~ Enzo ~
- Mon père est mort ! Lâcha Ellie avant de s'adresser à Giulia d'un ton amère. Ça te va ?
Puis elle disparue en courant, des larmes perlant aux coins de ses yeux.
- Merde, jura la demie-déesse à côté de moi, ce qui résumait plutôt bien mon état d'esprit.
- Hé ben, je ne sais pas ce que vous lui avez dit, mais là elle n'est vraiment pas de bonne humeur.
En me retournant, je découvris le frère d'Ellie, Aron, qui nous regardait d'un air désapprobateur.
- Merci, on n'avait pas remarqué.
- Franchement, j'adore ton sarcasme Giulia, c'est hyper encourageant pour les gens qui essayent d'engager la conversation avec toi.
- C'est fait exprès Aron. Enfin, je vais aller lui parler.
Elle se leva et pris la même direction que Ellie, me laissant seul avec un frère qui n'avait pas l'air de vouloir en rester là.
- Alors, de quoi venez-vous de parler ? Me demanda-t-il en prenant la place de Giulia.
- De son père. Répondis-je simplement.
- Ah, je vois.
Ces quelques mots me laissèrent comprendre qu'il savait exactement sur quoi avait porté notre conversation.
- Ce serait bien si elle parlait enfin à quelqu'un de ce qu'il s'est passé. Mais je sais que ce sera difficile, après tout, j'en fais encore des cauchemars.
Il me fixa, songeur, puis donna un coup sur la table et se leva.
- Comment peux tu connaître son histoire si elle ne l'a jamais raconté ? L'interrogeai-je en me levant à mon tour.
- Elle n'en a pas eu besoin. J'étais avec elle ce jour là. Répondit-il le regard dans le vide.
J'étais à court de mots, alors je me contentai de baisser la tête. Aron haussa les épaules, un sourire triste sur le visage et s'éloigna en direction de l'escalier, non sans une dernière recommandation à mon égard.
- Ne juge jamais quelqu'un avant qu'il ne t'ai raconté lui même toute son histoire. Et, ne te laisse pas faire par ma soeur, elle prend un peu trop la grosse tête.
Il disparut derrière le mur en m'adressant un clin d'œil. Je me souvins soudainement que j'avais ma deuxième séance d'entraînement avec Ellie et que j'étais déjà en retard. Je courus donc jusqu'au gymnase, espérant qu'elle n'allait pas m'ignorer ou me reprocher mon retard. Mais quand j'arrivai devant l'entrée, aucune trace de mon mentor. Je décidai de l'attendre devant l'entrée, et quelques minutes plus tard elle apparut en courant, apparemment je n'étais pas le seul à avoir oublié notre entraînement.
- Je suis désolée. Annonça-t-elle lorsqu'elle fut à ma hauteur, évitant mon regard.
Je voulus répliquer et m'excuser pour la maladresse dont j'avais fait preuve. Mais elle m'interrompit, comme si elle venait de lire mes pensées.
- Et ne me dis pas que tu es désolé aussi, tu ne savais pas donc tu n'as rien à te reprocher. J'aurais dû t'en parler avant. Conclut-elle en soupirant.
- Attends. Je la retins par le bras alors qu'elle commençait à se détourner. Tu ne devrais pas être obligée d'en parler, si tu ne te sens pas prête, alors je ne poserais pas de questions. Je n'ai pas à savoir si tu n'en as pas envie.
- Non, je... Elle s'arrêta et leva enfin son regard vers moi. Que veux tu savoir ?
Je ne répondis pas tout de suite, désemparé par sa réponse car je ne pensais pas que qu'elle accepterait.
- Racontes moi un souvenir heureux que tu as de lui, s'il te plaît. Finis-je par demander, même si des dizaines d'autres questions me tournaient dans la tête.
- D'accord, dit-elle après une hésitation. Mais on s'entraîne en même temps.
- Ce n'est pas moi suis arrivé en retard. Lui fis-je remarquer en me gardant bien de lui dire que je l'étais aussi.
