Aquatilia ~ Le secret de la perdition

Partie I/10

        Le soleil était haut dans le ciel. Les cinq pirates avaient atteint le sommet de l'île. Haletant, ils se tenaient tous au bord de la falaise et observaient la mer, indécis.

        -Et maintenant ? demanda V.

        Monsieur Pinning observait autour de lui, très embarrassé, comptant visiblement sur le décor pour lui souffler une idée de génie.

        -Quelque chose me dit que nous n'avons pas beaucoup progressé, parla Chatham.

        Un silence maussade vint confirmer cette vérité.

        L'homme immense pencha la tête vers ses coéquipiers.

        -Si vous me le permettez, j'aimerais suggérer une solution un peu plus... radicale.

        V et Pinning échangèrent un petit regard inquiet.

***

        Constantin sortit brusquement des feuillages, détruisant tiges et branchages. Il courait à vive allure, déterminé, fuyant ses assaillants qui le coursaient.

        D'autres plantes remuèrent, certaines cassèrent. Le jeune homme s'engouffrait plus loin dans la forêt en filant comme les animaux qu'il rencontrait. Deux pirates l'avaient en point de mire. Ils maintenaient un rythme étonnamment bon. Excités par cette chasse, ils ricanaient bruyamment, les pistolets tendus prêts pour l'action.

*

        Pendant ce temps, Thelma s'ennuyait. Avachie dans son siège, le menton reposant sur sa paume, la sirène observait avec lassitude les murs de cette chambre où elle se forçait à rester.

*

        Un coup de feu retentit. Constantin continuait à fuir, infatigable. Il sauta avec élan et enjamba un ruisseau. Cuba, un des pirates qui le talonnait, fit de même. Monsieur Gweedoo trébucha quant à lui, tombant dans l'eau en percutant le bord.

*

        Thelma se tenait face aux ouvrages de sa bibliothèque. Sans hésiter davantage, elle déploya le bras et fit son choix.

*

        Constantin expirait fort et à intervalles réguliers pour ne pas faiblir. Il fixait droit devant lui, les traits durcis par la concentration. Ses bras avaient un mouvement ferme et puissant. Ils se balançaient au même rythme que les foulées.

        Soudain, Otto et le Borgne apparurent, comme sortis de nulle part. Ils lui barrèrent la route, l'air menaçant, l'arme à feu tendue, le doigt sur la détente.

*

        La sirène posa la pointe de son stylet sur la feuille d'algue. Elle songea un court instant puis commença, traçant un premier trait.

*

        Le jeune homme disparut brusquement en tournant sur sa gauche. Il esquiva Otto et le Borgne. Une balle faillit l'atteindre.

        Constantin fonça sur quelques mètres puis se précipita derrière un rocher pour s'y cacher. Il patienta, accroupi, essoufflé, les yeux hagards. Il tendit l'oreille et comprit que les deux pirates s'éloignaient.

*

        La tige entre les doigts de Thelma remuait pendant que cette dernière donnait libre cours à sa créativité. Le sol était tapissé de feuilles sur lesquelles le même portrait de Constantin avait déjà été dessiné, les yeux clos, le visage paisible, apparaissant sous différents angles.