Chapitre 80

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C'est la lumière désagréable des rayons du soleil s'infiltrant à travers l'encadrement de la porte, qui finit par me réveiller.

Je suis collée contre Astan, dos à lui, ses mains entourant ma taille pour me garder contre lui. Les muscles de son torse semblent se contracter contre moi à chaque respiration profonde qu'il fait.

C'est là que j'essaie de me remémorer la soirée d'hier: le retour, la discussion, la boîte, puis le bisou.

Le fameux bisou.

Est-ce que j'avais réellement bien fait de me laisser emporter?

Qu'est-ce que je voulais, en fait?

Une relation durable? De l'amitié? Rien?

Mon cœur le savait mais mon esprit me soufflait de fermer les yeux sur mes envies. Je ne savais pas combien de temps il me restait ici: est-ce que je prenais le risque de souffrir si je m'ouvrais à lui? Est-ce que lui était sincère dans sa démarche?

Je retire doucement les bras d'Astan de ma taille, en faisant bien attention de ne pas le réveiller, et me relève en position assise, prête à sortir du lit.

— Ça ne va pas?

Je sursaute alors.

Bien évidemment...

J'aurais dû parier qu'il serait déjà réveillé.

Je ramasse alors mon pull jeté par terre, l'enfile, et secoue la tête.

— Je ne sais pas.

— Tu regrettes qu'on se soit embrassé?

Sa voix est calme, douce et posée. La façon tendre avec laquelle il me regarde me fait presque de la peine. Sa question est directe, et il attend une réponse aussi directe que celle-ci.

Je me rallonge alors face à lui, plonge mon regard dans le sien, me laissant entourer à nouveau par ses bras musclés.

Je laisse échapper alors un long soupire, posant délicatement mes mains sur le torse du jeune guerrier.

— Ce n'est pas ça.

Un sourire amusé se dessine alors sur son visage, l'illuminant avec intensité.

— Tu préfères quand je t'embête plutôt que quand je t'embrasse? S'exclame-t-il, en commençant à me chatouiller les hanches, en lâchant un petit rire et un regard taquin.

Je secoue la tête, écarte ses mains chatouilleuses, en essayant de sourire autant que lui. Pourtant, je ne peux cacher mes tourments.

Ses yeux se remplissent alors d'une onde de tristesse qui me serre le cœur, quand il s'aperçoit que je parviens pas à rire.

— J'ai peur, Astan. J'ai peur de souffrir, je finis par murmurer, le regard troublé.

Le visage du demi-Drow perd alors son éclat. Son sourire tombe et ses traits se crispent.

— Tu as peur que ce soit moi qui te fasses souffrir? Demande-t-il, d'une voix tendre,

Je hausse alors doucement les épaules, détournant mon regard du sien.

— J'ai peur, pour des raisons différentes, que je ne puisse plus jamais être aussi heureuse que j'ai été hier soir.

— Pourtant, je suis sûr qu'on a encore plein de belle choses à découvrir, s'efforce de sourire Astan.

— Arrête, Astan. On sait très bien, toi comme moi, que je serai forcée de quitter la Cité, prochainement. On sera séparé un jour ou l'autre, quoi qu'il arrive. Tu es un elfe, je n'en suis pas une. A partir de là, c'est compliqué.

Les Peuples des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant