8 mois plus tard.
Je m'empressai de sortir les pizzas du four et de les placer sur une planche en bois. Attrapant le rouleau à découper, je m'affairai à les trancher en huit parts, plus ou moins égales.
— Tu as besoin d'aide ?
Je me retournai vers ma sœur et l'accueillis avec un grand sourire.
— Sers-moi du vin blanc, tiens.
Cette dernière attrapa la bouteille sur le plan de travail et rempli un verre qu'elle me tendit.
— Reed n'aurait pas pu s'occuper de faire les pizzas lui-même ? Je veux dire avec lui, en un claquement de doigts, c'est fait.
— Ce n'est pas parce qu'il a des pouvoirs que ça veut dire qu'il faut faire n'importe quoi non plus, fis-je remarquer. En plus, il y a trop de monde avec nous ce soir pour qu'on se permette de faire une bêtise et que quelqu'un le voit en train de les utiliser.
— Ce n'est pas faux, reconnu Camille en trinquant avec moi.
Je bus une longue gorgée et retournai m'occuper du repas pour la soirée.
— Dire que vous êtes rentrés il y a huit mois alors qu'on n'avait plus de vos nouvelles depuis des semaines, que je commençais à croire que vous étiez morts et qu'aujourd'hui on fête votre pendaison de crémaillère.
Je ris doucement en refermant la porte du four puis me tournai vers elle.
— C'est clair... quelle histoire, quand même ! m'esclaffai-je. On amène déjà celles-là ?
Elle m'aida en prenant mon verre et nous allâmes retrouver le reste du groupe dans le salon.
— Ah ! Les pizzas ! s'exclama Mylène en nous voyant arriver.
Je posai le plat sur la table basse et chacun commença à piocher allégrement pour se servir. J'allai m'asseoir à côté de Reed, en pleine discussion avec Amir. Il ouvrit son bras, qu'il glissa autour de ma taille et me rapprocha ainsi de lui. Je posai ma tête sur son épaule et observai le reste des convives.
Il s'en était passé des choses, depuis que nous étions revenus. D'abord, il avait fallu expliquer notre longue absence. Ensuite, j'avais passé de nombreuses semaines à faire des crises d'angoisses et de multiples cauchemars avaient peuplé mes nuits. Mais grâce à Reed, son amour et toute la patience dont il avait su faire preuve envers moi, cela faisait dorénavant trois mois que je n'avais pas fait un mauvais rêve lié à tout ce qui nous était arrivé. Je lui étais plus que reconnaissante de tout ce qu'il avait fait pour moi. Sans lui, je n'aurais jamais réussi à reprendre le dessus.
— Au fait, Hazel t'embrasse, me confia-t-il à l'oreille.
— Pas sur la bouche, j'espère ! plaisantai-je.
Depuis que j'avais donné tous mes pouvoirs à Reed pour qu'il puisse se débarrasser d'Aoghan, je n'étais plus capable de me rendre dans le monde des esprits et des fées. C'était là mon seul regret de ne plus les avoir. Je m'étais vraiment attachée à la dryade. Heureusement, Reed allait dorénavant lui rendre visite de manière plus régulière qu'avant et ne manquait pas de me donner de ses nouvelles à chaque fois.
— Non, ça va, elle s'est un peu calmée avec ça.
— De toute façon, je n'ai pas d'autre choix que de te croire, hein, fis-je remarquer en riant.
Il secoua la tête et m'embrassa sur la joue. Je le charriai. Car, même si j'avais une confiance aveugle en lui, j'avais bien conscience que Hazel était... à part, et que même si elle pouvait le surprendre en l'embrassant de façon tout à fait soudaine, je n'avais pas à me faire du souci.
De l'autre côté de la table, je souris à Aurel, qui était venu avec sa petite-amie. Cela ne faisait pas longtemps que nous nous retrouvions dans les mêmes soirées et j'avais été étonnée qu'il accepte de venir à notre petite fête ce soir. Qui plus est, accompagné. Mais nous ne voulions pas faire ressentir le poids de notre ancienne relation à notre groupe et les obliger à devoir choisir qui inviter à chaque fois. Aussi, nous avions pu avoir une bonne discussion et avions décidé d'aller de l'avant. Nous n'étions pas faits pour être ensemble, c'était un fait. En revanche, je devais reconnaître que lui et Magalie faisaient un très joli couple et j'étais profondément heureuse de le savoir épanoui.
La soirée s'écoula dans la bonne humeur et au moment de partir, nos amis proposèrent de nous aider à ranger, mais nous insistâmes pour qu'ils nous laissent tout ranger nous-mêmes. À vrai dire, du moment où ils auraient refermé la porte de notre appartement, Reed pourrait tout nettoyer d'un claquement de doigts. Ce serait bien plus rapide et bien moins fatigant.
— On se prévoit une sortie shopping un de ces jours ? me proposa Oriane, tout en m'enlaçant pour me dire au revoir.
— Carrément, je viens de toucher ma paie pour ma dernière traduction ! Pour une fois, je vais pouvoir me faire un peu plaisir.
Lorsque nous étions rentrés et que nous avions recommencé à vivre une vie « normale », j'avais eu la surprise de voir que les lettres de motivations que j'avais envoyées avaient fini par porter leurs fruits : une maison d'édition m'avait proposé de traduire l'un de leurs livres. Depuis, elle m'en avait déjà soumis deux autres et j'étais enfin pleinement épanoui dans mon travail.
Je me laissai retomber sur le canapé, tendant mes mains en coupes à l'attention de Reed. Ce dernier fit apparaître une tasse de thé entre mes doigts et je lui envoyai un baiser de loin. Le temps pour moi de boire une gorgée et il avait déjà tout nettoyé.
— Ça te dit de partir bientôt en voyage ? Il faut que je fasse de nouvelles photos, si je veux faire rentrer un peu d'argent.
— Tu sais bien que j'irais jusqu'au bout du monde avec toi, badinai-je en posant mes pieds sur notre table basse.
— Il me semble même que tu m'as dit une fois que tu me suivrais en enfer, s'il le fallait, rétorqua-t-il en soulevant mes pieds pour les reposer au sol.
Il s'assit à mes côtés et passa son bras par-dessus mes épaules.
— Tu n'es pas sérieux, lui demandai-je en sentant une pointe de panique poindre en moi.
— De quoi ? s'étonna-t-il.
— Tu ne veux pas aller en enfer quand même ?
Reed éclata de rire, sa voix ricochant sur nos murs décorés de photos diverses provenant de ses nombreux voyages.
— Tu ne penses quand même pas qu'on peut y aller ?
— Ben écoute, je n'en sais rien moi... Il y a encore un an en arrière, j'étais persuadée que la magie n'existait que dans les livres, alors bon.
Reed prit ma tasse, la posa à l'écart, puis m'attrapa par les hanches pour m'asseoir sur lui.
— Il s'en est passé des choses en un an, murmura-t-il contre ma bouche.
— Et tu es la meilleure qu'il me soit arrivé, susurrai-je avant de l'embrasser.
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DALL
ParanormalQuand elle se réveille à l'hôpital, Elia découvre qu'elle a perdu la vue. Elle ne se souvient de rien. La dernière chose dont elle est sûre est qu'elle était allée se coucher dans son lit, après une soirée un peu arrosée. Ses nuits sont bercées du...