Aquatilia ~ Le secret de la perdition

Partie II/23

        Constantin reprit conscience. Spontanément, il essaya de bouger mais un filet l'enveloppait. Une fois les paupières ouvertes, sa vision se stabilisa sur les branches des arbres qui défilaient au-dessus de lui. Il comprit vite que son corps était traîné à même le sol. L'endroit était en partie dégagé. Il s'agissait d'un sentier boisé, en altitude.

        Le jeune homme posa son regard sur V qui suivait le cortège en pointant mollement une dague en sa direction. Ce dernier n'avait d'ailleurs pas remarqué le réveil du prisonnier. Il avait en vérité cessé de le surveiller depuis un bon moment par ennui, un ennui qu'il tâchait de pallier en s'intéressant à tout ce qui pouvait apparaître dans son champ de vision.

        Constantin tourna les yeux d'un côté, puis de l'autre, remarquant ainsi qu'il était tracté. Mr Chatham et l'asiatique tiraient chacun une corde qui s'acheminait sur leur épaule. Monsieur Pinning et la Plume discutaient quant à eux tranquillement en devançant le reste du groupe de quelques mètres.

        Soudain, un hurlement glaçant les fit tous sursauter. V lâcha son arme dans la foulée, sans même le réaliser. Constantin avait immédiatement reconnu la voix de Thelma. Le cortège s'arrêta, et toutes les têtes se tournèrent vers la mer, ou plutôt vers les rangées d'arbres qui s'interposaient. Le jeune homme quant à lui, fixait la dague de V qui s'était plantée à moins d'un mètre de là où il se trouvait.

        Au bout d'un certain temps, Chatham et l'asiatique se remirent en marche. Ils grimacèrent aussitôt de surprise en constatant le poids anormalement léger de leur cargaison.

        Le visage courroucé du colosse se dirigea lentement vers V qui, l'air penaud, était en train d'analyser la façon dont le filet venait d'être tailladé. Il blêmit ensuite en croisant le regard mauvais que Chatham lui portait. Un cri prépubère tonna soudain. L'immense pirate s'était rué sur lui, le soulevant maintenant par le col.

        -Tu étais supposé le surveiller ! vociféra-t-il en secouant le garçon comme un prunier.

        Constantin accéda au sommet en courant. Il ralentit ensuite en coupant ses derniers liens avec la lame, puis s'arrêta au bord de la falaise. Il scruta activement les environs. Ses yeux étaient inquiets, agités quand soudain, ils se posèrent sur la sirène.

        Cette dernière était hissée à bord de l'Écumeur des Mers comme une vulgaire marchandise. Elle hurlait en se débattant à coups de mouvements frénétiques et sauvages. Elle faiblissait, mais refusait pour autant d'abandonner, essayant par tous les moyens de se délivrer des mailles qui l'étouffaient en la ficelant de toutes parts.

        Le jeune homme s'alarma. Il déguerpit aussitôt, déterminé à agir.

© Tous droits réservés