L'internat du feu sacré : Le labyrinthe des disparus

Chapitre 49 : Départ matinal

~ Ellie ~

Je fermai mes yeux, sentant toujours la peur de Giulia qu'il arrive quelque chose à Emy, son désaccord et sa colère, grâce à notre lien. Puis je me concentrai sur la sensation du vent contre mes joues, sur le contact entre ma main et celle d'Enzo, sur le bruit de l'océan à quelques mètres de nous et je me projetai dans jardin de l'internat, sachant que Giulia faisait de même. Derrière mes paupières closes, je vis les silhouettes de mes amis, tels que je les avait vus avant de fermer les yeux et j'imaginai alors des fils d'or. J'en attachai un autour du poignet de chacun d'entre eux avec mon esprit, sauf Emy, je lui en attachai des dizaines, des centaines, pour qu'elle perde le moins d'énergie possible. C'était cela mon pacte avec Giulia, elle acceptait de voyager en Iris-mail seulement si je promettais de protéger Emy, de donner plus, beaucoup plus de mon énergie à moi pour qu'elle puisse conserver la sienne. C'était sa seule chance de survie. Alors bien sûr, c'est ce que je fis, Emy ne mourrait pas, elle ne pouvait pas mourir, pas si près du but.

Une vague de chaleur m'entoura soudainement et je sus que nous nous dirigions à la vitesse de la lumière vers ce lieu qui avait été si longtemps ma maison, mais qui maintenant représentait notre seul espoir.

Je me rendis compte que nous étions arrivés quand je sentis de l'herbe contre ma peau au moment où je m'écroulai par terre. Mes oreilles bourdonnaient et j'avais l'impression que mon crane allait exploser tellement j'avais mal. Je n'avais même pas assez de forces pour ouvrir les yeux et à l'instant où j'essayai de bouger la tête, j'eus l'impression de tomber et puis plus rien.

Plusieurs fois, j'eus le sentiment d'être entre le sommeil et l'éveil, vous savez, ce moment où vous savez que vous êtes réveillé sans vraiment l'être, quand on se souvient encore de ce qu'on a rêvé. Et bien j'eus des dizaines de fois cette sensation là. J'entendais des voix, des mots ou des morceaux de phrases, mais je n'arrivais pas à savoir si cela était un rêve ou la réalité. Jusqu'au moment où une tristesse immense mêlée à de la colère fit disparaître toute autre sensation.

J'ouvris les yeux et me redressai en vitesse, regrettant aussitôt mon geste quand la lumière du jour me força à refermer mes paupières et que ma migraine rappliqua en force.

Je lâchai un grognement en me laissant retomber contre l'oreiller. Ce bruit réveilla Enzo qui dormait sur une chaise à côté de mon lit. Pas très confortable pour dormir si vous voulez mon avis. Je pus ouvrir suffisamment les yeux pour voir son air surpris.

- Tu es réveillée ? demanda-t-il comme s'il n'y croyait pas.

Je voulus lui répliquer que non, je dormais avec les yeux ouverts, mais je parvins juste à m'étranger avec ma salive. Il se précipita vers ma table de nuit et me tendit le verre qui s'y trouvait. Je le pris avec gratitude et avalai une grande gorgée.

- Doucement, tu vas encore t'étouffer.

Mon apprenti me regarda avec un air amusé tandis que je le fusillai du regard en pensant que Giulia aurait été fière de moi. Cette idée me rappela ce qui m'avait réveillée et je reposais brusquement mon verre sur la table.

- Giulia..., articulai-je difficilement à cause de la sécheresse de ma gorge, il faut que je la vois, maintenant.

Je me levai sans attendre de réponse de sa part et fis quelques pas pour vérifier si je tenais sur mes jambes, les premiers pas étaient douloureux mais ça pouvait aller. J'allais dépasser Enzo quand je remarquai que son sourire avait disparu.

- Il faut que je te dise un truc.

- Hé bien ça attendra, il faut vraiment que je vois Giulia.

Je sorti de l'infirmière en évitant sa main qui cherchait à me retenir et partis aussi vite que possible. J'entendis la voix d'Enzo derrière moi, mais ne m'arrêtais pas pour autant.

- Attends, Ellie, c'est vraiment important !

Il accéléra le pas pour me rattraper. Je marchai alors encore plus vite.

- Enzo, je suis sûre que ça peut attendre.

- Pas vraiment, justement. Écoute, si tu pouvais juste ralentir deux secondes, s'il te plaît. Ce n'est pas vraiment quelque chose que l'on dit comme ça.

J'envisageais de m'arrêter simplement pour qu'il me laisse tranquille après, quand j'entendis une voix vibrante de colère qui ne pouvait appartenir qu'à Giulia.

- Ellie... tenta une dernière fois le fils d'Apollon alors que j'ouvrai la porte du bureau d'Hestia.