L'internat du feu sacré : Le labyrinthe des disparus

Chapitre 7 : Secrets bien gardés

~ Enzo ~

Je me réveillais avant que l'orgue ne chante, une première étant donné que j'étais plutôt un lève-tard. Le petit déjeuner ne serait pas servi avant quelques heures et j'avais envie de me promener tant que tout le monde dormait encore. Passant silencieusement entre les lits de mes frères et sœurs, je descendis jusqu'au jardin. Je marchais sans but précis, bougeant au gré de mes pensées, lorsque j'entendis une petite explosion suivie de rires. Sans faire attention je m'étais aventuré dans la forêt qui bordait un côté de l'internat et sur ma droite je distinguais maintenant l'entrée d'une grotte en partie cachée par des branches. Les rires redoublèrent, me guidant jusqu'à cette caverne mystérieuse. Désireux d'être discret, je restai sous la fronde des arbres et avançai, évitant les branches mortes et les feuilles qui pourraient signaler ma présence. En arrivant devant l'entrée, je m'aperçus que les deux voix s'étaient mises à parler, s'encourageant à recommencer pour apprendre à maîtriser un certain pouvoir. Écartant une branche, je me penchai et observai l'intérieur à travers l'ouverture que je venais de créer. La cavité était éclairée par des bougies posées le long des murs, le plafond se trouvait bien assez haut pour permettre aux deux individus de se tenir debout. Ceux-ci se tenaient au centre de la pièce, autour d'eux deux poufs avaient été installés et une table reposait contre le mur. Une boule de feu sembla surgir des mains de la personne la plus grande, elle fusa vers le haut et percuta le plafond en explosant dans une gerbe d'étincelles, illuminant toute la grotte. Tandis que les deux filles éclataient de rire, car c'était bien des filles, je découvris enfin qui se cachaient ici. Celle qui avait fait apparaître des flammes de ses mains était Giulia, la demi-déesse avec qui j'avais parlé le soir dernier. Et la deuxième personne n'était autre que mon mentor, Ellie Diaz. Retenant une exclamation de surprise, je tentai de rebrousser chemin mais une branche se brisa sous ma semelle et les deux guerrières se tournèrent vers moi, tel un prédateur ayant trouvé sa proie. Avant que je n'ai pu faire un seul pas, Elles m'avaient rejoins toutes les deux, Ellie m'attrapa le bras et Giulia fit jaillir une boule de feu dans sa paume, me dissuadant d'essayer de fuir.

- Qu'est-ce que tu fais ici le mioche ? Demanda Giulia avec toute sa diplomatie.
- On ne t'a jamais dit que c'était mal d'espionner les autres.

- Depuis quand tu as des pouvoirs toi ? Lui répondis-je.

- Est-ce qu'on t'a demandé de te mêler des affaires des autres ? Questionna Ellie.

- Je n'arrivais juste pas à dormir, ce n'est pas de ma faute si vous n'êtes absolument pas discrètes.

- C'était une question rhétorique. Précisa-t-elle en me lançant un regard noir digne de sa partenaire.
- Bon, puisque on est tous les deux réveillés autant que ça serve à quelque chose. Allons au gymnase, tu as grandement besoin d'un entraînement Enzo.

- C'est pas que je vous aime pas, enfin ça dépend, mais j'ai des trucs à faire. Donc malheureusement je ne vais pas pouvoir te tuer aujourd'hui, le mioche. Nous avertit Giulia avant de partir encore plus profondément dans la forêt après avoir donné quelques conseils à Ellie sur la meilleure façon de me faire souffrir.

Nous marchâmes vers le lieu de ma future mort. Seul le gazouillement des oiseaux interrompait de temps en temps le calme matinal. Brisant le silence, je posai l'une des questions qui me trottaient dans la tête.

- Tout à l'heure, dans la grotte, qu'est ce qu'il s'est passé avec les mains de Giulia ?

- Avant de répondre à ta question, tu dois me jurer que tu n'en parleras à personne.

Je jurai, et elle m'expliqua que chaque demi-dieu possédait un pouvoir, mais qu'il était plus ou moins développé en fonction de chaque personne. Cela dépendait aussi de son parent divin, plus il était puissant, plus son enfant le serait.

- Alors le parent divin de Giulia est puissant non ? L'interrompis-je.

- Eh bien, en fait, on ne sait pas qui est le père de Giulia. Sa mère est une mortelle et elle l'a abandonné à sa naissance, mais son père ne l'a jamais reconnue.

- C'est possible ça ?

- Malheureusement oui, les dieux ne sont déjà pas très présents mais certains ne reconnaissent même pas leurs enfants. C'est pour ça que la chambre des P.D.I. existe et que Giulia en est l'Alpha.

- P.D.I. ?

- Ah oui, désolé, P.D.I. veut dire Parent Divin Indéterminé.

Nous étions arrivés devant le gymnase et Ellie arrêta la conversation pour me conseiller de me changer vite si je ne voulais pas avoir d'exercices supplémentaires dès le premier "cours". Tandis que je me dirigeai vers les vestiaires, j'eus le temps de la voir préparer une sélection d'épées, de bâtons de combats, et d'armes en tous genres.

Dans le vestiaire, une tenue de sport entièrement blanche avait été laissée à mon attention. Quand je l'enfilai, le tissu s'ajusta à mon corps comme une seconde peau, je n'avais jamais senti de matière aussi légère et aussi douce que celle que je venais de mettre. En rejoignant Ellie, je vis que de petits groupes s'entraînaient ici et là dans la salle, malgré l'heure précoce. Pour commencer mon entraînement, je dus faire quatre tours de la pièce en courant, et celle-ci faisait la taille d'un terrain de football. Le deuxième exercice consista à enchaîner des tractions et des pompes en répondant aux questions que mon mentor me posait sur la mythologie grecque. Grâce au peu de mémoire que j'avais, je réussi à répondre juste à la moitié des questions en me rappelant ce que j'avais lu à la bibliothèque le jour d'avant. Mais à chaque réponse fausse, je devais faire une traction ou une pompe en plus. Pendant une heure, j'alternai entre des poses de trente secondes et quinze questions. Après cela, Ellie me laissa me reposer cinq minutes puis elle m'expliqua le prochain exercice. Le but était que j'évite tous les coups qu'elle me donnait, elle commença avec ses poings et ses pieds, puis choisi un bâton de combat et continua ensuite avec toutes les armes que je l'avais vu préparer. Nous arrêtâmes seulement lorsque je ne pus esquiver cinq coups d'affilée et trébuchai. Mon entraîneuse m'aida à me lever et m'annonça que peu d'apprentis tenaient aussi longtemps le premier jour, nous pourrions donc essayer autre chose la prochaine fois. Je pris ça comme un compliment et retournai dans ma chambre pour prendre une douche puis je descendis prendre mon petit déjeuner, marchant lentement car tout mon corps me faisait souffrir.