Chapitre 55 : Un baiser d'au-revoir

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~ Enzo ~

- Enzo ! Il y a un appel pour toi ! cria Hestia depuis la porte du réfectoire.

L'herbe me chatouilla les bras quand je me relevai de l'endroit où je m'étais allongé. Je regardai Ellie avec un air désolé puis filai vers notre directrice, regardant une dernière fois les nuages dans le ciel bleu.

- Ce n'est pas parce que les cours sont finis depuis deux jours que vous devez passer votre temps à rêvasser dans le jardin, me sermona-t-elle

- Désolé Hesita, mais il fait trop beau pour rester à l'intérieur à nettoyer et ranger, m'excusai-je sans pouvoir retenir un petit sourire.

Cette année le soleil avait tardé à arriver et nous en avions profité dès qu'il était sorti. La plupart des demi-dieux de l'internat passait leurs journées dehors. La déesse me tendit le seul téléphone de l'internat en secouant la tête, faisant bouger ses cheveux roux d'une manière hypnotisante.

- Hé bien, qu'est-ce que j'entends là ? grésilla une voix dans l'appareil.

- Maman ! m'exclamai-je en collant le téléphone à mon oreille.

- J'espère que tu m'aideras plus cet été...

- Cet été ?! m'étonnai-je car je n'avais pas encore réalisé que je passerai sûrement les vacances avec ma mère et pas à l'internat.

- Oui, j'appelais pour te dire que je viens te chercher demain soir. Je sais que c'est un peu précipité mais je m'adapte encore à diriger un salon de coiffure et je n'avais pas prévu ça.

- Ne t'inquiètes pas, c'est pas grave. Je vais me dépêcher de préparer mes affaires et prévenir mes amis. À demain, Maman, j'aurais vraiment beaucoup de choses à te raconter.

Je raccrochai dès qu'elle m'eut dit au-revoir et retournai dans le jardin en vitesse.

- C'était qui, Boucles d'or ? me demande mon mentor en se relevant, dessinant des motifs dans l'herbe avec son bâton.

- Ma mère, elle voulait me dire qu'elle vient me chercher demain soir.

Le sourire d'Ellie disparu quelques secondes avant de réapparaître, beaucoup moins convaincant.

- Alors comme ça tu t'en vas ?

Je fus pris d'une soudaine culpabilité à l'idée des laisser tous les trois pendant deux mois. De partir seul avec ma mère alors qu'eux ne voyaient presque jamais leurs parents.

Ellie du s'apercevoir de mon changement d'humeur car elle me donna un coup d'épaule avant d'ajouter :

- Je te taquine, t'as de la chance de pouvoir partir d'ici alors profite-en !

Pour changer de sujet elle me proposa un dernier combat avant d'aller m'aider à faire ma valise. J'acceptai avec un soulagement que je n'aurais jamais pensé ressentir à l'idée de me battre, même pour s'entraîner. Mais beaucoup de choses avaient changées et cela en faisait partie. Quand je m'entraînais avec Ellie je ne pensais plus à rien d'autre, je me focalisais sur ses mouvements et rien d'autre. Même s'il me faudrait du temps pour arriver à son niveau, j'avais beaucoup progressé et je comptais continuer. 

Giulia nous rejoignit dans le gymnase alors que nous allions commencer. Ellie lui expliqua ce qu'il ce passait et la fille d'Hadès décida de se placer aux côtés de son amie. J'allais donc devoir combattre pas une mais deux demi-déesses des plus puissantes de notre génération. Heureusement pour moi, je ne fus pas seul très longtemps. James se joignit à moi en plein milieu du combat.
Nous nous battîmes longtemps, épée contre épée, bâton contre bâton, comme si nous étions seuls au monde.

Mais nous fûmes bien obligés de revenir à la réalité. Je partis finalement faire ma valise pour le lendemain, seul, car Giulia avait pris Ellie à part pour lui parler.

Après le dîner, nous nous rejoignîmes dans la salle de musique, pour jouer une dernière fois ensemble. Plusieurs autres demi-dieux vinrent nous écouter, Hestia aussi, même si elle resta à l'entrée de la salle pour ne pas se faire remarquer.

Pour mon dernier jour de l'année à l'internat, j'étais malheureusement de corvée et je passai la journée à nettoyer, ranger et faire à manger pour les autres pensionnaires. Bien sûr Hestia aurait pu faire tout ça grâce à sa magie, mais elle préfèrerait nous laisser faire, cela nous apprenait, renforçait notre esprit d'équipe. Car effectivement, la plupart des demi-dieux ne connaissent pas les mots "ordre" et "rangement" et ils ont de fortes pulsions suicidaires. Mais ils sont soudés les uns aux autres et ne laisseraient pour rien au monde l'un des leurs de côté. Ils s'unissent envers et contre tout et c'est ça qui les différencie des autres.
Qui nous différencie des autres.

Nous étions devant l'internat, ma mère était déjà dans la voiture et attendait que je dises au-revoir à mes amis. Nous nous regardâmes sans vraiment savoir quoi dire. Puis Giulia pris la parole, brisant ce silence gênant.

- Crois pas que tu vas me manquer le mioche, disons juste que ça va m'énerver de ne pas pouvoir te charrier.

J'hochai la tête en dissimulant un sourire.

- Essaye de pas mourir avant la rentrée, railla Ellie avec un sourire amusé.

- Je vais essayer mais je promets rien, répondis-je en posant ma main sur ma nuque.

La fille d'Athéna sourit avant de déposer ses lèvres sur ma joue, furtivement, mais sincèrement.

- Qu'est-ce que j'avais dit, lança le fils d'Aphrodite d'une voix toujours neutre mais avec pour une fois un petit sourire.

Nos deux visages rougirent et nous nous regardâmes en souriant.
Puis je reculai de quelques pas et fini par monter à côté de ma mère.

Je me dis alors que je ne sais pas ce qu'il se serait passé si nous ne nous étions pas rencontrés, et je n'ai pas envie de le savoir. Je sais que j'ai de la chance de les avoir à mes côtés. Parce que, qui que l'on soit, où que l'on soit et quoi que l'on fasse, on aura toujours besoin d'une personne avec qui rire, avec qui parler, se disputer ou pleurer. Que ce soit un ami, une sœur ou un frère, on en a tous besoin parce que nous sommes simplement tous humains.

Et tandis que la voiture s'éloigne de l'internat, je sais que je n'oublierai jamais cette année, James, Giulia, Ellie et tout le reste. Je n'oublierai jamais ces moments que l'on a passés ensemble. Je n'oublierai jamais mes trois meilleurs amis. Tandis que ma maison éphémère commence à disparaitre, je colle mon front sur la vitre, je croise le regard de mes amis et je sais qu'eux non plus n'oublieront pas cette magnifique année.

À l'arrière de la voiture la radio magique que j'ai emportée se mit à jouer Going Home de The Score.

Je sais alors que ce n'est pas fini, nous nous retrouverons l'année prochaine.

Après tout c'est la devise de l'internat : « Ensemble, jusqu'au bout. »

L'internat du feu sacré : Le labyrinthe des disparusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant