Aquatilia ~ Le secret de la perdition

Partie I/5

        Le jour dardait ses rayons sur la cité d'Aquatilia. Le sommet du temple absorbait la lumière qui rejaillirait une fois l'obscurité revenue. L'endroit, qui était redevenu vierge et sauvage le temps d'une nuit, se repeupla soudain. Des sirènes, mâles et femelles, sortaient une à une du couloir aux colonnes, avant de s'éparpiller, perturbant par leur présence le décor matinal.

        Les citoyens nagèrent jusqu'à leur chambre. Ils s'y faufilèrent, verrouillant derrière eux. Partout dans Aquatilia se propageaient des bruits d'acier qui s'entrechoquait.

        Thelma et Dant avaient à leur tour quitté le temple. Une fois sa chambre regagnée, le jeune homme tira vers lui la grille qui fit un vacarme assourdissant en se fermant.

        Le visage enjoué de son amie apparut à travers les barreaux. La sirène flottait à l'extérieur face à Dant qui la dévisageait avec amusement.

        -Que fais-tu encore là ? Va donc travailler fainéant ! le taquina-t-elle.

        L'Aquatilien rit de bon cœur.

        -J'ai un voyage à faire je te rappelle. Idéalement, bientôt.

        -L'imprégnation est proche, affirma Dant.

        -J'espère bien ! répondit-elle en pointant un doigt faussement autoritaire en direction de son ami.

        -Et toi ? Tu retournes sur ton île je suppose, s'intéressa le jeune homme-sirène.

        -Oui, j'explore la nouvelle grotte aujourd'hui.

        -Amuse-toi bien ! dit-il sur le ton d'un au revoir.

        -Pour ça, tu peux me faire confiance, assuma-t-elle.

        La réplique plut beaucoup à Dant. Ils s'échangèrent un dernier geste complice, puis se séparèrent.

***

        Les plantes furent ballottées, écrasées pour certaines. Plusieurs animaux filèrent soudain sous l'arrivée mouvementée de Constantin.

        Le jeune homme traversait la forêt en vitesse, contournant les arbres, évitant les branches. Il s'arrêta brusquement et observa autour de lui, attentif. Sa respiration était effrénée. Des gouttes de sueur perlaient en abondance sur son front. La nature était dense, élevée.

        Constantin se figea. Il sonda le moindre bruit, la moindre agitation, mais ne décela rien d'autre que l'environnement naturel d'une forêt tropicale.

        Le jeune homme inspira fort en s'essuyant le front avec le revers de sa main. Il s'assit ensuite, profitant de ce bref moment de répit.

***

        Les hommes s'étaient rassemblés sur le pont, face à Pinning. Ils luttaient tous pour tenir debout, les traits tirés, les yeux réduits.

        Pinning quant à lui, était gonflé de vitalité. Il tapa trois petits coups dans ses mains.

        -La nuit a été mouvementée Messieurs, j'en conviens, commença-t-il gaiement. Mais malgré la fatigue bien présente, j'aurais besoin, s'il vous plaît, de votre entière attention !

        Otto bailla allègrement, contagionnant le Borgne qui fit de même.

        -Comme vous l'avez compris, le jeune prisonnier s'est échappé, occasionnant la mort de notre très regretté Jeffrey, frère de cœur et de piraterie.