Chapitre 30

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— Reed ! hurlai-je en priant pour qu'il m'entende depuis son appartement.

Les deux mains sur la bonde de l'évier de ma cuisine, j'essayai d'empêcher le geyser d'eau qui en sortait d'inonder mon appartement.

— Reed ! répétai-je à tue-tête.

Finalement, la porte de mon appartement s'ouvrit.

— C'est toi qui m'appelles comme ça ? s'enquit Reed en riant.

— Est-ce qu'il y a une autre femme que moi qui a une raison de crier ton nom dans ce fichu immeuble ? grognai-je en éviter un jet de justesse.

— Oy, Elia, que se passe-t-il ? s'exclama-t-il en accourant vers moi.

— À ton avis ? cinglai-je.

Ces fichus pouvoirs me rendaient folle. Je ne contrôlais rien. Ils se manifestaient toujours de façon importune et quand j'en avais besoin, ils étaient aux abonnés absents. Cela faisait cinq jours que nous étions revenus d'Écosse et Reed tentait de m'aider à les maitriser, mais ce n'était pas gagné d'avance. À vrai dire, je me demandais même si je serais un jour capable de les maîtriser. Je n'avais rien demandé et voilà que je me retrouvais avec quelque chose dont je ne comprenais rien.

Reed réussit à arrêter la catastrophe en un tour de main, littéralement, et se tourna vers moi, tandis que j'essayai d'égoutter mes vêtements.

— Tu pourrais m'aider en les séchant ?

— Fais-le toi, c'est un bon entraînement, m'encouragea-t-il.

Je levai les yeux au ciel. Tout était prétexte à être un entraînement pour lui. La moindre petite raison était une excuse à me torturer un peu plus et me démontrer à quel point j'étais nulle.

Je fermai les yeux et m'appliquai à faire appel à quoi que ce soit qui puisse m'aider.

— Je suis curieux de savoir à quoi tu pensais pour que ton évier se transforme en source vive, badina Reed.

Je sentis mes joues rougir. Je ne pouvais certainement pas lui avouer que j'étais en train de me remémorer notre dernière nuit ensemble, de ses mains sur mon corps, sa bouche sur mes seins, entre mes cuisses, ses hanches venant à la rencontre des miennes et de cet orgasme qu'il m'avait donné, si puissant que ce matin mon évier ne s'en remettait pas, juste au souvenir que j'en avais.

— Tu rougis, releva Reed. Ma curiosité est décidément titillée. À quoi pensais-tu ?

— Chut. J'essaie de me concentrer.

Un vent chaud, s'il vous plaît. Quelque chose qui m'aiderait à sécher le tissu mouillé qui collait à ma peau.

— J'adore te voir mal à l'aise comme ça, me taquina-t-il.

— T'es pénible, Reed. J'arrive pas à réfléchir.

Je sursautai au contact de ses lèvres sur mon épaule et ma tête bascula naturellement sur le côté pour lui laisser l'accès libre. Mon corps, ce traître.

— Et comme ça ? Est-ce que ça t'aide ? s'enquit-il, un sourire dans la voix.

Je n'avais pas besoin d'ouvrir les yeux pour savoir qu'il devait avoir ce petit air moqueur et arrogant que j'avais découvert chez lui ces derniers jours. Il savait l'emprise qu'il avait sur moi et aimait bien trop en jouer. Je m'appliquai à faire le vide, cherchant un moyen non plus de me sécher plus vite, mais de repousser Reed.

Ses mains glissèrent le long de mes hanches, pour remonter sur mes côtes et attraper un de mes seins. Un gémissement s'échappa de ma bouche et je me maudis aussitôt d'être aussi faible.

DALLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant