Les paupières closes de Dant s'ouvrirent brusquement, laissant place à deux yeux gorgés de terreur. Le jeune homme-sirène s'éjecta de son siège, pris de panique. Il fonça vers la grille qu'il percuta de plein fouet, sans freiner. Ses mains tremblantes de stress tâchèrent de défaire le verrou. Il perdit du temps par maladresse. Finalement, un cliquetis suivi d'un lourd grincement de métal précédèrent la fuite de Dant, qui déguerpit de sa chambre dans la précipitation, tel un condamné à mort qui tenterait l'ultime évasion.
Le jeune homme arriva en trombe dans le temple. Aquatiliens et Aquatiliennes étaient déjà présents, ce qui n'étonna guère Dant. Il savait qu'il était le seul à avoir médité avec sérieux au cours de la journée. Les autres citoyens avaient tous dérogé à cette règle, désertant leur chambre avant l'heure pour profiter de la présence divertissante des Xenoriens.
Il balaya rapidement les lieux du regard, à la recherche de quelqu'un, puis aperçut Argos, occupé à s'entretenir avec les siens. Dant ne tarda pas davantage. Un puissant battement de nageoire le propulsa plus haut, jusqu'aux deux guerrières qui montaient la garde.
-Je dois parler à Artemus, immédiatement !
Le jeune homme avait hurlé ces quelques mots avant même d'avoir été vu. Les sirènes en armure tournèrent aussitôt leur visage en direction de la voix affolée. L'arrivée de Dant s'annonçait fracassante, si bien que les Xenoriennes empoignèrent le manche de leur trident des deux mains puis le brandirent en direction de l'importun. Dant freina de justesse, à deux doigts de se faire embrocher. Il stabilisa ensuite sa position à une distance suffisante des pointes.
-S'il vous plaît ! insista-t-il, je dois impérativement lui parler.
Les guerrières furent saisies par l'état lamentable de Dant. Il était agité, essoufflé, suffoquant de nervosité comme s'il rentrait tout juste d'un tour du monde à la nage chronométré.
-Qui dois-je annoncer ? demanda finalement celle de droite.
-Dant ! répondit-il comme si le temps était compté. Je m'appelle Dant !
Les Xenoriennes éloignèrent leur trident menaçant.
-Très bien Dant. Patientez ici, je vous prie.
Le jeune homme prit une profonde inspiration tandis que la sirène disparaissait dans l'ouverture. L'autre, restée seule, le gardait discrètement à l'œil. Ne tenant pas en place, il se retourna machinalement et observa le décor, sans sérénité apparente. Il remarqua d'emblée les jumeaux, accompagnés en ce début de soirée de deux jeunes Aquatiliennes qui n'en étaient pas à leur premier entraînement avec eux.
Neria avait clairement fait des progrès dans le maniement d'armes, au point de donner l'illusion d'être elle-même une Xenorienne. Tenant son trident des deux mains, elle parvenait à reproduire à l'identique les mouvements d'attaque que Vacchos exécutait en démonstration. Illysse, quant à elle, était loin d'être aussi concentrée que sa camarade. Face à une cible, un harpon en main, l'Aquatilienne avait exagérément tourné la tête vers Helios, le dévorant des yeux sans écouter un mot de ses directives.
Mais Illysse ne résista pas davantage. Elle lâcha son arme, puis sauta au cou du Xenorien, l'agrippant des deux bras pour l'embrasser à pleine bouche comme si sa vie en dépendait. Pris au dépourvu, Helios ouvrit de grands yeux surpris, les lèvres toujours collées de force à celles de la demoiselle. Il tenta de se défaire de son emprise, tout en douceur, quand Neria se mêla à l'affaire. Elle tira brusquement le bras d'Illysse vers elle, interrompant le baiser dérobé avec une bonne dose d'agressivité. Elle poussa ensuite sa rivale qui venait tout juste de rouvrir les yeux. Cette dernière répliqua par une violente gifle, énervant Neria plus encore. Helios se plaça vite entre les deux sirènes pour faire obstacle, étirant les bras pour les éloigner l'une de l'autre. Vacchos, qui avait suivi toute la scène, se mit à rire.
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Aquatilia ~ Le secret de la perdition
ParanormalXVII° siècle. Constantin rêve d'aventures. Mais quand on est le fils de l'Amiral de Port Royal, il est difficile d'échapper à ses obligations. Une violente dispute finit par éclater entre Constantin et son père. Le jeune homme fuit le nid familial...