Chapitre 35

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Maman a fini par retourner en Colombie.

J'avais réussi à la persuader que j'étais encore le type d'élève sérieuse et assidue qu'elle s'était imaginé, et elle a quitté la France, sans même s'être aperçue de la véritable identité des deux elfes.

Au moment où elle a claqué la porte avec ses bagages, j'ai laissé échapper un long soupire de satisfaction.

Satisfaction d'être enfin seule.

Sans elle et sans les deux énergumènes qui me servent de coéquipiers.

Il s'était passé bien trop de choses ces derniers jours, qui avaient été terriblement éprouvants. J'avais besoin de me reposer avant de repartir à Khaeterra comme je l'avais promis à Astan.

Je jette un coup d'œil à la lourde horloge du salon.

21h30.

N'ayant pas encore mangé, je me dirige vers la cuisine, attrapant un vieux paquet de pâtes, au fond du placard. Je saisis une casserole, je la remplie d'eau et la mets à bouillir.

Puis, mon attention se focalise sur le bout de bois qu'on avait trouvé avec les garçons, sur lequel le dessin étrange avait été dessiné. Je l'avais caché sous ma housse de couette: une technique que j'utilisais pour dissimuler des paquets de bonbons, quand j'étais petite. Technique qui n'a d'ailleurs jamais failli.

Ce soir était étrangement calme. Pour une fois, j'étais livrée à la solitude, aussi réparatrice qu'angoissante.

Un bruit de porte dans l'entrée me fait alors sursauter.

Je me fige.

Je n'attends personne, pourtant.

— Maman? Est-ce que c'est toi? Je lance, le cœur battant.

Pas de réponse.

Peut-être ai-je mal entendu?

Sûrement à cause de la fatigue, comme ce m'était arrivé le soir où je discutais avec Astan dans le salon...

Je décide néanmoins de me rendre dans l'entrée afin de vérifier que je suis bien seule.

L'estomac noué, je me dirige vers l'endroit exact où il me semble avoir entendu le bruit.

La maison est sombre, les lumières sont éteintes et le couloir que j'emprunte pour atteindre l'entrée n'est pas rassurant. Le parquet craque sous mes pas hésitants.

— Astan? Je lance, d'une voix tremblante.

Pas de réponse.

Je continue d'avancer prudemment vers la porte d'entrée, le cœur battant et le souffle presque haletant.

De légers tremblements prennent possession de mon corps. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis pas rassurée. Je sens une étrange présence, même si je ne la vois pas.

Mes mains devenant moites, je commence à réfléchir à un plan, essayant de garder mon calme et de ne pas céder à la panique.

Il faut que je fasse quelque chose, au moins en prévention.

Je sors alors mon téléphone de ma poche et compose le 17, la main tremblante.

La ligne sonne pendant quelques secondes qui me paraissent interminables, jusqu'à ce qu'une voix masculine se manifeste au bout du fil.

— Police secours, je vous écoute?

Je pose mon autre main sur le téléphone afin de camoufler le bruit qui en sort.

Les Peuples des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant