Chapitre 12 : L'obscurité

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~ Ellie ~

- J'aurais pu m'en occuper toute seule ! Me transmit Giulia par la pensée.

- Je sais bien, mais je devais me venger pour Aron. Lui répondis-je de la même façon.

Je rangeai mon poignard dans son fourreau. Nous avions découvert le lien qui nous unissait, nous permettant de percevoir les émotions de l'autre et d'échanger par la pensée, l'année pendant laquelle nous étions devenues amies. Seuls Hestia et nos proches en avaient été informés, cela gardait l'effet de surprise quand nous avions besoin de l'utiliser. Notre directrice qualifiait cette connexion de lien d'empathie, elle s'était créé car Giulia et moi étions nées le même jour, exactement à la même heure.

- Où est Boucle d'or ?

Je m'étonnais de la sollicitude de la demie-déesse envers mon apprenti, quand elle ajouta :

- Que je puisse l'éliminer.

- Personne ne va éliminer personne, on est tous alliés, compris ?

Je savais qu'elle me défiait du regard, puis elle se résigna, sentant que je ne flancherais pas.

- Quant à Enzo, continuai-je, il a quelques problèmes avec l'obscurité.

- Comme nous tous, non ?

Par cela, Giulia voulait souligner le fait que tous les demi-dieux avaient peur du noir. Cette couleur se rapportant à Hadès, le dieu des morts. Le cerveau de chaque enfant à moitié divin était programmé pour se méfier des ombres où pouvait se cacher à tout moment le seigneur des Enfers.

- Je dirais que c'est légèrement plus prononcé chez lui.

Je minimisais la situation, Enzo s'était complètement paralysé à partir de l'instant où il avait pénétré dans le labyrinthe. J'avais dû le traîner à travers les couloirs et m'occuper seule de nos adversaires tout en le protégeant. J'avais pensé à l'éliminer pour qu'il puisse sortir, mais un mentor doit toujours s'occupe de son apprenti et de plus, tous les demi-dieux devaient apprendre à affronter leurs peurs. Tandis que nous suivions le trajet que j'avais mémorisé jusqu'au fils d'Apollon, nous échangeâmes nos déductions sur la partie en cours.

- Légèrement plus prononcé ? Il est mort de trouille tu veux dire. Me reprit Giulia par la pensée quand nous arrivâmes à l'endroit où j'avais laissé Enzo.

Je la fusillai du regard même si elle ne pouvait pas me voir. Puis lui demandai de m'aider à le relever.

- Qui est là ? S'affola le concerné, tournant la tête dans tous les sens pour essayer de distinguer quelque chose dans la pénombre.

- C'est nous, Boucle d'or. Répondit Giulia en passant un bras sous son épaule gauche alors que je m'occupais de la droite. À deux nous le remîmes sur ses pieds.

- Génial, encore toi. Et lâchez moi, je peux très bien tenir tout seul. Nous ordonna-t-il en nous repoussant.

Il chancela quelques secondes, le souffle bruyant. Quand il eut repris le contrôle de sa respiration, il s'exprima d'une voix claire.

- Vous voyez ? Je tiens parfaitement.

- Techniquement non, on ne voit pas. Mais on n'a entendu personne tomber donc on te croit. Déclarai-je.

- Personnellement, j'attends toujours le moment où tu vas tomber. Me contredit Giulia.

Elle poussa légèrement mon apprenti de sa main pour tester son équilibre. Mais cela surpris Enzo qui sursauta en criant. Giulia éclata de rire et je ne savais pas si je devais rire avec elle ou être désespérée par son manque de maturité. Enzo grogna en la menaçant de je ne sais quelle vengeance qu'il lui ferait subir quand nous sortirions. Je leur rappelai qui nous étions censés être le plus silencieux possible et ils se turent tous les deux. Nous poursuivîmes notre route sans bruits. Mais l'angoisse d'Enzo reprit le dessus, il s'arrêta et s'appuya contre le mur.

- C'est trop silencieux, je... Je n'aime pas. Haleta-t-il.

Je savais qu'il allait moins bien qu'il ne voulait l'admettre. Mais il ne voulait pas qu'on le croit faible, que la simple obscurité puisse le mette dans un si sale état.

- Donc quoi ? Tu veux qu'on te chante une berceuse peut être ? Se moqua Giulia.

- C'est pas une si mauvaise idée. Lui répondis-je silencieusement.

- Alors là hors de question ! S'écria-t-elle à voix haute.

- De quoi ? Se demanda Enzo qui n'avait pas pu entendre ma suggestion.

- Rien. Ellie a juste eu une très mauvaise idée.

- Mais elle n'a rien dit !

- On peut se parler par la pensée. Expliquai-je.

- Pardon ? S'exclama-t-il.

- On a un lien d'empathie par ce qu'on est nées exactement au même moment et qui nous permet de se parler par la pensée, de ressentir les émotions de l'autre et sa douleur. Rectifiai-je.

- Et qu'on peut préparer tous les plans que l'on veut pour te tuer sans que tu ne le saches jamais. Rajouta Giulia.

- Vous ne pourriez même pas m'attraper. Affirma mon apprenti, sûr de lui.

Ne pouvant pas le laisser se faire des idées, je lui fis un croche-pied et il s'étala par terre.

- Giulia ! Rugit-il en se relevant.

- Mais ! Pour une fois ce n'était pas moi ! Se défendit l'accusée.

- C'était moi. Intervins-je avant qu'ils ne déclenchent une guerre mondiale à eux deux.

- Ne te mesures pas à nous pour l'instant, ce serait une grosse erreur, je te l'assure. L'avertis-je.

Soudain deux prénoms résonnairent au dessus de nos têtes. Les derniers concourants qui ne faisaient pas partie de notre alliance venaient d'être battus. Nous avions gagné la première épreuve.

- On a réussi ! Murmura Giulia alors que les murs autours de nous disparaissaient.

La lumière se ralluma et les portes du gymnase s'ouvrirent. En regardant autour de moi, je vis que Simon, l'Alpha des Apollon rassemblait déjà ses frères et sœurs qui, comme lui, avaient tenu jusqu'à la fin. Giulia était la seule des P.D.I. à avoir réussi, trois autres enfants d'Athéna marchaient vers la sortie. Et tous arboraient un sourire victorieux.

L'internat du feu sacré : Le labyrinthe des disparusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant