Chapitre 46

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— Ça ne se passe pas bien avec Astan? M'a demandé Riffin au cours de la soirée.

La nuit été déjà vastement tombée sur la terre des elfes. La soirée avait déjà bien commencé et j'appréciais ces moments passé avec lui. Mais, forcément, on allait bien finir par évoquer le comportement du demi-Drow.

— Je ne sais pas honnêtement. Il y a des moments où j'ai l'impression que nos relations se sont apaisées quand on discute plus profondément sur nous, mais parfois il est tellement désagréable que je me demande vraiment ce qu'il pense de moi pour me faire de telles réflexions.

— Tu veux que j'aille lui en parler? Me propose gentiment Riffin, les yeux remplis de compassion.

— Je ne pense pas qu'Astan apprécierait...Mais c'est gentil de demander.

— Ce n'est pas pour lui faire des reproches: c'est juste pour lui dire que ses paroles peuvent t'être douloureuses. Astan ne sait pas parfois le mal qu'il fait autour de lui, mais ce n'est pas un mauvais garçon. Il peut comprendre ce qu'on lui dit si on lui parle calmement.

— Ne t'inquiète pas pour moi, Riffin. Sincèrement, je lui souris.

— D'accord, je ne lui dirai rien alors, finit-t-il par répliquer, un sourire bienveillant aux lèvres.

— Et puis, il y a les réactions bizarres qu'il a eu quand il nous a vu parler. Je n'arrive pas à le cerner.

— Astan cherche juste à avoir de l'attention. Et quand il voit que la personne dont il a reçu l'ordre de s'occuper détourne la sienne sur quelqu'un d'autre, il perd un peu la tête. Il à toujours été comme ça: il a toujours été exclusif avec tout le monde. En te piquant, il sait que tu lui accorderas de l'attention, et il reprend alors le contrôle sur toi.

— Pourquoi il se comporte comme ça avec les gens? Je demande.

— Ça doit être lié à son passé. Il a beaucoup été délaissé quand il était petit, donc par toute forme d'attention même négative que manifeste quelqu'un à son égard, cela lui permet d'exister. Je ne dis pas que cette manière de fonctionner n'est pas nocive pour lui, bien au contraire, mais on a tous vécu des trucs traumatisants et on fait en sorte que ça n'arrive plus jamais en mettant en place inconsciemment des façons d'agir parfois un peu extrêmes et dénuées de sens. C'est pour ça aussi qu'il veut absolument le poste de Rod. Pour qu'on puisse voir en lui une personne d'autorité, un guide. Mais, il fera un très bon sous-chef, j'en suis certain. J'espère vraiment qu'il le sera parce qu'il le mérite. Il a travaillé dur pour prouver à tout le monde que ses origines ne font pas de lui quelqu'un de mauvais ou pire : d'incompétent.

— Il le sera?

— Lieutenant? Je pense, honnêtement. On sait tous qu'il n'y a personne d'autre qui aura l'étoffe d'occuper un poste aussi prestigieux.

Un silence s'en suit alors. Riffin est allongé l'air pensif sur son matelas. Ses boucles blondes tombent harmonieusement sur son visage angélique. Je n'avais jamais imaginé faire une pyjama party avec un elfe.

— Ça te plairait de vivre ici? Finit-il par demander.

Je fixe mon interlocuteur, surprise. Je ne m'étais jamais posée la question, en réalité.

— ...Enfin, quand tout sera terminé, tu aimerais vivre à Khaeterra? Poursuit-il.

— En fait je n'ai jamais vraiment imaginé vivre autre part qu'à Paris.

— Oui, je comprends. Tu es attachée à ton ancienne vie, c'est normal que tu ne veuilles pas faire une croix dessus.

— En réalité non. Je ne suis pas attachée à ma vie parisienne. Je la déteste d'ailleurs. Et c'est vrai que de déménager ici peut-être une opportunité à envisager, je réplique l'air pensif. Est-ce que j'ai le droit d'habiter ici, où des lois limitent justement ce genre de situation?

Les Peuples des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant