L'internat du feu sacré : Le labyrinthe des disparus

Chapitre 20 : Des poissons dans un bocal un peu grand

~ Giulia ~

Le bruit de la mer et des mouettes résonna autour de nous puis ce fut le silence total. Mes pieds touchèrent enfin le sol et un violent vertige s'empara de moi. Ma vision se brouilla et le monde se mit à tournoyer sous mes pieds. Je n'aperçus de notre nouvel environnement qu'une lueur étrange. Mes jambes me lâchèrent et je m'écroulai au sol, à moitié consciente. Les voix d'Ellie et du mioche me parvinrent, lointaines et déformées :

- Heu... Ellie, je crois qu'elle ne va très pas bien.

- Giulia !

La fille d'Athéna fouilla dans mon sac et sortit le flacon avec empressement.

- Bois ça ! Pourquoi il a fallu qu'on soit sous l'eau ?! Lâcha-t-elle entre ses dents.

Un liquide frais effleura mes lèvres et coula dans ma gorge. La fraîcheur se répandit dans mon corps, éclaircissant ma vision et redonnant des forces à mes jambes. Mon malaise se dissipa et je pus enfin prendre conscience de l'endroit où nous étions tombés. On aurait dit qu'un aquarium géant nous entourait. Les parois de verre qui nous protégeaient de cette immense quantité d'eau nous donnaient une vue imprenable sur l'océan sous lequel nous étions. Pas étonnant que mes sens aient été troublés avec autant d'eau à portée de main. La lumière du soleil nous parvenait difficilement, nous nous trouvions trop loin de la surface. Je me demandais qui avait pu construire cet endroit et si les parois étaient vraiment étanches. Seul un dieu pouvait être à l'origine d'un tel édifice, quant au deuxième point, je ne tenais pas tellement à le vérifier.

- Rappelez moi de refuser la prochaine fois qu'un dieu me proposera de me transporter je ne sais où, nous demanda le fils d'Apollon, dont le visage avait pris une teinte blanchâtre.

- Ho ça va, ça ressemble beaucoup au... À un moyen de transport qu'on utilise Giulia et moi, lui répondit Ellie.

- Et je suppose que vous ne devriez même pas en connaître l'existence ? Devina-t-il

- On est si prévisibles ?

- Vite, Ellie, il faut qu'on fasse une connerie que personne n'a encore faite, intervins-je en me relevant.

- Hé bien, fuguer de l'internat pour retrouver deux personnes, ce qui nous était formellement interdit, peut déjà être raillé de la liste, soupira-t-elle.

- Ellie, ne me dit pas que tu es en train de douter ? On les ramènera, quel que soit le temps que ça prendra, on y arrivera ! Assurai-je, sincère.

- Ouais, tu as raison.

- Bien sûr que j'ai raison ! M'exclamai-je avec un sourire espiègle.

- Bon je ne sais pas quelle heure il est mais notre priorité c'est de trouver un endroit pour dormir, ordonna la demie-déesse, reprenant le contrôle de la situation.

- Heureusement que le sol n'est pas en verre lui aussi, fit remarquer Enzo alors que je les informais qu'il était 18 heures passé. Je ne pouvais que donner raison au mioche, le sol étant constitué de terre et de sable humides, nous allions pouvoir planter la tente sans risquer de fissurer l'aquarium géant.

- Quoi ?! Je déteste les dieux ! Dionysos nous a fait perdre une journée entière ! S'énerva la fille d'Athéna.

- Fais attention à ce que tu dis, la prévins-je, levant les yeux vers le domaine de Zeus, pourtant invisible de là où nous nous trouvions.

Nous avions atterri dans une salle circulaire d'où partaient cinq tunnels. N'ayant aucune idée de leurs destinations, nous en choisîmes un au hasard. Nous ne pouvions pas rester dans la salle, il y avait trop d'entrées possibles à défendre en cas d'attaque. Les murs arrondis étaient aussi lisses que des miroirs, il n'y avait aucun point de repère. Nous nous aperçûmes bientôt que si nous pouvions voir à l'extérieur, notre vision se limitait à un certain périmètre par rapport à notre position. Il nous était impossible, par exemple, de voir les parois extérieures d'autres couloirs, même si nous étions certains qu'il y en avait. Nous finîmes par tomber sur une caverne rectangulaire. Il n'y avait qu'une seule entrée et donc aucune possibilité de fuir en cas de danger, si quelque chose nous attaquait, nous serions obligés de la combattre. Mais c'était la meilleure option. Nous installâmes donc notre camp pour la deuxième fois depuis notre départ. Nous veillâmes autour d'un feu car la température descendait de plus en plus. Il se trouva qu'Enzo avait emporté une des radios magiques de l'internat, celles qui s'accordaient sur l'humeur générale. Ellie piqua une crise quand elle le vit. Bon d'accord, je l'avais un peu aidée en ajoutant que si elle avait besoin, j'avais apporté un parasol. Ce n'était quand même pas de ma faute si mon sac pouvait contenir autant d'affaires que je le voulais et que j'en avais légèrement profité. " Someone you loved " de Lewis Capaldi emplit la pièce et Ellie se calma. Nous restâmes là un moment, les yeux fixés sur les flammes, la musique nous tenant compagnie et réchauffant un peu l'atmosphère de ce lieu inconnu.