~ Ellie ~
« Abandonne, tu ne peux pas le sauver, tu es faible. Abandonne.» répétait une voix autour de moi, tandis que mon père appelait à l'aide, en vain.
- Non, laissez-moi ! Criai-je alors que des griffes sombres entouraient mes poignets et mes chevilles, m'empêchant de bouger. M'obligeant à regarder mon père se faire attaquer encore et encore sans pouvoir intervenir.
« Abandonne, tu ne n'y arriveras pas, tu as échoué. » continua la voix en devenant de plus en plus forte. Pendant que la vie quittait peu à peu les yeux de l'homme qui m'avait élevée, aimée et protégée.
- Non, s'il vous plaît.
Ma voix s'était réduite à un murmure, et moi, j'étais redevenue la petite fille qui avait regardé son père mourir, seule, impuissante. Supplier, c'était la seule chose pour laquelle j'avais encore de la force. La voix s'entêtait, puisant dans mes dernières petites miettes de courage pour grandir, encore et encore. Mais je n'avais plus le pouvoir de lutter, elle avait raison j'étais faible, une lâche, et la voix finit par m'engloutir.
Je me réveillai en sursaut, un cri étranglé dans ma gorge. Mon cœur palpitait dans ma poitrine et mes mains tremblaient. Je dus faire appel à toute ma volonté pour ne pas fondre en larmes. Et il me fallut un moment avant de retrouver une respiration à peu près normale. Autour de moi, mes trois compagnons dormaient d'un sommeil agité, en proie à des cauchemars terribles. Giulia se tordait dans tous les sens et les deux garçons marmonnaient des mots presque inaudibles. Je me demandais s'il fallait les réveiller quand Enzo se mit à crier.
- Aidez-moi ! Il y a quelqu'un ? À l'aide !
Je m'approchai de lui en vitesse, croyant qu'il s'était réveillé. Mais ses yeux étaient clos et il était toujours allongé. Je lui secouai l'épaule.
- Enzo ! Enzo, réveille toi ! répétai-je de plus en plus fort.
Il se redressa enfin, regardant autour de lui comme s'il avait oublié où il se trouvait. Quand son regard se posa sur moi il parut se calmer légèrement. Mais la panique et la peur se lisaient encore dans ses yeux. Il prit son visage dans ses mains, essayant de contrôler sa respiration.
- J'étais aveugle, murmura-t-il enfin d'une voix tremblante. Dans mon cauchemar, j'étais aveugle. Il y avait des bruits étranges, j'appelais à l'aide, mais personne ne me répondait.
Je ne savais pas vraiment quoi dire pour le rassurer. Qu'il ne fallait pas qu'il s'inquiète, cela n'allait jamais lui arriver ? Je n'en avais aucune idée, après tout, il pouvait très bien devenir aveugle un jour. Alors je me rabattis sur quelque chose où j'étais plus à l'aise, les faits concrets
- L'achluophobie.
Il me regarda bizarrement et parut encore plus perdu. Je n'étais vraiment pas douée pour rassurer les gens ou simplement leur parler, en fait.
- La peur du noir, me repris-je, ça s'appelle L'achluophobie.
Voyant que ça ne marchait toujours pas, je tentai une autre approche.
- Moi aussi j'ai fait un cauchemar. Avec mon père, précisai-je.
Il me signifia d'un hochement de tête qu'il avait compris. Alors je continuais.
- Je pense que c'est à cause de Morphée, c'est le dieu du sommeil après tout.
- Mais pourquoi il ferait ça, ça lui apporta quoi ?
- J'en sais rien... je soupirai. Peut être qu'il veut juste s'amuser. Ou nous fatiguer, parce que personnellement, j'ai pas l'impression d'avoir dormi.
- Non, moi non plus.
- Ça va mieux ? demandai-je quand je remarquai que sa respiration s'était apaisée.
Je posai ma main sur son bras en attendant sa réponse, soucieuse.
- Ouais, répondit-il en forçant un sourire, t'inquiètes pas.
Le bruissement d'un sac sol nous fit sursauter. Tournant la tête, je vis Kyma se relever doucement, il ne semblait pas s'être réveillé brusquement et paraissait reposé, au contraire de nous.
- Tu as bien dormi ? Demandai-je, mi impressionnée, mi septique.
- Oui, même si j'ai connu mieux. Morphée ne peut pas m'atteindre, j'ai comme une barrière de protection, expliqua-t-il devant nos airs ahuris.
- C'est pas juste, grogna Enzo, lui il a le droit de dormir sans vivre ses pires angoisses.
- Morphée ne fait pas que vous envoyer des mauvais rêves, il vous prend votre énergie à chaque fois que vous lui tombez dans les bras.
Voilà qui expliquait pourquoi nous étions si fatigués. Nous décidâmes alors de faire sortir Giulia et James de leur cauchemar respectif pour éviter que Morphée ne leur prenne toute leur énergie. Ils se réveillèrent tous les deux étourdis et essoufflés, mais refusèrent de nous dire de quoi ils avaient rêvé. Mais connaissant Giulia, cela devait sûrement avoir un rapport avec les araignées.
Nous mangeâmes quelques biscuits trouvés dans le sac de Giulia pour reprendre des forces et nous pliâmes la tente. Puis nous reprîmes nos recherches, protégés par les pouvoirs de Kyma. Plus fatigués que jamais, notre moral était au plus bas et tout ça commençait à devenir vraiment compliqué. Nous avancions en traînant des pieds et seule la radio d'Enzo qui diffusait des chansons entraînantes en continu, puisant au fond de nous le peu d'espoir qu'il nous restait, nous empêchait d'abandonner.
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L'internat du feu sacré : Le labyrinthe des disparus
FanfictionIls sont 4, tous des demi-dieux. ils ont chacun une histoire différente, certains ont des secrets, d'autres des peurs ou encore des chagrins. Ils sont spéciaux et ont été choisis pour accomplir de grandes choses, qu'ils le veuillent ou non. Mais d'...