Chapitre 35 : Fil de pêche et maquillage

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~ Enzo ~

- Ellie et James ont un plan, s'exclama Giulia après plusieurs heures de silence mutuel.

Je me tournai brusquement vers elle.

- Dis-moi qu'on va pouvoir faire quelque chose !

- On va leur faire perdre la tête à ces habitants du labyrinthe, répondit-elle avec un sourire narquois.

Je souris à mon tour tandis qu'elle m'exposait le plan. Notre mission était d'empêcher les "esclaves" de Morphée de poursuivre Ellie et James ou nous une fois la première partie du plan exécutée. Quand je demandai à Giulia en quoi consistait la première partie, elle haussa les épaules et me répondit qu'elle n'avait pas tout compris mais que de toute façon ce n'était pas à nous de nous en occuper. Pour la deuxième partie, nous avions décidé d'installer des pièges de fortune un peu partout dans le labyrinthe.

La partie la plus dangereuse était de traverser le mur d'eau car cela allait affaiblir Giulia et je serai le seul à pouvoir nous défendre si quelqu'un nous attendait de l'autre côté. Nous prîmes tout de même le risque. Giulia avala le peu de potion qui lui restait pour pouvoir supporter l'eau et nous traversâmes ensemble. Ma vision se brouilla quelques secondes et je fus de l'autre côté. Il ne semblait y avoir personne. Après m'être assuré rapidement que nous étions vraiment seuls, je me tournai vers Giulia et la vis appuyée contre le mur, les yeux clos, essayant de contrôler sa respiration.

- Ça va ?

Je voyais très bien que ça n'allait pas, mais c'était un réflexe de demander.

- Ça ira.

Elle rouvrit les yeux et se décolla du mur, un peu chancelante.

- C'est parti, on n'a pas que ça à faire, s'exclama-t-elle en me lançant une pelote de laine que nous avions trouvé dans son sac. Elle avait attaché une extrémité à son poignet et je fis de même avec l'autre bout. C'était le seul moyen de pouvoir nous retrouver facilement et rapidement si besoin. Nous installâmes les premiers pièges ensemble. Nous tendions du fil de pêche entre deux bâtons d'une vingtaine de centimètres (qui se trouvaient eux aussi dans le sac de Giulia). Nous avions posé une dizaine de pièges avant de terminer la bobine de fil. La fille d'Hadès m'envoya fouiller dans son sac qu'elle avait laissé dans un coin. Je mis quelques secondes avant de toucher quelque chose et quand je ressortis ma main, je vis que je tenais une palette de fard à paupières.

- Pourquoi t'as du maquillage ? criai-je en brandissant la palette.

Elle haussa les épaules.

- Pour les morts, on les maquille avant les enterrements. C'est très important pour certaines familles.

À ce stade j'avais appris à ne plus m'étonner des réponses qu'on me donnait surtout venant de Giulia. Je rangeai donc le maquillage et me remis à chercher le fil de pêche. Je le trouvai quelques instants plus tard retournai vers Giulia, fier de moi.

- Bon on se sépare, on a plus beaucoup de temps, Ellie vient de me dire qu'ils ont récupéré la clef de leur cellule, me rapporta Giulia en me tendant un petit tas de bâtons. Je les pris et les mis dans mon sac avec la bobine de fil, Giulia n'aurait qu'à en prendre une autre. Je pris un tunnel où nous n'étions pas encore passés et me mis au travail. Après une dizaine de minutes, je pensai en avoir installés suffisamment. Je fis donc demi-tour et me mis à courir, on n'est jamais trop prudent. Autant arriver le plus vite possible, Je devais retrouver Giulia juste devant le mur d'eau, et nous devions y attendre Ellie et James. Il ne me restait plus qu'à tourner deux fois à gauche quand je faillis rentrer dans deux personnes qui couraient elles aussi. Je m'arrêtai brutalement et dévisageai ceux avec qui j'étais presque rentré en collision. James et Ellie. Ils étaient essoufflés, on aurait dit qu'ils venaient de se battre avec une tornade et ils se tenaient la main. Ellie suivit mon regard vers leurs mains enlacées et lâcha celle de James.

- Où est Giulia ? Demanda celui-ci en regardant derrière moi.

- Je sais pas, on s'est séparé et on devait se retrouver devant le mur d'eau, expliquai-je rapidement.

- Et c'est quoi ça ?

Ellie désigna la laine attachée autour de mon poignet et le fil qui serpentait sur le sol. Je ne pris pas la peine de répondre et lançai simplement « suivez-moi ! » avant de me mettre à courir en suivant le fil. Nous mîmes quelques minutes à retrouver Giulia. Elle était plaquée dans un recoin, juste avant un des pièges. Elle nous fit signe d'approcher en silence.

- Qu'est-ce que tu fiches ? Commençai-je quand nous fûmes près d'elle mais elle m'empêcha de continuer en levant un doigt devant sa bouche, m'intimant de me taire.

- Regardez, murmura-t-elle amusée.

Alors que je commençais à me demander si elle n'était pas folle, un groupe de créatures et de demi-dieux arriva en courant, s'échangeant des ordres en criant. J'eus un léger mouvement de recul et l'envie de m'enfuir s'empara de moi.

- Non, laissa échapper Ellie entre ses dents en posant une main sur mon épaule.

Et elle avait raison, le groupe était maintenant à notre hauteur et si j'avais bougé, ils m'auraient vu. Les trois soldats en tête se prirent les pieds dans le fil de pêche et trébuchèrent. Mais Giulia avait dû améliorer ses pièges car dès qu'ils touchèrent le fil, des pétards explosèrent de chaque côté du tunnel. Les explosions avaient désintégré toutes les créatures et noirci le visage des demi-dieux restant. Nous aurions pu rester cachés dans notre recoin jusqu'à ce qu'ils s'éloignent, qu'on soit de nouveau en sécurité, mais les dieux en décidèrent autrement. Une musique de suspens s'éleva de mon sac à dos, emplissant tout le tunnel.

- Courez ! S'écria mon mentor après avoir lâché quelques injures en Latin.

Nous n'y réfléchîmes pas à deux fois et nous nous élançâmes en direction du mur d'eau, seul endroit que nous connaissions, les soldats à nos trousses. Nous étions presque arrivés quand des cris retentirent derrière nous. Je me retournai et vis que plus personne ne nous suivait, nos poursuivants s'étaient comme envolés.

- Attendez ! Criai-je à mes camarades. Il y a quelque chose de bizarre !

Ils se retournèrent et regardèrent fixement la silhouette encapuchonnée qui s'avançait vers nous.

L'internat du feu sacré : Le labyrinthe des disparusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant