Chapitre 41

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« — Est-ce que je peux vous aider? » Avait lancé Elijah d'une voix glaciale.

Astan, blanc comme un linge, commence à cligner rapidement des yeux.

Pour une fois, il ne fait plus le malin. Et, il a bien raison, de toute façon.

— On est juste venu voir Elros, répond immédiatement le jeune homme, en prononçant le nom du guérisseur.

Elijah dévisage Astan d'un air suspicieux.

— Il n'est pas là, réplique-t-il de sa voix froide et déstabilisante.

— Ah...Lâche le demi-Drow.

— Peut être que je veux vous être utile? Renchérit-il, en levant un sourcil et posant les yeux sur moi.

Je sens alors comme un courant d'air me figer au moment même où son regard transperce le mien. Cette sensation est très particulière, voir désagréable. Je me sens toujours mal à l'aise quand le chef de l'armée me dévisage.

Elijah n'est pas naïf. Il a compris qu'on lui cache quelque chose, et plus on tarde à lui révéler ce que c'était, plus Astan s'enfonce dans un pétrin monumental. Je ne veux pas qu'Elijah lui fasse des reproches alors qu'il n'y est pour rien dans cette histoire. Je décide alors d'agir, quitte à prendre des risques.

— Je me suis fait agressée à Paris par un humain, il y a quelques jours, alors qu'Astan avait dû rentrer à Khaeterra sur tes ordres, pour travailler. La plaie s'est infectée et Astan m'a conseillée d'aller voir un médecin.

Astan me jette un coup d'œil légèrement assassin. Je sens dans son regard passer une onde d'inquiétude et de reproche d'avoir parler. Cependant, il garde la face devant son chef: buste droit, visage sérieux, regard assurant, même s'il tente de cacher parallèlement sa peur qui s'y loge.

Elijah était bien la seule personne qui avait le pouvoir de lui faire baisser les yeux. C'était aussi la seule personne devant laquelle il perdait instantanément son air supérieur et arrogant. Je le savais, Astan manifestait un profond respect pour son chef. Il lui était d'une loyauté sans faille et rien que l'idée qu'il puisse le décevoir le faisait trembler.

Mais ce n'était pas la faute d'Astan si je m'étais faite agressée. Elijah lui avait demandé de rentrer ce jour-là, et je m'étais fait agressée le soir même alors que j'étais pourtant en sécurité chez moi. Il n'avait pas à craindre la réaction de son chef, puisqu'il ne pouvait rien lui reprocher.

Elijah me dévisage du regard, comme s'il essayait de lire dans mes pensées, de les déchiffrer. C'en était presque angoissant, et son calme infaillible devant n'importe quelle situation me déstabilise davantage à chaque fois qu'il se tient devant moi.

— Je vais m'en charger, finit-il par répondre d'une voix sans une onde d'émotion.

Il me fait alors rentrer dans la petite hutte et au moment où Astan passe la porte, il lui bloque le passage en le toisant du regard.

— J'ai dit que j'allais, moi, m'en charger, répète-t-il sur un ton si sec que je me mets à trembler.

Astan ne répond pas. Il hoche la tête, m'accorde une dernier regard peu convaincu et finit par disparaître dans l'obscurité.

Honnêtement, j'aurais préféré qu'Astan reste avec moi. Il avait beau être insupportable, rester seule avec le chef de l'armée ne me mettait pas à l'aise. Rien que cette idée me plongeait dans une angoisse folle.

Elijah referme alors la porte, qui émet un léger claquement peu agréable.

— Où est la blessure? Me demande-t-il, froidement.

Les Peuples des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant