Les Peuples des Ombres

Chapitre 84

J'entends la porte se déverrouiller à nouveau.

C'est Elijah.

Il est revenu.

Je ne sais pas combien de temps a séparé ses deux visites: je n'en ai plus aucune notion, et je suis toujours aussi mal en point. Ma fièvre n'a pas baissé et s'est même accentuée. Je convulse sans arrêt, toujours plongée dans cet état second et vaseux qui ne fait que de m'appeler au sommeil.

Elijah se dirige rapidement vers moi, et détache les sangles. Il glisse sa main sous mon dos pour m'aider à me relever, et passe sa main sur mon front pour se faire une idée de l'état désastreux de ma santé.

— Qu'est-ce que tu fais? Je murmure les yeux à moitié fermés.

Ma tête recommence à tourner et mes vertiges reprennent.

— Est-ce que tu peux te lever? Me demande alors Elijah, sans me répondre.

J'impulse alors faiblement sur mes bras pour me tenir debout mais je suis trop fragile. Je perds alors l'équilibre, et l'elfe me rattrape avant que je m'effondre.

Une larme coule alors sur ma joue. Je suis incapable de marcher, comme si on m'avait ôté ce droit. Je commence alors à avoir très peur.

— Qu'est-ce qu'il m'ont fait...Je lâche faiblement, en laissant tomber ma tête dans mes mains.

Elijah me relève alors par les bras et m'appuie sur lui.

— Écoute-moi attentivement, Mia. Je vais te sortir de là. Je connais un endroit par lequel tu pourras t'échapper d'ici. Ce n'est pas très loin mais faut que tu puises sur les forces qu'il te reste si tu veux t'en sortir.

— Dis-moi ce qu'il se passe, je réplique lentement, tout bas en essayant de rouvrir les yeux et de maintenir mes paupières ouvertes le plus longtemps possible.

— Ils prévoient de te tuer dans les prochaines heures. Voilà la vérité. Tu en sais bien trop.

Je me fige. Une montée d'angoisse accentue alors mes convulsions.

— Sors-moi de là...Je réussis juste à articuler, me sentant à nouveau partir.

L'elfe me secoue alors doucement pour me tirer de mon état vaseux, et m'appuie sur lui pour m'aider à marcher.

Un brin de colère s'élève alors en moi. Me voir aussi impuissance et fragile me met intérieurement hors de moi.

J'ai envie de me battre. J'ai envie de croire que je peux m'en sortir.

Une montée d'adrénaline soudaine contrebalance alors l'effet assommant de la drogue, me permettant pendant quelques secondes de me maintenir assez éveillée afin de marcher presque normalement.

Elijah me maintient toujours sur son épaule. Il ouvre doucement la porte de la cellule, la referment discrètement derrière nous. Il me fait alors signe de ne pas parler, et on se lance alors dans une évasion effrénée.

L'espoir renaissait.

Je n'étais peut-être pas condamnée.

Peut-être qu'Elijah me sauverait. Du moins c'était ce que j'avais envie de croire.

On rase alors les couloirs, faisant bien en sorte de croiser personne. Mon cœur s'emballe, ma respiration s'accentue, et l'angoisse qu'on se fasse prendre me brûle l'estomac. Elijah est sûrement dans le même état intense de stress que moi. Il me fait alors descendre par un escalier en pierre, nous menant sûrement dans les sous-sols du bâtiment, une porte en fer se dresse alors devant nous.