Chapitre 63

2.8K 416 100
                                    

Nous voilà assis et enchaînés au pied d'un long poteau de bois.

Le crépuscule a déjà pointé le bout de son nez et les lueurs des torches qui illuminent partiellement la place, apportent un côté solennel et presque effrayant à la scène. Certains Drows jouent de la musique, en possession d'instruments à l'apparence tribale, pendant que des femmes chantent et dansent autour d'un feu central.

Damar est un peu plus loin, entouré de quelques guerriers, visiblement absorbé par une profonde discussion.

— Qu'est-ce que c'est que ça? Je souffle, le cœur battant d'angoisse.

Astan ne répond pas. Il fixe Damar d'une grande insistance, d'un regard très particulier presque mauvais, rempli d'une onde immense d'amertume, comme si le reste n'avait plus aucune importance.

Seulement, j'étais tellement paniquée que j'avais besoin qu'il me rassure. J'avais besoin de l'entendre me parler, qu'il apaise mes craintes.

— Astan...

Le jeune homme finit par poser les yeux sur moi, un peu étourdi comme si je venais de le tirer de ses pensées.

— Qu'est-ce qu'on risque? Je murmure.

— Qu'ils nous torturent, qu'ils nous sacrifient, réplique-t-il d'une voix étrangement dénuée de toute émotion.

Je palis.

— Vraiment? Je réplique d'une petite voix toute tremblante.

— En réalité, je ne pense pas qu'ils le feront. Ils ont besoin de toi pour la mission et peuvent tirer une rançon conséquente pour moi. S'ils avaient dû nous tuer ils l'auraient déjà fait. Mais, après rien ne les empêche de s'amuser un peu avec nous.

Je continue de trembler, le ventre noué et la gorge serrée. L'angoisse est en train de prendre part de mon corps, et je crois que je suis en train de perdre le contrôle. La crise n'est pas loin.

Astan plaque sa jambe contre la mienne, à défaut de pouvoir poser sa main enchaînée sur mon épaule et plante un regard compatissant dans mes yeux brillants d'inquiétude.

— Ça va aller, Mia, ça va aller, répète-t-il doucement pour m'apaiser

Je hoche lentement la tête, récupérant peu à peu mes esprits. Ça me faisait du bien de l'entendre me le dire même si je savais qu'il n'était pas persuadé de ce qu'il avançait.

Soudain, un petit cri détourne notre attention.

— Astan!

C'est Tehei.

Il sautille vers nous et serre Astan de ses petits bras de Drow.

— Comment ça va Tehei? Lance gaiement le jeune guerrier tentant de faire abstraction de son angoisse qui ne parvenait pas si bien que ça à dissimuler.

— Je veux que tu me racontes une autre histoire!

Astan fronce les sourcils.

— Maintenant?

— Steuplait, steuplait! On est copain maintenant, non? S'exclame-t-il en fixant le demi-Drow de ses grands yeux pétillants.

— Ah, si tu veux, lâche Astan en souriant.

Le petit garçon attrape alors quelques mèches des longs cheveux noir d'Astan en tirant délicatement.

— Tu peux que je te fasse une natte? Lance-t-il gaiement, en sautillant comme une puce, en lui lançant un adorable regard espiègle.

Les Peuples des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant