Chapitre 15 : Dernière épreuve

21 2 0
                                    

~ Ellie ~

Des cris victorieux s'élevèrent dans l'arène. Je rendis son arme à Giulia et nous nous saluâmes. Hestia nous félicita encore une fois et fit apparaître de la nourriture en quantité pour que nous puissions reprendre des forces. Après une petite heure de repos, nous nous rassemblâmes de nouveau devant les portes closes du gymnase pour la dernière épreuve. Les héros avaient formé des groupes de trois et dessinaient une ligne asymétrique sur le fil départ. Chaque trio était en possession d'un disque en bronze troué au milieu, notre but consistait à emmener ce témoin jusqu'à la ligne d'arrivée en premier. Il ne devait pas atterrir dans les mains des autres équipes. Cette course aurait été simple si une série d'obstacles ne nous avait pas barré la route. Je devais réussir cette épreuve avec l'aide de Giulia et Enzo. Le morceau de métal en main, je me mis à courir à leurs côtés au signal de notre directrice. Nous arrivâmes assez vite devant une rangée de poteaux surplombés de cerceaux enflammés. Bien sûr, le seul moyen de traverser était de grimper à la corde qui pendait en dessous de chaque colonne d'acier et de franchir la barrière de feu car derrière, le sol se surélevait et arrivait à hauteur des anneaux brûlant.

- Pourquoi est ce que les poteaux d'Harry Potter sont ici et en train de brûler ? Demanda Enzo comme si tout le monde se posait cette question.

- Quidditch. Marmonnai-je.

- Quoi ?

- Ça ressemble à des buts de Quidditch pas "des poteaux de Harry Potter". Le corrigeai-je exaspérée.

- C'est pareil. Répondit-il en haussant les épaules.

- Laisses tomber, le mioche, elle veut toujours avoir raison. Intervint Giulia voyant que j'allais répliquer.

- Mais j'ai raison !

- On a une course à gagner au cas où tu aurais oublié, Ellie.

- Oui, bah c'est à toi de passer devant. Lui rétorquai-je en faisant mine de m'impatienter.

- Pourquoi moi forcément ?

Je lui adressai un regard éloquent et elle soupira puis commença à grimper. Notre ascension devenait de plus en plus éprouvante, la température augmentait plus nous nous rapprochions de la fin, la corde m'écorchait les mains et le disque de métal que j'avais passé à mon poignet m'entaillait la peau. J'avais senti Enzo glisser plusieurs fois mais il suivait toujours sans se plaindre. Giulia se hissa à travers le cercle, posant ses paumes dans un creux épargné par les flammes. Enzo penserait sûrement qu'Hestia avait laissé intentionnellement un petit espace pour nous permettre de passer et après tout il n'avait pas besoin de savoir la vérité. Je remerciai Giulia par la pensée avant de lâcher la corde et de faire passer le poids de mon corps sur l'arc de métal. J'avais passé une jambe de l'autre côté mais relâché mon attention avant que l'autre n'ait rejoins le sol. Les flammes léchèrent ma peau et je poussai un cri en retirant vivement ma jambe. Mais c'était trop tard, des cloques se formaient déjà sur l'extérieur de mon mollet et la douleur envahi mon membre inférieur entièrement en quelques secondes. Enzo cria mon nom et nous rejoignit sans plus se soucier du feu. C'est des larmes perlant aux coins des yeux et la voix tremblante que je répondis que j'allais bien, ce qui était plus ou moins convaincant. Giulia qui s'était agenouillée à côté de moi me demanda si j'avais de l'ambroisie. J'acquiesçai, vaguement consciente de sa question, l'esprit embrumé par la douleur. La demie-déesse fouilla dans mes poches et trouva un minuscule morceau du gâteau divin. Elle me força à l'avaler et la douleur reflua peu à peu jusqu'à ce que la rougeur de ma peau disparaisse. Mais une bande rosée s'étendait toujours sur mon mollet, longue d'au moins une dizaine de centimètres. J'essayai de me relever mais la zone brûlée me lançait furieusement à chaque mouvement. Je me laissai retomber au sol, la tête entre mes mains.

