu les embrasses toutes pour les endormir ? m'enquis-je dans un bâillement.

— Non, Elia, tu es la seule que je rêve d'embrasser et de tenir dans mes bras, soupira-t-il avant de sortir de la pièce.

Je ne pus réprimer un sourire et m'assoupis dans la foulée.

*

— Tu es toujours fâchée contre lui ?

Hazel s'amusait à faire prendre diverses formes à de l'eau provenant d'une petite rivière qui passait par la forêt.

— Tu dis ça comme si je disais lui en vouloir d'avoir oublié mon anniversaire... rétorquai-je en levant les yeux au ciel. C'est un peu plus grave que ça, quand même.

La dryade haussa les épaules et se releva.

— Je vais te laisser, je sens qu'on m'appelle ailleurs, annonça-t-elle subitement.

Je levai les yeux vers elle, fronçant les sourcils d'incompréhension. C'était parfois difficile de la suivre, le fil de sa pensée pouvant changer si vite. Elle disparut derrière un arbre et me laissa seule dans le bosquet. Je poussai un soupir et finis par me relever. Je ne voyais pas l'intérêt de rester là si j'étais toute seule, autant retourner dans mon corps. J'eus à peine le temps de me mettre debout que j'aperçus Reed qui se tenait non loin de là. À tous les coups, Hazel l'avait senti arriver et avait fait exprès de partir. Quelle peste celle-là.

DALLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant