Prologue

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Salutations à toi cher lecteur, ou lectrice !

Je tiens tout d'abord à te remercier car tu es en train de lire mon précieux Aquatilia et cela me comble de joie !

Comme tu peux le constater, tu t'apprêtes à lire le prologue. Si j'ai fait le choix de l'ajouter après la partie I et non au début comme le veut la coutume, c'est parce qu'il est assez à part mais reste cela dit essentiel à la bonne compréhension de la suite de l'histoire.

Sur ce, je n'interromps pas plus longtemps ton aventure ;)

Très bonne lecture à toi !

Berry

**********        

        C'était maintenant que le grand conseil devait avoir lieu. Comme chaque décennie, nous nous réunissions pour débattre du monde aquatique sur lequel nous régnions du haut de notre propre monde, le monde spirituel.

        Nos corps étaient immatériels et hybrides, mi-humains, mi-poissons. Chacun de nous demeurait immobile, flottant au-dessus d'un socle lumineux aux couleurs de notre emblème. Nous étions des milliers à patienter et le spectacle qui en découlait était déconcertant de beauté. La texture blanchâtre et éthérée de nos corps perçait l'obscurité. Ensemble, nous formions une arabesque complexe et perpétuelle qui semblait s'étendre à l'infini dans un espace sans murs.

        Nous étions des esprits, mais nous n'avions pas toujours été ainsi. Nous avions été des sirènes autrefois, créées d'une main de maître par le seul qui avait toujours été esprit, Mortica. Avant lui, les mers et les océans avaient été dépeuplés. Jadis, il avait enclenché ses lourdes machines d'acier qu'il avait fait fonctionner nuit et jour pendant des décennies pour concevoir sirènes et créatures.

        Il était le Créateur de notre monde, le plus ancien et le plus puissant de nous tous. Néanmoins, si le conseil d'aujourd'hui tardait à commencer c'était parce que le socle central, la source de tous les autres, demeurait vacant, illuminé par l'emblème du Kraken. Mortica manquait à l'appel. Il avait déserté le grand conseil des esprits, une fois encore.

        -Combien de temps nous faut-il encore patienter ? L'un de vous le sait-il ?

        Une voix grave et profonde venait de résonner en nous, celle de Pristos. Ses lèvres étaient restées closes. Il s'était adressé à trois de ses congénères par la pensée tout en dirigeant son regard vers le socle inoccupé. Pristos était beau. Il était fort et vigoureux. Ses sourcils droits surplombaient deux yeux en amandes expressifs. Sa mâchoire carrée s'alliait à une carrure puissante. Sa queue de poisson était imposante et ressortait plus claire que celle des autres. Il en était de même pour sa chevelure, témoignant de sa blondeur passée, à l'époque où il avait été homme-sirène. Aujourd'hui, il était l'esprit de la cité sous-marine de Brixus et son emblème était celui du Léviathan.

        -Il était absent aux deux derniers conseils. En quoi celui-ci serait-il différent ?

        Une voix suave et pénétrante vibra à son tour, celle d'Horatio, esprit de la cité d'Exoris dont le corps translucide flottait au-dessus de l'emblème de l'Hippocampe. Horatio était beau lui aussi. Nous étions tous beaux à dire vrai. Mortica avait un goût très prononcé pour la beauté. Il nous avait créées en conséquence, nous, les sirènes ancestrales. Horatio était sans pareil. Il fut un temps où ses cheveux avaient été couleur d'automne. Le galbe de son corps impalpable était parfait. Son sourire était l'un de ceux qui caressait les cœurs tout en les embrochant impunément. Pourtant, ce sourire était absent. Il y avait en vérité bien longtemps qu'Horatio avait cessé de sourire. Il en avait brisé des cœurs, certes, mais le sien était parti en lambeaux à la seconde même où il avait perdu la seule sirène dont il se fût jamais épris, Dulcia, autrefois dirigeante de la cité d'Exoris. Si aujourd'hui Horatio semblait encore plus mal que d'ordinaire, c'était parce que l'espace d'un instant, il avait cru pouvoir enfin la rejoindre.

Aquatilia ~ Le secret de la perditionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant