Les jours suivants s'enchainèrent de la même manière. J'étais dans la chambre qui m'avait été assignée, toute la journée, à m'ennuyer comme un rat mort. Puis, quand arrivait la nuit, on venait me chercher pour m'amener à la grande salle. Là-bas, je devais rester debout, à regarder Reed flirter avec une nouvelle femme tous les soirs. Aoghan faisait en sorte que je ne puisse ma me dérober et m'obligeait à les observer grâce à ses pouvoirs. Je ne comprenais pas pourquoi il ressentait autant de plaisir à me torturer ainsi. Sûrement pour me briser, comme il disait. Mais ce dont il ne se rendait pas compte, c'est qu'au lieu de m'anéantir, cette vision m'emplissait de rage et de colère et nourrissait ma détermination à sortir d'ici, coûte que coûte.
Reed se leva de son siège, prenant la main de la sorcière qui partagerait son lit ce soir-là et sortit de la salle sans même daigner me regarder.
— Tu peux retourner dans ta chambre, déclara Aoghan avec un sourire narquois.
Je n'avais qu'une envie : lui faire ravaler son air insolent. Mais j'étais seule et absolument pas assez forte pour me confronter à lui. Je me devais de faire preuve de discrétion et m'en aller de là-bas au plus vite.
Une fois de retour dans ma prison, je me laissai tomber sur mon lit. J'en avais marre. J'avais besoin de sortir d'ici, ne plus être enfermée dans cette pièce que j'exécrai. Je me relevai et me mis à tourner en rond, puis allai regarder par la fenêtre. C'était tout ce qu'il me restait de l'extérieur. L'observer à travers un vitrage. Quelle tristesse.
Tout à coup, je réalisai quelque chose auquel je n'avais pas pensé jusqu'alors. Comment avais-je fait pour ne pas m'en souvenir ? Je retournai m'installer sur le matelas, m'assis en tailleur, fermai les yeux et posai mes mains sur mes genoux. J'essayai de faire le vide en moi, de me détendre et de retrouver cet endroit qui me permettrait de l'atteindre. J'ignorais combien de temps s'était écoulé lorsqu'enfin, je parvins au bon endroit. Je le sus tout de suite aux chuchotis que j'entendis autour de moi. Lorsque je rouvris les paupières, ce n'était pas le même décor que les dernières fois, mais je retrouvai cette ambiance si particulière. Pas de doute, j'étais bien dans le royaume des esprits et des fées. Je me levai de mon lit, et me dirigeai vers la porte, priant de toute mes forces pour que ça marche. La poignée tourna et le clic du mécanisme me décrocha un énorme sourire. Je pouvais sortir de la chambre ! Bon, en tant qu'esprit, soit. Mais c'était déjà un grand pas. En déambulant dans les couloirs, je ne croisai personne. Je me demandais si c'était parce que je ne pouvais pas voir les gens qui n'étaient pas dans ce monde parallèle ou parce que le château était réellement vide. Je me dirigeai vers la grande salle, y passait timidement la tête, mais tout était vide. Je poussai alors un soupir de soulagement et décidai d'aller voir au-dehors. Une fois les portes du domaine franchies, j'avançai doucement, ne pouvant m'empêcher de me méfier de ce qui pourrait m'arriver. Mais je me rendis vite compte que je ne courrais aucun danger et mes pas se firent de plus en plus grands, trop heureuse de goûter à un semblant de liberté.
En sortant du terrain, je décidai de me rendre dans le petit bois qui longeait le château. Cela faisait tant de bien de pouvoir marcher ainsi, en toute insouciance. Pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Je me trouvais bien stupide, pour le coup.
— Oh, je pensais trouver Reed.
Je me retournai en souriant.
— Bonjour Hazel. Qu'est-ce que vous faites-là ? l'interrogeai-je en fronçant les sourcils.
— C'est à moi de vous poser la question. Je m'attendais à voir Reed et c'est vous, à sa place. Il n'est pas là ?
— Non.
— Vous savez où il est ? insista-t-elle.
— On peut parler d'autre chose que du mec qui s'est bien foutu de ma gueule ? m'agaçai-je.
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DALL
ParanormalQuand elle se réveille à l'hôpital, Elia découvre qu'elle a perdu la vue. Elle ne se souvient de rien. La dernière chose dont elle est sûre est qu'elle était allée se coucher dans son lit, après une soirée un peu arrosée. Ses nuits sont bercées du...