Chapitre 19

420 51 85
                                    

Nous marchions dans la rue, l'un à côté de l'autre, nous dirigeant vers le rendez-vous donné par ma sœur. J'avais enfilé une robe noire avec une paire de baskets montantes, ainsi qu'une veste en cuir. Cela faisait un moment que je n'avais pas eu autant de plaisir à m'habiller. Depuis que j'avais perdu la vue, à vrai dire. Sur le chemin, je sautillais presque, trop heureuse à l'idée de retrouver Camille et de la serrer dans mes bras.

C'était assez étrange comme tout semblait normal, comme si je n'avais pas jamais été aveugle. Alors qu'il y avait encore quelques jours en arrière, j'étais coincée dans le noir, à ne pas savoir quoi faire de ma vie. Est-ce qu'elle pouvait vraiment reprendre son cours de façon aussi naturelle ?

Lorsque nous fûmes arrivés dans le restaurant, je cherchai ma sœur parmi la foule de personnes déjà présentes. Je repérai alors sa petite tête blonde et me précipitai sur elle pour la serrer dans mes bras. Cette dernière sursauta, se retourna et un immense sourire apparu sur son si joli visage.

— Elia ! Mon Dieu !

Nous éclatâmes en sanglots et nous enlaçâmes l'une contre l'autre. Nous demeurâmes ainsi jusqu'à ce que quelqu'un nous bouscule en voulant passer à côté de nous. Quand nous nous séparâmes, Camille se dirigea vers Reed, qui était resté en retrait et s'arrêta devant lui, prit son visage entre ses mains et l'embrassa sur la bouche.

Sur la bouche ? Pourquoi ? Et surtout, pourquoi est-ce que j'étais dérangée par ça ?

— Merci ! Merci de l'avoir aidée ! Je retire toutes les menaces que j'ai pu faire à ton encontre et je ne douterai plus jamais de toi.

Reed l'attrapa par les épaules et la repoussa poliment.

— C'est très gentil de ta part, mais la prochaine fois, évite de m'embrasser, s'il te plaît, rit-il.

— On va s'asseoir ? proposa Camille.

Nous la suivîmes jusqu'à une table ronde où nous pûmes nous installer.

— Bon, alors. Expliquez-moi, comment est-ce que c'est possible ?

Je lançai un coup d'œil embarrassé à Reed. Nous avions tous les deux choisi une histoire sur laquelle nous étions d'accord, afin de ne pas avoir deux versions différentes, si jamais on nous interrogeait séparément.

Je n'aimais pas mentir à Camille. Elle était bien la seule personne à qui je me confiais toujours, sans jamais rien lui cacher. Ce soir marquerait la première fois de ma vie où je serais obligée de ne pas lui dire la vérité.

— Reed connait un acupuncteur qui vit à Édimbourg et qui est capable de faire des miracles : la preuve ! ajoutai-je en me désignant avec un doigt.

— Un acupuncteur, hein ? J'aurais jamais pensé à ça...

— On sous-estime beaucoup les bienfaits de la médecine chinoise, intervint Reed. Les plantes, l'énergie de la nature qui nous entoure... tout ça, ça un énorme impact sur nous au quotidien. Il suffit juste de savoir s'y ouvrir et l'accepter.

Camille pinça ses lèvres en l'observant à travers deux fentes. Elle avait toujours été la plus raisonnable de nous deux. Très terre à terre, ne considérant que ce qu'elle voyait. Je la connaissais, elle ne jurait que par la médecine traditionnelle et la science. C'était pour cela que je ne pouvais pas lui parler de Reed et de ses pouvoirs. Jamais elle ne me croirait. Elle me penserait folle.

Quant à moi, j'avais toujours vécu dans mon imaginaire. J'avais dévoré des tonnes de livres traitant de magie et d'autres choses propres au fantastique. C'était sûrement pour cela que lorsque Reed m'avait annoncé être un sorcier, une partie de moi l'avait accepté assez facilement.

DALLOù les histoires vivent. Découvrez maintenant