Chapitre 9 : Souvenirs oubliés

36 2 2
                                    

~ Ellie ~

J'étais sur le toit de la maison où j'avais grandi, les étoiles brillaient de mille feu, l'air était doux. Tout semblait parfait. Pourtant, je savais que la fin de l'histoire n'avais rien à voir. Je ne voulais pas être spectatrice de ce qu'il allait se passer. Mais contre ma volonté, mon père se leva, il me regarda en souriant et me promit de revenir vite. Je connaissais la suite, alors je criais, mais personne ne m'entendait.

Je me réveillai en sursaut, mes cauchemars ne cesseraient donc jamais. Le soleil entrait à flots par la fenêtre, j'aurais dû être debout depuis longtemps. Je descendis en vitesse et m'installai dans un self désert. Apparemment, je n'étais pas là seule que notre petite sortie nocturne avait chamboulé, Giulia apparu sur le seuil de la porte, bientôt suivie de mon apprenti.

- S'il y a une chose qui me manque, c'est de ne plus pouvoir dormir autant que j'en ai envie. Déclara Enzo encore à moitié endormi.

- T'en fait pas Boucle d'or, dès que tu retourneras chez toi tu retrouveras ta petite routine. Dit Giulia qui participait pour la première fois à une conversation pendant le petit déjeuner.

Enzo fronça les sourcils à l'entente du surnom qu'elle lui avait donné et expliqua qu'il n'avait pas encore pris conscience qu'il retournerait chez lui pour les vacances.

- On n'est pas enfermés ici, tu sais, se moqua Ellie. Enfin pas tous.

- Oui, mais c'est pour notre bien. Répondit Giulia en imitant Hestia.

- Je crois qu'elle nous protège un peu trop. À force de nous empêche de sortir, on ne saura même plus se débrouiller hors de l'internat.

- Donc je pourrais voir ma mère pendant les vacances. Reprit Enzo qui n'était toujours pas passé à autre chose.
-Et toi El, tu le vois souvent ton père ?

- Tu as du culot de demander ça ! S'exclama Giulia, ahurie.

- Pourquoi ?

Enzo affichait un air perdu et
J'évitais le regard choqué de mon amie.

- J'hallucine, Ellie, tu n'es même pas capable de lui dire, c'est ton apprenti, bordel !

- Mais, de quoi vous parlez ?

Je lançai un regard suppliant à Giulia.

- Ton mensonge, ton problème ! Me répondit celle-ci d'un ton catégorique.

- Mon père est mort ! Ça te va ?

Après avoir lâché ces mots, je me levai, les larmes yeux, en bousculant la table et partis en courant. Laissant seuls Enzo qui essayait de remettre dans l'ordre ce qu'il venait de se passer et Giulia qui s'en voulait de m'avoir mise dans cet état, mais savait que j'en avais besoin pour arriver à faire mon deuil.

Je me réfugiai dans l'arbre du jardin où j'allais à chaque fois que je voulais être seule. Assise à l'endroit où deux branches parallèles se rejoignaient en formant un creux, je pouvais entendre les pensionnaires qui se promenaient en dessous de moi. Mais je n'étais pas d'humeur à les écouter, alors je me couchai en boule sur la couverture que j'avais installée et mis mon casque tout en lançant " Parler à mon père " de Céline Dion. Alors que des souvenirs affluaient derrière mes paupières closes, une main se posa sur mon épaule, me faisant sursauter. Giulia se tenait à côté de moi.

- J'étais sûre que tu serais là. Annonça-t-elle en s'installant sur la couverture.

- Je vois que tu as recommencé. Ajouta-elle en désignant les livres qui flottaient autour de nous, comme s'ils étaient retenus par des fils invisible. Ils parurent répondre à ces mots quand ils retombèrent tous, sans prévenir. Mais Giulia avait raison, j'avais moi aussi un pouvoir qui consistait à faire voler les objets par la pensée. Et parfois, quand j'étais parcourue par de fortes émotions, les objets autour de moi se mettaient à flotter dans l'air. Giulia et moi avions découvert nos aptitudes à peu près en même temps, et depuis nous nous entraînions ensemble. Peu de personnes étaient au courant de mon don, et seulement Enzo et moi savions pour le sien. Et ce n'était pas près de changer, si nous étions bien d'accord sur une chose, elle et moi, c'était qu'il fallait mieux garder certaines chose pour soi. Je me relevai pour ramasser les livres éparpillés sur les branches, les empilai dans un coin et Giulia se mit aussi à la tâche.

- Je suis désolée, lâcha-t-elle, voyant que je n'étais pas décidée à lui répondre. Je ne voulais pas te blesser, juste t'aider. Mais j'ai échoué, j'en suis consciente. Continua-t-elle en remarquant la moue désapprobatrice sur mon visage.

Je savais que Giulia s'excusait rarement, voir jamais, alors je décidai de passer à autre chose. De plus, elle avait raison, même si je ne lui aurais avoué en aucun cas, je devais arrêter de croire que ne pas parler de mon père allait annuler ce qu'il s'était passé.

- Ça te dirait qu'on s'entraîne un peu à faire voler ou brûler deux trois trucs ? Proposai-je pour dissiper le malaise entre nous et oublier mes idées noires quelques heures.

- T'aurais pas un mioche à entraîner, par hasard ? Me rappela Giulia.

Quelques mots en latin que Hestia aurait sûrement désapprouvé m'échappèrent.

- Je n'ai pas l'habitude d'avoir un apprenti. Me justifiai-je devant le regard amusé de la demie-déesse.

Je descendis à toute vitesse de mon perchoir et courus jusqu'au gymnase, en espérant secrètement que Enzo soit en retard aussi. Malheureusement, les dieux n'étaient pas avec moi aujourd'hui - s'ils l'avaient bien été un jour. Mon apprenti m'attendait devant la porte, évitant mon regard. Je pris une grande inspiration, Giulia s'était excusée, mon tour venait d'arriver.

- Je suis désolée.

Il releva la tête et s'apprêta à répliquer, mais je le coupai avant qu'il puisse commencer car je savais très bien ce qu'il allait dire.

- Et ne me dis pas que tu es désolé aussi, tu ne savais pas donc tu n'as rien à te reprocher. J'aurais dû t'en parler avant.

- Attends. Tu ne devrais pas être obligée d'en parler, m'interrompit-il à son tour. Si tu ne te sens pas prête, alors je ne poserais pas de questions. Je n'ai pas à savoir si tu n'en as pas envie.

- Non, je... Je repris mon souffle, et levai les yeux vers lui. Que veux tu savoir ?

L'internat du feu sacré : Le labyrinthe des disparusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant