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Nous nous tournons d'un seul mouvement vers Madame Fridm-Ayana, qui ferme doucement la porte derrière elle.

   Mon arme de prédilection ? Je pensais que ce n'était que dans les films ou les livres fantastique.

— Pendant un cours avec Adamski, tu avais choisi l'arc. Se souviens Alix. Tu avais du mal à maîtriser ta foudre.

— Et tu as de nouveau opté pour cette arme. Dit la directrice avec un soupir de soulagement. Ton instinct t'a guidée, comme toujours. Tu es restée fidèle à toi-même, il n'y a aucun doute là-dessus.

   Le bois de l'arc est lisse et impeccable, vibrant d'une énergie électrique que je sens parcourir mes veines.

— Tu as appris à tirer à l'arc quand tu étais enfant. Aucun arc ordinaire ne pouvait contenir ta foudre ; ton père en a forgé un avec sa propre énergie pour que tu puisses maîtriser la tienne.

— Je le ressens. Ma magie semble être attirée par cet arc.

— Pourquoi l'avoir laissé ici ? Demande Aiden, perplexe. Ça n'a aucun sens.

   Personne ne semble pouvoir lui donner une réponse. Qu'est-ce que je pouvais bien avoir en tête ? Pourquoi avoir seulement un arc dans ce coffre ? Il n'y a même pas de flèches. Je me concentre à nouveau sur le coffre. Pourquoi un arc sans flèches ?

— Bien, il semble que tu t'es juste laissée un arc. Se moque Alix gentiment.

   Dans les films, il y a souvent un compartiment secret. Pourquoi pas ici ? Je palpe le fond du coffre et découvre une petite ficelle que je tire doucement. Le fond du coffre se déloge, révélant un collier et une petite boîte. Je les prends pour les examiner.

— C'est le collier que ta mère t'a offert avant de mourir. Tu peux ouvrir la boîte avec une goutte de ton sang. Une seule goutte suffira.

   Mon sang ? Je demande à Diego de me planter une de ses griffes dans le doigt. Il le fait à contrecœur. Une ou deux gouttes tombent dans la boîte, qui s'ouvre en projetant un hologramme de moi-même. Je pose la boîte au sol et l'hologramme commence à parler. Diego, sans que je ne m'en aperçoive, attrape mon doigt et le met dans sa bouche.

— Mon moi de je ne sais combien d'années. Je suppose que tout cela doit te sembler étrange, ou alors tu te souviens de tout. Ce qui m'étonnerait, sinon je ne serais pas ici à te parler. Partons du principe que tu ne sais rien. Quoi qu'il en soit, il est important de ne faire confiance à personne, sauf à notre père et notre frère. Je ne sais même pas si Ayana est réellement de notre côté ; le temps nous le dira. Soit elle nous livrera à Hadès, soit elle respectera la promesse de sa famille envers la nôtre.

   Visiblement, elle a respecté la promesse.

— J'imagine qu'elle est à tes côtés si tu te préoccupes de tout cela et qu'elle ne nous a pas trahis. Soupire mon hologramme. La situation est chaotique ici. Hadès a assassiné notre mère, et maintenant père et frère sont devenus complètement fous, obsédés par la tâche de me protéger tout en me gardant éloignée de notre oncle, tout en cherchant à venger notre mère. J'avoue avoir envisagé d'abandonner cette mascarade, de me rendre à Hadès ou même de mettre fin à mes jours.

   La main de Diego se resserre autour de la mienne, et son air tendu me met mal à l'aise. Tout le groupe me regarde, après cette révélation.

— Le problème est que nous sommes immortels. Seul un autre dieu peut nous tuer. Soupire. Si père savait que je parle de cette manière, avec familiarité et en phase avec le siècle, il me priverait de Sandro. Mon Dieu, il me manque tant. Tu ne sais pas qui c'est, n'est-ce pas ? Sandro est... disons, une distraction quand Apollon n'est pas là.

   La main de Diego veut briser la mienne ou c'est un comment ?

— Je ne sais pas pourquoi tu regardes mon hologramme, mais j'espère que ce n'est pas parce qu'Hadès nous a retrouvées. Soupire. Demande à Ayana de te rendre tes souvenirs si elle est vraiment de notre côté. Cela te permettra de te défendre avec toutes les connaissances que je possède actuellement !

— Artémis, il est temps ! Intervient Apollon, dont l'hologramme apparait. Vous concevez un message.

Oui. Un message pour moi du futur ?

— Je vous protégerais, où que vous soyez, ma sœur.

— Mais non, lui rétorque-t-elle en lui tapant sur le crâne, je sais déjà cela.

— Artémis, je n'oublierai pas ce que vous m'avez fait tout à l'heure. Dit-il avec sérieux.

— Vous croyez vraiment que mon moi futur, qui en plus est amnésique, c'est de quoi il s'agit ?

— Vous m'avez réveillé avec un seau d'eau glacée et avez lancé de la farine sur moi.

   Mon moi du passé se marre en se remémorant ce souvenir. Une larme glisse le long de ma joue. Je suis vraiment heureuse de savoir que nous étions proches.

— Allons, cessons de bavasser. Père nous attend avec les autres pour vous envoyer sur Terre.

— J'arrive.

   Apollon disparaît.

— J'espère que la Terre est telle que je l'imagine. Dit-elle rêveuse. Je n'aurais jamais cru y aller à cause de cet bélître d'oncle.

   Elle disparaît, et tout devient paisible. Personne n'ose parler, jusqu'à ce qu'Alix brise le silence :

— Bon, ce n'est pas que je n'ai pas confiance en Ayana, mais si Thémis doute de sa loyauté, nous devrions en faire autant.

— Tu es consciente qu'elle est juste là ? Demande Aiden en désignant la concerner, qui semble indifférente et attrape ma main libre.

— Artémis, je voudrais te rendre tes souvenirs. Je pourrais le faire, mais seulement avec l'aide des sorcières qui m'ont aidé à te les effacer dans ton subconscient. Sans elles, tu retrouveras ta mémoire petit à petit, par éclats. Malheureusement, ton frère m'a contactée un mois après notre arrivée sur Terre pour m'informer que les sorcières qui m'avaient aidée, ainsi que celles loyales à vous, avaient été tuées par Hadès et les sentinelles.

— Et les sentinelles, pourquoi ont-elles changé de camp ? Je demande.

— Tu représentais un pilier majeur. Lors de ta disparition, elles ont commencé à douter de ta mort. Hadès a profité de cette opportunité pour prendre le contrôle de leurs âmes. Personne n'a pu intervenir, même pas ton père.

   Punaise, mais qui suis-je vraiment ? Je ne me connais même pas. Les deux seules personnes qui pourraient m'éclairer sur moi-même ne sont pas là.

≈≈≈

Académie OllphéistOù les histoires vivent. Découvrez maintenant