La colère et la panique sont parmi les émotions les plus puissantes. Elles m'envahissent souvent, comme maintenant. Je suis furieuse d'avoir l'attention de tout le monde sur moi et en même temps, terrifiée par ce qui pourrait se produire. Cette pauvre fille va souffrir dramatiquement à cause de ce que je suis sur le point de déclencher, et je n'ai aucune idée de comment l'arrêter. Je le sais. Ce n'est qu'une question de temps.Comment puis-je l'aider ? Je suis ici depuis à peine dix minutes et je peine encore à maîtriser ce foutu don. Est-ce seulement possible d'éviter la catastrophe imminente, le second drame que je pourrais provoquer ? Peut-être, mais comment ?
Je suis au bord de l'explosion. La sensation de picotement dans mes doigts est si intense que j'ai l'impression que l'énergie va jaillir de mes mains, et non du ciel, comme si un éclair allait frappe.
Le contrôle de mes jambes me revient, et l'adrénaline pulse dans mes veines. Courir me paraît instinctif, et sans réfléchir, je fais un placage à la fille. La foudre s'abat exactement à l'endroit où elle se trouvait une fraction de seconde plus tôt. Heureusement que j'ai fait du rugby au collège ; j'aurais pu lui faire mal si je ne l'avais pas protégée un minimum.
Elle me regarde, les yeux écarquillés. Je me redresse et m'éloigne d'elle tout en scrutant les environs. Tous les regards sont rivés sur moi ou sur le sol, qui présente une fissure nette.
— Viens avec moi. Ordonne Madame Widney.
Va-t-elle me punir ? Que va-t-elle me dire ? Veut-elle que je reparte ?
Je la suis en silence, l'attention se tournant bientôt ailleurs. Cette fois-ci, je ne suis pas aussi épuisée que la dernière fois ; je ne me suis pas évanouie.
Nous passons devant plusieurs plantes, formant une sorte de jardin. En les observant, je ne remarque pas immédiatement que nous arrivons devant le château. Waouh. Il est presque aussi impressionnant que le château de Neuschwanstein en Allemagne.
Nous franchissons une gigantesque porte. Le hall d'entrée est absolument somptueux et gigantesque. Les murs sont couverts de fresques remarquables. La plus marquante représente un homme à gauche, faisant face à une armée de créatures surnaturelles dont les leaders, un homme et une femme se tenant par la main, sont en première ligne.
Mon regard est attiré par des élèves assis sur des marches. Un grand escalier relie ces marches à un autre, les deux se rejoignant au sommet. D'autres élèves se tiennent debout au milieu ou dans les coins, lançant des regards furtifs avant de retourner à leurs occupations. C'est étrange, ils ne semblent pas aussi intrigués que ceux dehors. Je fixe la directrice, dont l'expression sévère me fait craindre le pire. Je sens que je vais ramasser...
— Nous sommes dans le hall d'entrée. Les élèves peuvent venir ici pour se réchauffer. À ta gauche se trouve une salle de pause. À droite de cette porte, il y a une salle destinée à ceux qui souhaitent se battre ou s'entraîner. Les affrontements sont interdits en dehors ou en cours.
Je suppose que des règlements de comptes ont lieu fréquemment dans cette salle pour éviter les débordements en dehors du château. Un adulte doit toujours y être présent pour intervenir en cas d'urgence.
— S'en prendre à un camarade avec ses pouvoirs est strictement interdit. Nous discuterons de ce qui s'est passé plus tard. Ici, dit-elle en désignant la porte à notre droite, se trouve une salle de conférences pour les annonces collectives. Dans deux heures, rends-toi ici, j'ai une déclaration à faire.
Elle poursuit son chemin et monte les escaliers. Je la suis bêtement jusqu'au sommet. Un vaste couloir se divise en deux.
