Chapitre 70

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La Cité des Elfes n'avait pas vraiment changé en notre absence.

Du moins, pas en apparence.

Même si j'étais soulagée de revenir dans un environnement qui commençait à m'être familier, je n'étais plus réellement à l'aise après ce que Rod nous avait raconté sur les Hauts-Elfes.

C'était comme si on était dorénavant sorti d'un rêve idyllique et qu'on avait pris conscience de la réalité.

Une réalité dure à accepter.

Alors qu'on franchit les portes de la Cité, on tombe nez à nez face à Riffin.

Mon cœur se soulève. Je suis heureuse de le revoir mais une partie de moi inexpliquée ne peut se sentir un peu gênée en sa présence.

Je jette un coup d'œil rapide à Astan et je comprends rien qu'aux traits marqués de son visage qu'il éprouve de la haine envers son ami.

Il lui en veut d'avoir occuper le poste qu'il avait convoité pendant des semaines, alors qu'il aurait pu le refuser.

Le silence commence à se faire long.

— Salut... Commence-t-il.

Astan ne répond pas. Il fixe son interlocuteur d'un regard noir, visiblement encore fermé à toute discussion avec le jeune homme.

— Salut, Riffin, je réponds, ayant un peu pitié du jeune lieutenant.

— Vous étiez où? Demande-t-il, une pointe d'inquiétude dans la voix, mentionnant notre mystérieuse absence depuis plusieurs jours.

— C'est ton nouveau rôle de lieutenant de nous épier, maintenant? Crache-t-il, d'un air agressif.

Je secoue la tête, profondément peinée de la discorde entre ces deux personnes que j'appréciais beaucoup.

— Astan...Je souffle.

— Allez-viens, Mia, on se tire, réplique-t-il d'une voix plus calme.

Je suis alors partagée. Partagée entre ma compassion pour Riffin que je n'ai pas envie de laisser seul, et celle pour Astan avec qui nos relations se sont beaucoup apaisées depuis ces derniers jours.

— On était rentré à Paris. Astan avait besoin de se changer les idées après tout ce qui s'est passé dernièrement..., je réplique doucement, en essayant de peser au mieux mes mots.

Riffin hoche la tête, le regard presque triste et cherche désespérément son ami du regard, qui tourne pourtant à ce moment-là les talons, pour s'éloigner de lui.

Après une grande hésitation, je décide de suivre Astan, commençant déjà à culpabiliser pour Riffin,

— Je suis désolée, je murmure, le regard triste, juste avant de trottiner vers le demi-Drow, déjà loin.

**

Astan ouvre la porte de chez lui, aère la pièce et pose ses affaires, le visage encore fermé.

— Tu veux manger? Finit-il par me lancer.

Seulement, je ne réponds pas.

Je suis assise sur le canapé, l'esprit pollué par la scène du lac qui se répète en boucle et en boucle dans ma tête.

Tout ce sang...ces cris...Et puis, cette flèche...

Cette flèche qui transperce la cage thoracique de l'elfe produisant quelques secondes après sa mort...

Je suis totalement paralysée, presque en état de choc, parce que je réalise enfin ce qu'il s'est passé, ce que j'ai fait.

Astan comprend instantanément aux traits de mon visage, que je vais mal. Il s'assoit à côté de moi et m'adresse un regard inquiet.

Les Peuples des OmbresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant