Les Peuples des Ombres

Chapitre 67

Je finis par me réveiller au beau milieu de la nuit.

Je sursaute quand je remarque que je m'étais blottie contre Astan durant mon sommeil, sans m'en rendre compte.

Je m'écarte alors subitement de lui, excessivement gênée.

Pitié qu'il n'ai pas remarqué, pitié qu'il n'ai pas remarqué...

Je me penche à nouveau vers lui et examine attentivement sa respiration.

Elle est régulière.

Il dort. Profondément.

Il est plus mignon quand on ne l'entend pas, cet enfant.

Je laisse échapper un petit soupire de soulagement et me retourne de l'autre côté du lit, de sorte d'être dos à lui, le plus loin possible. Seulement, je ne parviens pas à m'endormir.

Au bout de longues minutes à attendre en vain la venue du sommeil, je préfère me lever, et aller prendre l'air quelques instants dehors. On étouffe dans cette maison. D'ailleurs ce n'est pas si étonnant puisqu'un feu de cheminée semble crépiter  dans le salon.

Je m'exécute alors, m'extirpe de mon lit et ouvre délicatement la porte, essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller Astan.

C'est alors que je croise Rod. Il est là, à l'extérieur, assis sur un banc posé contre la cabane, illuminé par l'éclat puissant de la pleine lune, plongé dans une profonde réflexion.

— On a du mal à trouver le sommeil? Me demande-t-il d'une voix douce, en se retournant vers moi quand il m'entend arriver.

Je m'assois à côté de lui et plonge mon regard dans l'obscurité.

— Toujours quand je ne dors pas chez moi.

Je remarque alors, à côté de Rod, la boîte de la mission...ouverte.

Le jeune homme s'aperçoit que mes yeux glissent vers cette dernière.

— J'espère que ça ne te dérange pas que j'ai avancé la mission cette nuit, déclare le guerrier.

— Non, pas du tout, je réplique.

Rod pose la boîte sur ses genoux, de sorte que je puisse avoir accès visuellement à son contenu.

Une fleure séchée est à l'intérieur. En mauvaise état, certes, mais étonnement, on parvient bien à en reconnaître quelques détails.

— Qu'est-ce que c'est? Je demande en me penchant vers l'objet.

— Une fleur qu'on trouve exclusivement au bord du lac situé entre les trois territoires, me répond-il.

— Est-ce que c'est là où on doit se rendre pour le prochain indice?

Rod hoche doucement la tête.

— Je pense. Et je pense aussi que le reste de la mission devra se passer sous l'eau.

Sous l'eau?

Je frissonne alors mais ne réponds pas.

Un long silence s'en suit, avant que Rod ne le brise.

— J'ai remarqué que tu avais tenu tes engagements envers moi. Apparemment tu n'as pas mis au courant Astan pour ce qu'il s'était passé à Paris, le soir où il est parti, murmure-t-il.

— J'espère juste que tout ça n'aurait pas servi à rien, je réplique doucement.

— Tu doutes?

Je hoche lentement la tête, sans répondre.

— Le contraire aurait été étonnant de toute façon, réplique-t-il, les yeux remplis de bienveillance.