~ Enzo ~
Mes paupières se soulèvent doucement, sensibles à la lumière qui perçait à travers la toile. Alors que ma vision s'adaptait, un visage surgit à quelques centimètres du mien, m'arrachant un cri de surprise. Je m'écartai brusquement tandis qu'un rire résonna, immédiatement suivit d'une exclamation de reproche.
- Giulia ! S'écria Ellie, tout juste réveillée par mon cri extrêmement viril.
Les rires de Giulia redoublèrent et elle se laissa tomber au sol, parfaitement satisfaite de sa blague.
- Désolée, mais j'étais obligée, réussit-elle à articuler.
- Ouais, c'est ça. Et en attendant, moi je dormais bien, pour une fois, s'agaça mon mentor avant de se lever et de sortir d'un pas énervé.
- Bonjour l'humeur, oui, marmonna Giulia qui avait perdu son sourire.
- On va manger ? Nous suggéra James d'un ton détaché de la situation.
Nous sortîmes dans le froid matinal puis déjeunâmes avec les Walker dans une atmosphère tendue. Ellie, dont l'humeur s'était légèrement améliorée, proposa d'aller s'entraîner sur la plage. James ne devait pas bouger s'il voulait que sa blessure finisse de guérir et Giulia choisit de rester avec lui. Nous partîmes donc tous les deux vers la plage. Le temps était couvert, mais pour l'instant le soleil subsistait. Quand nous arrivâmes enfin au sommet d'une dune, Ellie s'arrêta. Son regard semblait perdu dans l'immense étendue d'eau qui s'étirait devant nous. J'allais lui demander ce qu'il se passait quand je compris.
- Ça te rappelle ton père ? Demandai-je, presque sûr de sa réponse.
Ma voix la fit sortir de ses pensées et elle me dévisagea comme si elle avait oublié pendant quelques secondes que j'étais là aussi.
- Oui, répondit-elle, la voix rauque.
- Comment.... qu'est-ce qu'il s'est passé ? L'interrogeai-je, en essayant de trouver les bons mots.
Elle hésita, puis prit une grande inspiration et se lança.
- Aron et Luna étaient chez nous depuis un peu plus de deux semaines. Notre maison servait de refuge pour les demi-dieux qui voyageaient jusqu'à l'internat, alors on avait souvent d'autres enfants à la maison. Il était prévu qu'on les amène à l'internat le lendemain, et comme c'était le 14 juillet, mon père nous a proposé de monter sur le toit de la maison. Il y avait un petit balcon qui était accessible seulement par un escalier de service donc on n'y allait pas souvent. J'étais vraiment excitée à l'idée de voir le feu d'artifice de là bas. On s'est installé et le spectacle nocturne à commencé. Mais à un moment on a entendu du bruit, ça venait de l'intérieur de la maison. Mon père nous a ordonné de rester sur le balcon et il est descendu. On a attendu en silence jusqu'à ce qu'un cri résonne. J'aurais reconnu la voix de mon père entre mille. Aron est descendu à son tour et quelques secondes plus tard il est remonté, l'air blafard. Il a murmuré quelques mots à Luna et celle-ci est devenue blanche à son tour. Ils m'ont fait promettre de ne pas bouger tant qu'ils ne me l'auraient pas dit, puis ils sont retournés dans la maison. J'ai brisé ma promesse, bien sûr, et je les ai suivis. Je sentais que quelque chose n'allait pas bien avant d'arriver dans la cuisine. Ils se tenaient devant la porte et en bloquaient l'accès. Mais j'ai tout de même eus le temps de voir les corps des deux monstres qu'ils venaient d'abattre et celui de mon père, défiguré par des griffures. Il s'était sûrement fait surprendre par les monstres et n'avait pas eu le temps de se battre, car il savait le faire. Après mon arrivée, Aron et Luna ont ramassé leurs affaires, m'ont aidé préparer les miennes et nous sommes partis.
Des larmes coulaient sur ses joues et elle mit quelques minutes à retrouver sa respiration.
- Je n'imagine pas comment ça a du être dur, mais je te remercie de m'en avoir parlé, lui assurai-je, me sentant obligé de dire quelque chose après qu'elle m'eut livré autant de son passé.
Elle secoua la tête et fit un grand sourire, espérant faire disparaitre ces mauvais souvenirs.
- On y va ?
- On va faire quoi, en fait ?
- Tu vas voir, répliqua-t-elle avec un sourire narquois, comme s'il ne s'était rien passé.
Nous passâmes toute la matinée à échanger des coups avec deux longues branches que nous avions ramassées. À midi, nos bras et nos jambes ne pouvaient presque plus bouger et nous étions couverts de sable. Nous rentrâmes nous laver et décidâmes de préparer à manger. Comme aucun de nous n'avait d'idée de repas, je pris un livre de cuisine sur l'étagère et ouvris une page au hasard.
Risotto aux champignons
Pas très compliqué si on suit bien la recette. Nous demandâmes les ingrédients qu'il nous fallait à Margaux, puis nous nous mîmes au travail. Je m'occupai de couper les champignons et Ellie fit revenir une gousse d'ail.
- Il faut combien de grammes de riz ? Me demanda-t-elle car le livre était vers moi.
- 150 g, déclarai-je après avoir jeté un rapide coup d'œil sur la page.
Elle n'avait apparemment pas confiance en moi car elle s'approcha et se pencha par dessus mon épaule pour vérifier.
- 250 g, Enzo ! S'écria-t-elle. Il faut 250 g !
- Oui bah, c'est pareil, rétorquai-je, pas le moins du monde désolé.
- Bien sûr, c'est comme si je te donnais cents coups de bâton au lieu d'un ! S'exaspéra-t-elle
- Essaie pour voir, la défiai-je.
Mais au lieu de m'attaquer comme je le pensais, elle plongea sa main dans le paquet de riz qu'elle tenait et me lança les petits grains dessus. Ils piquèrent ma peau tels des aiguilles et se glissèrent dans mes vêtements. Je répliquai en attrapant le saladier où elle en avait déjà versé une partie, je pris une poignée de ces petites armes et les lui jetai à la figure. Elle s'apprêtait à recommencer quand une voix nous interrompit.
- On dirait des gamins, vous avez quel âge ? Déclara Giulia qui venait d'apparaître à l'entrée de la cuisine.
Pour toute réponse, Ellie lui envoya une salve de nos munitions. Malheureusement, Giulia esquiva l'attaque et se fut James, qui se trouvait derrière, qui la reçut. A partir de ce moment là, des équipes se formèrent, les filles firent un pacte et James et moi en profitâmes pour nous venger. Du riz vola et des exclamations se firent entendre. Notre bataille prit fin quand Emy entra et nous demanda si une tornade était passée dans la cuisine. Nous nous rendîmes alors compte de l'état de la pièce et après avoir demandé à Emy de ne pas en parler pour l'instant, nous rangeâmes le plus vite possible. Giulia partit acheter un nouveau paquet de riz et nous terminâmes de préparer le repas tous les quatre.

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L'internat du feu sacré : Le labyrinthe des disparus
FanfictionIls sont 4, tous des demi-dieux. ils ont chacun une histoire différente, certains ont des secrets, d'autres des peurs ou encore des chagrins. Ils sont spéciaux et ont été choisis pour accomplir de grandes choses, qu'ils le veuillent ou non. Mais d'...