— Cet étage est dédié aux cours. À droite se trouvent les salles de classe où les élèves apprennent à utiliser leurs capacités surnaturelles. À gauche, il y a les cours magistraux ordinaires. Chaque race surnaturelle a son propre cours. Pour te familiariser avec eux, tu pourras assister aux cours de chaque espèce. Tu seras dans la classe des sorciers comme je te l'ai mentionné. Il existe un cours réservé aux plus puissants de chaque espèce, formant une classe d'élite. Vu ce que tu as montré tout à l'heure, nous te ferons passer un test pour déterminer si tu peux intégrer cette classe. Sache que cette classe dite « élite » n'a rien de plus que les autres, sauf que les exercices sont adaptés à leur niveau.
— Comment pourrais-je être puissante ? Je n'ai aucune expérience.
— Peu naissent avec des pouvoirs très puissants ; beaucoup les développent au fil du temps, mais d'autres possèdent des pouvoirs moins forts. Il semble que tu fasses partie de la première catégorie.
— Alors, Mademoiselle Vomito, on tente d'intimider les autres dans une démonstration de force ? Intervient une voix, la même que tout à l'heure.
— Fais attention que la foudre ne te tombe pas sur la tête. Je le menace faussement.
Ses yeux deviennent rouges, et un sourire dévoile ses canines. Est-ce un loup-garou ? Un vampire ? Ou autre chose ?
— Tu n'as pas le droit d'utiliser tes capacités magiques.
Je lève les yeux au ciel, affichant un sourire discret.
— Que signifie le rouge de tes yeux ? Je demande en espérant qu'il me dira si c'est parce que mon sang lui fait envie ou non.
— Cela peut signifier différentes choses, principalement que mon loup prend le contrôle ou veut affirmer sa présence. Les autres raisons ne te concernent pas. Dit-il en s'éloignant.
Ainsi, c'est un loup-garou. Je me tourne vers la directrice qui n'est plus là. Je la vois en train de discuter avec un adulte plutôt imposant. Je détourne le regard pour ne pas paraître une espionne. En m'approchant de la rambarde, je regarde en bas.
Le seul élève qui m'a adressé la parole est avec un autre garçon. Leur conversation semble animée. Le premier lève les yeux vers moi, et le deuxième en fait de même, puis articule une phrase que je comprends en lisant sur ses lèvres : « C'est elle ? » Je fronce les sourcils. A-t-il déjà vu des nouveaux ici en cours d'année ? Son interlocuteur répond « Oui », puis ajoute « Elle est mignonne ». Mes pommettes chauffent. Le gars qui parlait tout à l'heure fronce les sourcils « Ne dis pas ça ». « Tu crois qu'elle nous entend ? » Je détourne rapidement le regard, mais c'est plus fort que moi et je les observe à nouveau.
Je croise les bras et les fixe. Ils parlent de moi comme si je ne pouvais pas comprendre ce qu'ils disent. Le gars qui m'a appelée Vomito ouvre la bouche : « Comment, elle nous regarde sérieusement ? On dirait presque qu'elle nous juge. »
Le gars à sa gauche, celui qui m'a appelée Vomito à deux reprises, porte une barbe rasée, des lèvres fines et rosées, un nez en trompette, des yeux marron clair, et des cheveux bouclés marron. Sa carrure est imposante de loin, et je préfère ne pas imaginer de près.
Le garçon à ses côtés lui ressemble avec ses yeux marron et ses cheveux ébène, et il possède un sourire lumineux. Il semble s'adresser à moi : « Tu nous entends ? »
— Thémis.
Je sursaute et me tourne vers la directrice sans avoir le temps de répondre.
— Allons-y.
Nous montons les escaliers et arrivons devant un couloir divisé en trois cette fois-ci.
— Le couloir de droite est le dortoir des filles, celui de gauche est celui des professeurs, et celui du milieu est le dortoir des garçons. L'étage au-dessus comporte la bibliothèque et d'autres salles. Le quatrième étage est interdit aux élèves. Sous aucun prétexte, tu ne dois t'y rendre.
Que cache ce quatrième étage pour être aussi strictement interdit ?
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Académie Ollphéist
ParanormalneUn jour comme un autre, la jeune Artémis se retrouve dotée d'un pouvoir extraordinaire. Lors de la première utilisation de ce don, elle libère une telle puissance que celle-ci est ressentie jusque dans l'autre monde. Quelques jours après, sa vie com...