Chapitre 39

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Toujours face à Reed, je l'observai en écarquillant les yeux. 

— Ça ne veut rien dire ! éructai-je. Tu ne le savais peut-être pas avant, mais tu étais bien content de te débarrasser de moi pour rester avec lui !

Reed continuait de me regarder sans rien dire. J'étais tellement en colère contre lui.

— Pourquoi as-tu agi ainsi ? lui demanda Hazel.

— Pour la protéger, avoua-t-il.

— Me protéger ? Me protéger ? répétai-je un ton plus haut. Tu appelles ça me protéger quand je dois passer mes soirées à me faire torturer par ton très cher père ? Et te regarder flirter avec toutes ces filles, avant de les amener dans ton lit ? J'ai envie de vomir, rien que d'y penser.

— Reed ? Quelque chose à dire ? s'enquit la dryade avec un sourire.

— Comment crois-tu que tu guérissais, chaque nuit ? soupira-t-il.

— Grâce à ton pouvoir, rétorquai-je.

— Pas celui qui se trouve en toi depuis que je t'ai rendu la vue. Cela fait deux semaines que je me faufile dans ta chambre toutes les nuits et que je soigne tes blessures.

Je lui lançai un regard noir. Est-ce qu'il pensait réellement qu'il lui suffisait de dire cela pour calmer ma colère ? Au contraire, cela alimentait encore plus ma rage envers lui. Je pensais que je me débrouillais toute seule, mais j'apprenais alors que si je me réveillais chaque matin sans aucune séquelle de la veille, c'était uniquement dû à lui.

— Et concernant toutes ces filles, reprit-il, tu devrais avoir remarqué que je n'en ai pas embrassé une seule.

— Devant moi ! m'agaçai-je. Mais je t'ai vu les prendre par la main, tous les soirs, pour les amener dans ta chambre.

— Oui. Et une fois à l'intérieur, je les endormais, attendais une heure ou deux, puis venais m'occuper de toi, une fois qu'il n'y avait plus personne dans les couloirs.

Je m'approchai de lui et le repoussai de toutes mes forces.

— Non ! Tu n'as pas le droit de te faire passer pour le gentil !

Je voyais trouble, les larmes continuant d'affluer. Reed recula de quelques pas, il ne tenta même pas de se défendre.

— Tu m'as humiliée devant tout le monde. Tu m'as tourné le dos, répliquai-je avec froideur. Tu m'as laissée seule, sans personne, à passer mes journées enfermées dans cette chambre. Pourquoi ?

— Je crois que je vais vous laisser un peu tout seuls, murmura Hazel. À demain, Elia !

Elle me fit un geste de la main, s'en alla, pour disparaître derrière un arbre.

— Je sais que je n'ai pas agi comme j'aurais dû. Je m'en suis rendu compte. Mais laisse-moi t'expliquer. Je t'en supplie, Elia.

Je croisai les bras sur ma poitrine, comme pour me protéger un peu plus de lui.

— Très bien, parle. Je t'écoute.

— Tu ne veux pas t'asseoir ?

— Parle, cinglai-je.

Reed passa une main sur sa nuque et laissa errer son regard au loin.

— Je te jure que je ne savais pas qu'Aoghan était mon père, soupira-t-il.

— Je te crois, tu ne peux pas mentir à Hazel, lui fis-je remarquer.

— Et je n'ai jamais cherché à te manipuler, insista-t-il.

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