Les Peuples des Ombres

Chapitre 1

Le son assourdissant de la boîte de nuit résonnait assez désagréablement dans mes petites oreilles.

Et ce n'était pas une façon de parler.

Je n'avais jamais éprouvé de complexe pour mes oreilles étrangement fines et pointues, mais c'est vrai qu'elles avaient toujours plus ou moins suscité le rire et la surprise chez mes congénères.

Que dire sur moi...

Je suis une jeune étudiante vivant et travaillant à Paris. Rien de plus normal.

Ce soir-là, l'université avait privatisé une boîte de nuit assez prisée de la ville afin organiser un bal pour fêter l'arrivée de l'automne.

Je n'étais pas vraiment férue de ce genre d'endroit, ni de ce genre de soirée, mais je m'y étais rendue tout de même de bon cœur, en pensant que tout se déroulerait normalement.

Et, pourtant...

Je passais la soirée avec Melissa, une amie de la fac, que j'avais rencontré il y a quelques semaine, mais bizarrement j'étais ailleurs. Je n'arrivais pas à me laisser happer par l'ambiance électrique du lieu. On s'était alors posées, elle et moi sur un des canapés situés sur le côté de la salle, afin de souffler un peu après plusieurs heures de danse.

Soudain, en pleine conversation, le visage de mon amie se fige, comme si quelque chose avait retenu son attention.

Elle fait virevolter ses yeux au dessus de mon épaule, avant de les replanter dans les miens, comme si elle venait de découvrir quelque chose de curieux.

— Un garçon te regarde, Mia, finit-elle par me lancer, la voix basse et les yeux brillants.

Je tourne légèrement ma tête pour vérifier la véracité de ses propos, et je frissonne quand mon regard croise celui d'un jeune homme étrange.

Son visage est marqué par des traits durs, même s'il semble encore très jeune, malgré son apparence d'homme. Il a de très longs cheveux noirs qu'il avait attachés en queue de cheval haute et un anneau à son oreille droite reflétait avec puissance la lumière du spot qui se situait juste au dessus de lui. Il semble tout droit sorti d'un livre de Tolkien. Ses vêtements gris et métalliques n'étaient pas communs, et se caractérisaient dans l'ensemble par une présence de matière argentée assez importante.

Il me regarde d'un air plutôt dérangeant.

Je frissonne.

Je détourne alors les yeux du jeune homme, pas très rassurée, pour les reposer sur le visage de mon amie.

— Il est canon, réplique Melissa, les yeux rêveurs, en se recoiffant et en adoptant immédiatement une posture mettant en valeur sa cambrure.

Je hausse les épaules.

Elle a pourtant raison. Il sa beauté est réelle mais presque inquiétante, presque inhumaine, malgré son visage fermé et menaçant.

— Il n'est pas de notre promo, j'en suis persuadée, je renchéris, méfiante.

— Alors, comment il est rentré ici? Relève Mélissa, en haussant les épaules.

Je ne réponds pas, parce que je n'en ai pas la réponse.

Tout à coup, je me sens très mal, comme si une force extérieure venait de m'assommer brutalement. Ma tête se met à tourner et mon pouls s'emballe alors anormalement.

Je comprends rapidement que sa présence me dérange, sans pouvoir expliquer pourquoi. Et, c'est particulièrement ça qui est étrange.

— Je pense que je vais rentrer chez moi, je ne suis pas très bien, je lâche.