Elle se contenta de me bousculer amicalement mais je préférais largement ça à la voir pleurer. Puis nous partîmes nous changer chacun de notre côté et nous commençâmes l'exercice. Cette fois ci, je disposais moi aussi d'une arme, un bâton de combat, j'avoue que je ne voyais pas vraiment en quoi un bout de bois pouvait être dangereux. Mais je n'étais pas non plus impatient de me battre avec des trucs pointus et coupants. Cependant, je n'avais jamais vu Ellie se battre avec un bâton, à croire qu'elle s'était retenue la dernière fois, elle enchaînait les coups tellement vite que le bâton était presque invisible la plus part du temps. Je parvenais à grandes peines à parer la moitié des coups. Les autres me brûlaient la peau, me laissant des marques rouge vif. Je n'allais pas tarder à m'impatienter quand elle commença.
- Tous les ans, on partait deux semaines en Charente Maritime et on naviguait sur l'océan dans le catamaran que mon père louait. Les soirs, quand on rentrait épuisés, on s'allongeait sur le canapé et on se racontait ce qu'on avait pu voir. Elle fit une pose, transportée dans le passé. Mais un soir, j'ai supplié mon père pour qu'on dorme sur le catamaran. Il a fini par accepter et on s'est couché sur le filet, sans rien d'autre que l'océan, la lune et nous. Je voulais rester éveillée pour apercevoir Artémis tirant la lune dans son char d'argent. Mon père ne m'avait jamais caché qui j'étais réellement, au contraire il me racontait toutes les histoires grecques et romaines.
- Et alors, tu as réussi ? Voulus-je savoir. Tu as vu la déesse Artémis ?
- Non, me répondit-elle en souriant. Je me suis endormie avant. Mais j'étais très déçue quand je me suis réveillée le lendemain matin, et je n'ai arrêté de pleurer que lorsque mon père m'a montré les dauphins qui nageaient juste à côté de nous.
Elle avait retrouvé le sourire et je souriais aussi en imaginant une petite Ellie essayant de voir une déesse dans le ciel étoilé. Nous arrêtâmes d'échanger des coups, enfin plutôt que je reçoive ceux qu'elle me donnait. En nous asseyant dans les gradins du gymnase, Ellie remarqua les marques sur mon corps et sortit un petit carré de ce qui ressemblait à un mélange entre un gâteau et de la pâte de fruits. Elle me le tendit en m'ordonnant de le manger et m'apprit que ce cube s'appelait de l'ambroisie et qu'en petite quantité cela pouvait soigner les demi-dieux. Je croquai un petit morceau et quand un goût de limonade atteignit mon palais, la douleur et les empreintes du bâton disparurent tandis que le souvenir de tous les étés pendant lesquels ma mère et moi avions bu la limonade qu'elle venait de préparer remontèrent à la surface de ma mémoire.
- Quel goût ça a ? Demanda mon mentor, tout d'un coup très attentive.
- La limonade que ma mère prépare chaque été.
- Et je suppose que tu viens de revivre tous ces moments ?
- Oui, mais comment tu sais ? L'interrogeai-je tout en commençant à me demander si elle n'avait pas vraiment le pouvoir de lire dans les pensées.
- L'ambroisie à le goût du souvenir au quel tu tiens le plus. Me répondit-elle fière de savoir quelque chose que j'ignorais, ce qu'il n'allait pas s'arrêter de si tôt.
- Et, merci. Murmura-t-elle de nouveau sérieuse. De m'avoir posé cette question là. Ajouta-elle, un sourire emplit de reconnaissance flottant sur ses lèvres.
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L'internat du feu sacré : Le labyrinthe des disparus
FanficIls sont 4, tous des demi-dieux. ils ont chacun une histoire différente, certains ont des secrets, d'autres des peurs ou encore des chagrins. Ils sont spéciaux et ont été choisis pour accomplir de grandes choses, qu'ils le veuillent ou non. Mais d'...