DALL

Chapitre 38

Le lendemain matin, je me réveillai en appréhendant la douleur que j'allais ressentir au niveau de mes côtes. Aoghan m'en avait sûrement cassé une ou deux, la veille et quand bien même j'avais pris sur moi pour ne rien montrer sur le moment, j'avais eu un mal de chien. Je me redressai lentement, faisant déjà une grimace, mais rien ne vint. Je touchai mes flancs du bout de mes doigts et constatai que je n'éprouvai aucun mal. Je fronçai les sourcils, pas sûre de comprendre ce qu'il se passait. J'avais souffert, la veille au soir, j'en étais sûre et certaine. Alors, comment ?

Est-ce que c'était le fait d'avoir le pouvoir de Reed en moi qui m'avait soigné ? Il avait bien cette faculté, peut-être que d'avoir une partie de sa magie me permettait de pouvoir faire la même chose ? C'était vraiment étrange.

Je repoussai les draps et m'étirai, avant de me lever. En passant devant la fenêtre, je constatai que le soleil était déjà bien haut dans le ciel, il devait être midi, quelque chose comme ça. Hazel m'avait dit qu'elle pourrait m'aider et j'avais vraiment hâte de pouvoir commencer à m'entraîner avec elle. Je voulais partir de cet endroit sordide le plus vite possible. Et si je pouvais provoquer quelques dégâts au passage, je ne disais pas non.

Un frisson me traversa et je regardai la cheminée vide. Il faisait froid dans cette pièce et apparemment je ne devais compter que sur moi-même pour me réchauffer.

Bien. Première chose, avoir du bois. Je fermai les yeux et imaginai la forêt dans laquelle j'avais été dans le monde des esprits. Il y avait plein de branchages morts, là-bas. Si je pouvais réussir à en amener jusqu'à moi, ce serait l'idéal. J'entendis un craquement et quand je rouvris les paupières, la cheminée était pleine à craquer de branches. Je fis apparaître une flamme dans ma main et souffla dessus pour l'envoyer dans l'âtre. Aussitôt, le feu se mit à crépiter et je poussai un soupir d'aise. Au moins une chose de réussie. Et comme cela, je ne mourrai pas de froid pendant que j'irais rendre visite à la dryade.

Je retournai m'installer sur le lit et réussi à retrouver l'autre monde avec encore plus de facilités que la dernière fois. J'abandonnai mon corps et sortis du château, prenant la direction du petit bois qui le longeait. J'eus à peine le temps de poser un pied dedans, que Hazel se jeta presque sur moi.

— Comment allez-vous, aujourd'hui ? s'enquit-elle avec un sourire.

Je sursautai et plaçai une main sur mon cœur, ce dernier tambourinant dans ma poitrine.

— Si vous pouviez éviter de me causer une crise cardiaque, ça irait encore mieux.

La jeune femme m'adressa un franc sourire et se mit à marcher sans m'attendre.

— Vous avez l'air plus combative qu'hier, nota-t-elle.

— C'est-à-dire ?

— Juste que je ressens une énergie plus... offensive émanant de vous, expliqua-t-elle.

Je lui expliquai alors ma décision et comment s'était passée mon entrevue avec le seigneur du clan, la veille au soir. Hazel rit doucement et d'un mouvement de la main, fit voler les feuilles qui jonchaient le sol afin de libérer le chemin. Une chouette translucide la houspilla depuis sa branche et la dryade haussa les épaules, tout en continuant d'avancer.

— Du coup... vous étiez sérieuse, hier ? Lorsque vous m'avez proposé de m'aider à maîtriser mes pouvoirs ? Vous pouvez vraiment faire ça ?

— Bien sûr ! Comment croyez-vous que Reed soit devenu un sorcier aussi puissant ? me répondit-elle avec un clin d'œil.

Je l'observai, abasourdie.

— C'est vraiment grâce à vous ? Je pensais que c'était parce qu'il avait voyagé de par le monde et accumulé les expériences.