- Je n'y arriverai pas, murmurai-je désespérée. Continuez sans moi.

- Non. On n'abandonne personne. Dit fermement le fils d'Apollon. Pas vrai ? Ajouta-t-il en croisant le regard de Giulia.

- Si, on te portera. Ensemble ?

- Jusqu'au bout. Répondis-je à mi-voix, souriant en entendant la phrase que tous les demi-dieux de l'internat prononçaient, telle la promesse qu'ils seraient toujours unis.

Bien. Répondit-elle, satisfaite. Maintenant, mon sur mon dos.

Et c'est ce que je fis. Les autres équipes avaient énormément d'avance sur nous et Enzo et Giulia se mirent à courir dès que je fus installée. Ma blessure me rappelait à l'ordre à chaque sursaut mais ce n'était rien face à ce que j'avais ressenti au début. Nous fûmes bientôt en mesure d'apercevoir nos concurrents, une majorité d'entre eux s'était stoppée devant un immense mur qui coupait le chemin. Certains d'entre eux essayaient d'en escalader les parois, mais celles-ci étaient aussi lisses que du verre. En arrivant, je croisai le regard de mon frère et celui-ci fit mine de se rapprocher, inquiet, puis il se ravisa, se rappelant que tout contact entre équipes était interdit. Giulia me déposa par terre et s'assit à son tour, suivie de mon apprenti.

- Bon, on sait qu'on peut pas se servir de prises pour escalader ce truc. Récapitula-t-elle. Enfin on pourrait planter des poignards sur la surface mais pour ça il faudrait pouvoir utiliser ses deux jambes. Ajouta-t-elle en coulant un regard dans ma direction. Et puis on n'aurait jamais assez de lames pour nous trois.

- On peut faire la courte échelle. Proposai-je.

Le mur n'était pas si haut que ça et si Enzo portait Giulia, je pourrais atteindre le rebord. Mon idée fut acceptée à l'unanimité (et après de très grosses négociations). Nous allions devoir être coordonnés. Giulia se positionna dos au mur, un pied dans la main d'Enzo et je fis de même dans la sienne. Je me trouvais face à l'obstacle, en équilibre précaire sur ma bonne jambe. Quant Enzo souleva le pied de Giulia, elle poussa le mien en même temps et grâce à leurs forces conjuguées, je parvins à atteindre le haut de la paroi. Je dû tirer sur mes bras pour arriver à m'assoir sur le bord, je passai doucement mes jambes de l'autre côté et rétabli mon poids afin de pouvoir me pencher vers mes deux camarades sans basculer. Pour assurer ma sécurité, je décidai de planter mon poignard dans la paroi. La lame s'y enfonça aussi facilement que dans du beurre mais y resta solidement plantée. Je m'appuyai sur le manche et tendis la main à Enzo qui avait échangé sa place avec Giulia. Celle-ci râlait par ce qu'elle devait porter Enzo et que selon elle, ça aurait dû être l'inverse. Mais elle l'envoya tout de même vers moi et je l'aidai à monter à côté de moi. Étant la dernière, Giulia ne pouvait plus compter sur quelqu'un pour lui donner de l'élan. Elle recula alors de quelques pas et se mit à courir prenant appui sur le mur pour sauter vers le haut. Elle atteignit de justesse nos deux mains tendues. Nous la tirâmes et nous écroulâmes essoufflés lorsqu'elle fut sur le bord elle aussi. Ils se laissèrent glisser le long du mur, Enzo se réceptionnant tant bien que mal. Ne pouvant pas sauter comme eux, je dû me laisser tomber en arrière, en priant qu'ils me rattrapent comme il faut. Heureusement, mettant leur rancune de côté, ils lièrent leurs mains et j'atterris sans incidents sur la terre ferme. Ils décidèrent de changer et Enzo me pris sur son dos avant de se remettre à courir.


L'internat du feu sacré : Le labyrinthe des disparusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant